C’est fou comment chaque épisode de crise sécuritaire ramène dans sa besace son bouquet de fanfaronnades typiques de la ménagerie locale. Car au-delà du drame des victimes et des dégâts dans les biens, ce sont ces hâbleries qui marquent les pauvres d’esprit et qui font de la bêtise un éternel recommencement.
Deux semaines de perdues déjà à torcher les boulettes que le Basileus sème à tout vent en arpentant en long, en large et de travers le territoire libanais. Déjà qu’auparavant, il ne faisait pas un pas entre sa chambre à coucher et sa salle à manger sans pondre une déclaration à fragmentation. Et l’on ne parle pas de la rafale des tweets vengeurs en position assise calmée… Se trouverait-il seulement quelqu’un pour lui expliquer que la posture du chef politique des années 60, tirant la gueule et apostrophant ses partisans comme s’il s’agissait de domestiques tout en secouant l’index, porte aujourd’hui davantage à rire qu’à frissonner ?
Il faut cependant rendre justice au Gendre de la République, qui n’a pas inventé tout seul la poudre de perlimpinpin. Pendant des dizaines d’années, les Libanais ont eu largement le loisir de déguster à tour de rôle les bombages de torse et numéros d’héroïsme frétillants de chacun des roitelets exotiques qui ont présidé aux destinées de la bananeraie locale… avant de tourner casaque, s’effilocher et disparaître dans les vapes éthérées de la mémoire. Chaque margoulin amenait ses partisans dans les fourgons des différents occupants conjoncturels qui se sont succédé au fond du cloaque national. D’abord avec Nasser, puis avec les Palestiniens ; ensuite avec les Syriens, les Israéliens, puis retour aux Syriens. Et à chaque fois, on avait droit à un chef énervé faisant sa crise, le doigt en l’air et donnant des leçons à la valetaille prosternée, frémissant de chair de volaille.
Aujourd’hui, nous sommes à fond la caisse dans le roulage de pelle aux Saoudiens et aux Iraniens. Demain, qui sait, nous viendra probablement un agité du cabestan qui nous chantera les louanges des Angolais ou des Afghans. Il tressera des lauriers à ses nouveaux maîtres et nous expliquera en hurlant et avec force moulinets de ses appendices antérieurs qu’il est venu nous libérer d’on ne sait trop quoi. Si on le suit, il nous miroitera le paradis dans 150 ans, sinon ce sera l’enfer pour tout de suite. Puis comme tous ses prédécesseurs, il retournera sa veste et ses fanfaronnades se termineront en capilotade dans le genre : « Je suis venu, j’ai vu, j’ai reculu… »
D’où le concept vaseux de l’indépendance et de la souveraineté. Surtout quand la dignité atteint des profondeurs abyssales.
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (7)
Le Basileus Bysantin ? J'espère que non , nous voulons pas la fin de Bysance.
Eleni Caridopoulou
17 h 31, le 08 août 2019