Le Premier ministre libanais Saad Hariri a laissé entendre jeudi au palais présidentiel de Baabda qu'une solution était proche dans l'affaire des affrontements de Qabr Chmoun qui s'est transformée en crise politique paralysant le gouvernement depuis le 30 juin dernier, date de ces accrochages.
"La réunion était positive. Les solutions sont presque au point. Je suis plus optimiste que jamais. Nous devons attendre un peu, et vous entendrez la bonne nouvelle, si Dieu le veut", a déclaré M. Hariri à l'issue de cet entretien au palais présidentiel avec le président Michel Aoun et le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, qui effectue une médiation politique dans cette affaire.
Selon notre correspondante à Baabda, Hoda Chedid, la solution envisagée passe par la tenue d'un Conseil des ministres vendredi, conformément à l'ordre du jour de la séance qui devait avoir lieu le 2 juillet dernier. Les incidents armés de la Montagne ne seraient évoqués qu'après l'examen des points à l'ordre du jour, si le temps le permet, sans que la discussion sur le sujet ne pose pas problème et sans un vote sur la saisine de la Cour de la justice. Le patron de la SG doit effectuer des contacts dans les heures qui viennent avec les différentes parties prenantes.
Dans la soirée, le leader druze Walid Joumblatt a écrit sur Twitter que le chef de l'Etat "et ceux qui sont derrière lui veulent se venger" alors que le Parti socialiste progressiste accuse les proches du président Aoun d'avoir "monté de toutes pièces un dossier politique" autour des affrontements, ajoutant que "la question n'est plus celle de la tenue ou non du Conseil des ministres".
De son côté, Talal Arslane a affirmé "rejeter en bloc toute initiative ne comprenant pas une clarification de la tentative d'assassinat du ministre Gharib". "Il est devenu clair qu'il y a ceux qui ne veulent pas de procès, sous quelle forme que ce soit, et cherchent à aggraver les tensions sur les plans intérieur et extérieur afin de sortir du blocus politique qu'ils se sont eux-mêmes imposés", a écrit M. Arslane sur Twitter, en référence au chef du PSP.
Le 30 juin, des échanges de tirs ont eu lieu entre partisans du leader druze Walid Joumblatt et de son rival, le chef du Parti démocratique libre, M. Arslane (allié au Hezbollah) au moment du passage du convoi du ministre d’État pour les Affaires des réfugiés, Saleh Gharib (membre du PDL). Au même moment, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil effectuait une visite dans le caza de Aley, où il avait notamment tenu des propos controversés sur la guerre druzo-chrétienne de la Montagne dans les années 80. Deux partisans du parti de M. Arslane ont été tués lors de ces affrontements. Le gouvernement de Saad Hariri ne s'est plus réuni depuis ces affrontements, le Premier ministre craignant les divisions au sein du cabinet. La semaine dernière, les Forces de sécurité intérieure avaient terminé leur enquête et remis leur rapport au chef de l’État, au président de la Chambre et au Premier ministre. Cette enquête écartait la piste d'un piège tendu pour assassiner le ministre Saleh Gharib par des partisans joumblattistes, comme cela est prétendu par M. Arslane et ses alliés.
Dans une réaction notable à cette affaire, l'ambassade des États-Unis au Liban avait appelé mercredi à un règlement dans le cadre judiciaire, à l'écart de "toute ingérence politique". Dans la soirée, le Hezbollah a critiqué cet appel, estimant qu'il s'agit d'une "ingérence flagrante et grossière dans les affaires intérieures libanaises", et d'"une intervention inadmissible sur la forme et le fond dans le conflit politique local (..), qui complexifie la crise.
(Lire aussi : L’impasse de Qabr Chmoun met toutes les parties au pied du mur, le décryptage de Scarlett Haddad)
Hariri aux Etats-Unis
Saad Hariri, qui se trouvait depuis la fin de la semaine dernière à l'étranger dans le cadre d'un déplacement familial alors que son cabinet ne s'est plus réuni depuis un mois, était rentré jeudi soir à Beyrouth et prévoit de se rendre à Washington en fin de semaine, selon le quotidien al-Joumhouriya.
Selon des sources diplomatiques informées qui se sont confiées au journal, la visite prévue de M. Hariri aux États-Unis est "importante". Le chef du gouvernement doit s'entretenir durant son séjour avec plusieurs responsables américains, toujours selon le quotidien. Des sources de la Maison du Centre, la résidence de M. Hariri, ont confié à al-Joumhouriya que "des arrangements spéciaux sont actuellement mis en place pour ce déplacement", mais elles ont refusé de donner plus d'informations sur les entretiens prévus. Selon le journal, "cela laisse entendre que cette visite a été préparée à la va-vite".
Citant les mêmes sources, le journal affirme que Saad Hariri "est extrêmement mécontent de la situation, restant durant les derniers jours en contact avec les responsables, notamment le président du Parlement Nabih Berry". "Le Premier ministre a cherché et cherche toujours à réunir le gouvernement dans une atmosphère sereine (...)", ajoute le quotidien.
(Lire aussi: Du palais de Justice à Qabr Chmoun, le Léviathan syro-iranien toujours à l’œuvre)
Le juge Bassil suspend l'examen du dossier
Jeudi, le juge d'instruction militaire Marcel Bassil, en charge du dossier de Qabr Chmoun, a décidé de suspendre l'examen de ce dossier, en attendant le jugement de la Cour d'appel civile qui doit statuer sur un recours contre sa personne. Ce recours a été présenté par l'avocat de quatre partisans du PSP arrêtés suite aux incidents de la Montagne. Le parti de M. Joumblatt avait accusé le ministre de la Justice, Albert Serhane, ainsi que le président du Conseil supérieur de la magistrature, Jean Fahd, d'avoir fait pression pour que le juge Bassil se saisisse de l'affaire, au lieu que ce ne soit le substitut du commissaire du gouvernement le plus haut placé, en l’occurrence le juge Fadi Akiki.
Mercredi, le président de la République, Michel Aoun, a de nouveau pris la défense du chef de la diplomatie, son gendre Gebran Bassil. Le président du Parlement Nabih Berry a quant à lui affirmé avoir mis en veilleuse sa médiation dans ce dossier.
Lors d’une conférence de presse tenue mardi, le ministre de l'Industrie et membre du Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, Waël Bou Faour, a accusé le camp du Courant patriotique libre, fondé par le président Aoun et dirigé par Gebran Bassil, d'avoir "monté de toutes pièces un dossier politique" contre M. Joumblatt. Le ministre a également appelé le chef de l’État à mettre fin à cette cabale. Le CPL avait alors répondu au PSP en l'accusant de "déformer la réalité". La formation aouniste avait également affirmé se fier à la justice".
Lire aussi
Les évêques maronites appellent à dépolitiser l’affaire de Qabr Chmoun
commentaires (7)
IL EST TRES REGRETTABLE QUE LE GAZ METHANE ECHAPPE GENDRISSIMALEMENT ET QUI FUT LA CAUSE DE CET ACCROCHAGE PLUS REGRETTABLE AIT TROUVE APPROBATION BEAUPERIENNE. ESPERONS QUE LA LOGIQUE PREVAUT.
LA LIBRE EXPRESSION
18 h 51, le 08 août 2019