Rechercher
Rechercher

Lifestyle - This is America

Des fous du volant d’un autre genre

Quand les belles voitures, plus que des objets de collection et de convoitise ou des engins de course, deviennent une véritable source d’inspiration.

Des couleurs, des époques et des modèles revisités par les habitués de Red Door Meet. Photos tirées du compte Instagram Red Door Meet Portland

Tous les dimanches, à Portland, dans l’Oregon, on ne rate jamais la grand-messe automobile baptisée Red Door Meet. Les aficionados sont là, non pas pour faire de la vitesse ou pour découvrir les modèles les plus récents, mais pour parader au volant de voitures qu’ils ont eux-mêmes transformées et personnalisées selon leur goût. Ce hobby relève de la « Kustom Kultur », un néologisme né dans les années 50 désignant l’art de « customiser », d’adapter un objet, en l’espèce des voitures, et de le détourner de ses fonctions. Une culture qui se perpétue jusqu’à présent.

Le mot d’ordre n’a pas changé : l’essentiel n’est pas de posséder un véhicule flambant neuf, mais une machine affichant la créativité et l’imaginaire de son acquéreur. Il ne s’agit donc pas de nostalgie des voitures de collection mais plus d’une passion de la réinvention. Un exercice d’une grande richesse comme en témoigne la page Facebook de ce rendez-vous, Red Door Meet, que l’on feuillette comme un livre d’images. À noter que Red Door est une expression américaine signifiant « bienvenue », de même qu’elle signifie, dans le jargon du Feng Shui, l’art millénaire de l’harmonisation d’un lieu.

Donc, bienvenue chez ces fous du volant remodelé. Un groupe de personnes fort sympathiques dont les innovations n’ont pas de limites : des jeeps en mode camouflage aux vieilles Volkswagen colorées comme des œufs de Pâques, en passant par une Nissan dans des tons violets et autres détournements, même de luxueuses voitures de modèles récents... Tout est possible, tout est permis et tout est question de goût, souvent très personnel...


Plaqué or ou bois de myrtille gravé

Ainsi, tous les dimanches à Portland, c’est le rendez-vous des quatre roues dans tous leurs états et sans complexes ! Arrêt sur quelques-unes de ces créations les plus débridées. Ici, une Impala 1963 de couleur pourpre a été recouverte de chrome et plaquée or, la faisant paraître comme tout droit sortie de l’écurie du palais de Versailles. Un style flamboyant popularisé par les Sud-Américains vivant à Los Angeles. Là, une Ford Roadster, rehaussée de bois de myrtillier gravé est l’œuvre d’un jeune autiste.

La culture des voitures customisées remonte à la période de la Grande dépression quand la jeune classe ouvrière commençait à participer à des courses automobiles sur les salines californiennes. Ces adolescents achetaient alors de vieilles voitures bon marché, les débarrassaient de leurs éléments lourds et pesants, jugés encombrants (pare-chocs, amortisseurs et même freins avant), et opéraient moult permutations. L’enthousiasme pour ces « Hot Rods », (véhicules modifiés), s’était répandu durant la Seconde Guerre mondiale quand les recrus de Californie les décrivaient aux soldats des autres États. Plus tard, cette génération de « Roadsters », ayant pris de l’âge, a transféré son talent sur la carrosserie. Armés d’équipements de soudage, les adeptes ont notamment découpé les nouveaux modèles de Chevys et Mercury pour leur donner une autre allure. Rapetissant le toit, rabaissant le corps de la voiture, annulant également des éléments extérieurs (chromes, emblèmes et manches des portières), ils ont ainsi obtenu des modèles de leur cru aux lignes pures et simplifiées. Certains ont même choisi de laisser les entrailles du véhicule apparentes quand d’autres ont coupé les ailerons pour les réinstaller sur des autos en étant dépourvues afin de leur donner des airs d’avions...


La Kustom Kulture tient la route

« Ces voitures sculptées sont destinées à figurer dans des expositions et non à participer à des courses », aiment à rappeler les fans. Cette tendance remonte aux années 50, lorsqu’une mode anticonformiste baptisée Kustom Kulture est née, permettant d’améliorer la puissance des véhicules, de réduire leur poids ou d’augmenter leur aérodynamisme. De plus, quand les parents achetaient de sobres véhicules, leurs rejetons les enduisaient de couleurs acidulées, métalliques et flamboyantes, en leur donnant, en plus, des noms provocants tels Beatnik Bandit, Fantom Ford ou encore Hirohata Merc. Les amateurs de la Kustom Kulture arborent souvent le look des Skinheads des années 60 ou des fans de rock qui les ont suivis. Tenue de rigueur : la veste en cuir et les cheveux gominés, en banane ou pas. Une image presque indélébile, car certains participants au Red Door Meet se plaisent aujourd’hui à la rééditer en arrivant fièrement à bord de leurs voitures portant leur propre signature. Autre signe que cet amour des voitures presque faites main est voué à tenir la route : on voit de plus en plus ces chauffeurs du dimanche pas du tout comme les autres accompagnés de leurs très jeunes enfants installés dans de menus engins construits à leur mesure. Certains ont transformé les poussettes en bolides, persuadés, sans doute, que petit moteur deviendra grand !


Dans la même rubrique

Junk-food, le goût de l’instantané

La « Pelouse » est plus verte au National Building Museum

« Post-a-Nut », une noix de coco, comme une lettre à la poste...

Le curry rouge, vert et jaune, symbole de l’art et de la fraternité

Direction « Sesame Street », un show, et à présent une rue

« Dali est mort, mais pas tout à fait »

La prison dorée d’Al Capone

La mode « gender bending », au-delà du temps et des genres

Tous les dimanches, à Portland, dans l’Oregon, on ne rate jamais la grand-messe automobile baptisée Red Door Meet. Les aficionados sont là, non pas pour faire de la vitesse ou pour découvrir les modèles les plus récents, mais pour parader au volant de voitures qu’ils ont eux-mêmes transformées et personnalisées selon leur goût. Ce hobby relève de la « Kustom Kultur »,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut