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Liban - crise

Qabr Chmoun : Arslane douche les espoirs de compromis

Moustapha Allouche exclut la tenue d’un Conseil des ministres cette semaine.


Le bloc du Futur réuni hier à la Maison du Centre. Photo ANI

Tout prêtait à croire que le fait de confier le dossier des affrontements de Qabr Chmoun du 30 juin dernier au tribunal militaire serait à même de résoudre la crise politique survenue à la suite des heurts et paver la voie à la tenue d’une séance du Conseil des ministres. Mais il semble qu’il n’en soit rien, le chef du Parti démocratique libanais, Talal Arslane, campant sur sa position et insistant pour que la Cour de justice, un tribunal d’exception dont les jugements sont sans appel, soit saisie du dossier.

Les affrontements avaient coûté la vie à deux partisans du ministre d’État pour les Affaires des réfugiés, Saleh Gharib, lors d’échanges de tirs entre des membres du Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt et d’autres du PDL, dont relève M. Gharib.Hier, Talal Arslane a opté pour une escalade verbale, douchant par la même occasion les espoirs d’un dénouement rapide de l’affaire de Qabr Chmoun. « Une enquête menée par la justice ne saurait déterminer si une affaire devrait être déférée ou non devant la Cour de justice. Selon les lois en vigueur, cela relève du pouvoir discrétionnaire du Conseil des ministres, qui devrait évaluer la gravité du crime et la menace qu’il aurait constituée pour la sécurité et la stabilité », a écrit M. Arslane sur Twitter, avant d’ajouter : « Veut-on pousser les druzes vers le jeu de la vendetta et noyer la Montagne dans une discorde sanglante ? » Réitérant sa confiance dans le président de la République, Michel Aoun, le chef du PDL a appelé « tout le monde à faire preuve de sagesse et mettre les choses sur les rails en Conseil des ministres ». « Toute manœuvre en dehors du cadre de cette solution aura des conséquences fâcheuses aussi bien en Conseil des ministres qu’en dehors du gouvernement », a averti M. Arslane. Plus tard dans la journée, le leader du PDL a reçu à son domicile à Khaldé le chef du parti Tawhid, Wi’am Wahhab. Dans un communiqué publié à l’issue de l’entretien, les deux hommes ont à nouveau plaidé pour que la Cour de justice soit saisie de l’affaire.


(Lire aussi : Qabr Chmoun : la suite de l’enquête a été confiée au tribunal militaire)



À l’heure où des efforts sont déployés afin de permettre au gouvernement de reprendre enfin ses réunions, dans les milieux du PDL, on souligne à L’Orient-Le Jour la détermination de Talal Arslane à poursuivre l’escalade. Mais on s’empresse, toutefois, de préciser que M. Arslane est favorable à un éventuel recours au tribunal militaire s’il ne s’agit que d’une étape avant de passer à la Cour de justice. Une position à même de retarder davantage la tenue du Conseil des ministres paralysé depuis trois semaines. Mais à Khaldé, on tient à préciser que le PDL ne cherche aucunement à bloquer l’action du cabinet. Il veut tout simplement « recouvrer les droits » des deux victimes des incidents de Qabr Chmoun, Rami Salmane et Samer Abi Farraj.

Contrairement à Talal Arslane, les joumblattistes semblent prudents à l’égard du recours au tribunal militaire. Lors d’une conférence de presse tenue hier, le ministre de l’Industrie, Waël Bou Faour, a déclaré : « Ceux qui pensent pouvoir exploiter le tribunal militaire pour faire un raccourci vers la Cour de justice se trompent. » « Il revient au Conseil des ministres d’en décider. Et il n’y aura pas de décision dans ce sens par le gouvernement », a encore lancé M. Bou Faour.


(Lire aussi : Une semaine décisive pour le gouvernementle décryptage de Scarlett Haddad)



Le Futur

Quoi qu’il en soit, le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, poursuit ses efforts en quête d’une issue à même de permettre à Talal Arslane de sauver la face et de paver la voie à la tenue d’une séance ministérielle. Il a ainsi rencontré hier le chef de l’État à Baabda. Une source bien informée contactée par L’OLJ croit savoir que le général Ibrahim a exposé devant le président Aoun les résultats de son initiative lancée le 2 juillet pour tenter de calmer les esprits.

En attendant la fin de ces contacts, une chose semble sûre : la possibilité de la tenue d’une séance gouvernementale cette semaine est exclue, comme le confie Moustapha Allouche, membre du directoire du courant du Futur, à L’OLJ. « L’escalade verbale de Talal Arslane est injustifiée. Mais le Premier ministre continue d’œuvrer pour éviter le risque d’implosion du cabinet », a-t-il souligné. M. Allouche avait fait hier une déclaration à la presse dans laquelle il avait confié « ne pas exclure la possibilité de voir le Premier ministre, Saad Hariri, bouder pendant une certaine période (en s’abstenant de convoquer le Conseil des ministres), voire même démissionner ». Dans une déclaration à L’OLJ, M. Allouche explique que si les efforts en cours n’enregistrent aucune percée, M. Hariri sera devant un de ces deux choix.

Le bloc parlementaire du Futur s’est, quant à lui, invité dans la partie pour prendre naturellement fait et cause pour Saad Hariri. Dans un communiqué publié à l’issue de la réunion hebdomadaire du bloc tenue à la Maison du Centre sous la présidence de Bahia Hariri, les haririens ont insisté sur « l’importance de trouver les issues judiciaires adéquates à l’incident de Qabr Chmoun », et « de répondre favorablement aux initiatives sur lesquelles ont convergé MM. Aoun, Berry et Hariri, et que M. Ibrahim œuvre pour concrétiser à travers ses contacts avec les parties concernées ».

Le bloc a déploré « certaines prises de position qui dépassent les limites de la logique et de l’accalmie pour adresser de faux messages politiques ». Une allusion à peine voilée au tweet de Talal Arslane. Mettant en garde contre « une escalade politique continue », le bloc a souligné que « le délai pour trouver des solutions ne saurait être prolongé ». Selon le texte, « le sens des responsabilités nationales et constitutionnelles exige une initiative de la part de la présidence du Conseil afin de redynamiser le gouvernement ».


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commentaires (7)

Une surenchère destructrice.... Doit on rappeler à tout ce monde que leur sagesse doit consister au respect mutuel, loin de l'esprit de vengeance, ils doivent tous œuvrer pour le bien du Liban mais aussi de leur communauté. Le sage disait : Mes frères! Attention! Attention! Attention! de tomber dans l’imperfection et l'erreur qui consiste à s'autodétruire .....

Sarkis Serge Tateossian

18 h 20, le 26 juillet 2019

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Commentaires (7)

  • Une surenchère destructrice.... Doit on rappeler à tout ce monde que leur sagesse doit consister au respect mutuel, loin de l'esprit de vengeance, ils doivent tous œuvrer pour le bien du Liban mais aussi de leur communauté. Le sage disait : Mes frères! Attention! Attention! Attention! de tomber dans l’imperfection et l'erreur qui consiste à s'autodétruire .....

    Sarkis Serge Tateossian

    18 h 20, le 26 juillet 2019

  • Pour en finir avec cette histoire à épisodes, il faut démettre le ministre qui fut à l'origine de la visite "présidentielle" à Qabr Chmoun. Le Chouf n'est pas la savane africaine pour les nouveaux riches. Le Chouf est une région, comme toutes les régions libanaises, où toutes les sensibilités politico-religieuses cohabitent en toute tranquillité. Il faut la préservé.

    Un Libanais

    20 h 03, le 24 juillet 2019

  • Déplorable Monsieur Arslane... En 2019, et vous parlez de vendetta et de représailles sanglantes. Vous êtes malheureusement encore et encore d'un temps passé... Et cela sans pour autant justifier aucunement ce qui s'est passé. Hélas, Liban 2019 = Liban féodal du temps des Ottomans.

    Christian Samman

    15 h 38, le 24 juillet 2019

  • Si l'Emir Majid Arslane et Kamal Joumblatt étaient encore de ce monde, toute cette histoire n'aurait pas eu lieu. L'Emir Majid et Kamal Bayk étaient des hommes d'Etat, mais aujourd'hui il n'a plus d'Etat pour les grands hommes.

    Un Libanais

    14 h 12, le 24 juillet 2019

  • je ne blamerais pas arslane seulement. en verite le CPL & HEZBOLLAH le sont tout autant que lui... NON PARDONNEZ MOI, ILS LE SONT PLUS QUE LUI .

    Gaby SIOUFI

    12 h 03, le 24 juillet 2019

  • QU,EST-IL CE PAYS OU UNE SEULE PERSONNE VEUT IMPOSER SON POINT DE VUE SUR TOUS LES AUTRES S,APPUYANT SUR SES MAITRES ? UN ETAT ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 48, le 24 juillet 2019

  • Tout le monde devrait faire preuve de sagesse dans cette affaire, vous en tout premier, Monsieur Talal Arslane. Mais, pour le moment c'est vous qui "...poussez les Druzes vers le jeu de la vendetta et risquez de noyer la Montagne dans une discorde sanglante..." !!! Vous voulez être un représentant respecté et admiré de la communauté druze ainsi que des autres citoyens de ce pays ? Oeuvrez pour la paix et le calme, tout en laissant la justice faire son travail. Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 32, le 24 juillet 2019

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