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Liban - Qabr Chmoun

L’ouverture de Joumblatt sur Aoun et Arslane : une initiative mort-née ?

Le PDL campe sur sa position : pas de rencontre avec le chef du PSP avant la saisine de la Cour de justice.

Michel Aoun et Walid Joumblatt à Baabda. Photo d’archives/Dalati et Nohra

C’est un geste d’ouverture que le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a consenti, lundi dernier, au président de la République, Michel Aoun, mais aussi et surtout à son principal rival sur la scène druze, le chef du Parti démocratique libanais (PDL), Talal Arslane. Mais cette intiative semble mort-née, se heurtant au veto du PDL.

Dans le cadre de sa médiation menée depuis le 3 juillet pour résoudre la crise politique survenue à la suite des incidents de Qabr Chmoun (caza de Aley) du 30 juin dernier, le président de la Chambre, Nabih Berry, avait reçu lundi à Aïn el-Tiné le leader de Moukhtara.

S’exprimant à l’issue de la rencontre, Walid Joumblatt s’était dit « ouvert » à toute solution à même de résoudre la crise survenue à la suite des incidents de la Montagne, « en concertation avec Nabih Berry et le Premier ministre, Saad Hariri, et conformément aux orientations du chef de l’État, Michel Aoun ».

Allant encore plus loin, le leader de Moukhtara s’est même dit prêt à « gérer (son) conflit » avec Talal Arslane sous la houlette du chef de l’État « si les conditions propices à une telle rencontre sont assurées ».

Il va sans dire que cette prise de position de M. Joumblatt est à même de calmer les esprits à la suite des tensions politiques suscitées par les affrontements de Qabr Chmoun. Pour rappel, ceux-ci avaient coûté la vie à deux partisans du ministre d’État pour les Affaires des réfugiés, Saleh Gharib, un proche de M. Arslane, lors d’échanges de tirs entre des partisans du PSP et d’autres du PDL.

Le clin d’œil joumblattiste en direction de Baabda et Khaldé intervient aussi à l’heure où le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, poursuit sa médiation.

Sauf que les milieux de Talal Arslane douchent les espoirs en excluant la possibilité d’une rencontre avec Walid Joumblatt… à une condition près. Selon ces milieux, ce dossier devrait impérativement être déféré devant la Cour de justice, dans la mesure où il s’agit selon eux d’une tentative d’assassinat perpétrée contre le ministre Gharib. C’est ce point de vue que présente à L’Orient-Le Jour un proche de Talal Arslane. Notant que des dossiers beaucoup moins graves que celui de Qabr Chmoun ont été déférés devant la cour en question, un tribunal d’exception dont les jugements sont sans appel, il a souligné que Abbas Ibrahim poursuit sa médiation principalement axée sur la remise à la justice de toutes les personnes impliquées dans les derniers incidents de la Montagne. « Nous avons remis tous nos partisans. Le PSP devrait faire de même », affirme-t-il.

Prié de commenter les propos de Walid Joumblatt, le responsable proche de Talal Arslane ne mâche pas ses mots. « Nous ne pouvons aucunement agir en fonction d’une simple déclaration à la presse », a-t-il tonné.


(Lire aussi : Cour de justice : toujours pas de compromis en vue)



En face, les joumblattistes expliquent leur initiative comme une ouverture à toute issue à même de régler la crise actuelle. Contacté par L’OLJ, Bilal Abdallah, député joumblattiste du Chouf, souligne que sa formation s’est depuis le début montrée favorable à toute démarche visant à tourner la page des derniers affrontements. « Mais nous nous conformons à la feuille de route établie par Abbas Ibrahim, et bénéficiant de l’approbation de Michel Aoun, Nabih Berry et Saad Hariri », insiste-t-il, avant d’expliquer que le processus auquel il fait allusion stipule que les personnes soupçonnées d’avoir pris part aux affrontements du 30 juin dernier soient remises à la justice afin qu’une enquête soit menée. « Puis il appartiendra au Conseil des ministres de décider de la prochaine étape. Et nous nous conformerons à la décision du gouvernement », déclare M. Abdallah, avant de faire valoir que son parti a déjà remis des partisans recherchés par le pouvoir judiciaire, contrairement au PDL. « Il vaut mieux respecter cette feuille de route et attendre la fin des enquêtes en cours avant de penser à la prochaine étape », ajoute le député du Chouf. Une façon d’exclure une rencontre entre les leaders de Moukhtara et de Khaldé, du moins prochainement.


(Lire aussi : Un début d’apaisement, mais pas de Conseil des ministres en vue)



La prudence de Baabda

À son tour, Baabda semble préférer se montrer prudent à ce sujet, même si la présidence est directement concernée par l’ouverture de Moukhtara. À L’OLJ, une source proche du palais présidentiel confie que la rencontre entre MM. Joumblatt et Arslane sous la houlette du chef de l’État devrait être le résultat de la médiation menée par le directeur de la SG.

Selon le proche de Baabda, l’initiative d’Ibrahim stipule qu’à la suite de la remise de tous ceux qui sont impliqués dans l’affaire de Qabr Chmoun, une enquête devrait être menée avant de déférer l’affaire devant la Cour de justice. « Mais à ce stade, il faudrait attendre que le PSP et le PDL remettent à la justice leurs partisans concernés », nuance-t-il.


(Lire aussi : Ainsi font, font, fanfaronsle billet de Gaby NASR)



À la question de savoir pourquoi le Conseil des ministres est toujours paralysé, le proche du chef de l’État répond en renvoyant la balle dans le camp de Saad Hariri, estimant que ce dernier voudrait une solution politique qui garderait son cabinet à l’abri de tout risque d’implosion.

Notons enfin que des informations ont circulé hier dans les médias selon lesquelles des échauffourées ont opposé des gardes du corps de Talal Arslane à des « Arabes de Khaldé » (tribus bédouines), faisant un blessé. Le PDL a publié un communiqué dans lequel il a précisé qu’il s’agissait d’une dispute individuelle qui ne concerne aucunement le parti.


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