Le chef du Parti démocrate libanais, Talal Arslane, a appelé samedi le Premier ministre Saad Hariri à "assumer ses responsabilités" en convoquant un Conseil des ministres pour soumettre au vote la saisine de la Cour de justice, que M. Arslane réclame au sujet des incidents de la Montagne il y a trois semaines, alors que les médiations sécuritaires et politiques se poursuivent pour apaiser les tensions.
"Il est inacceptable que certains jouent aux malins, et le sang des gens n'est pas une marchandise. Un, deux ou trois ministres ont failli être tués sur un ordre politique. Les coupables ont reçu des récompenses financières, et un ministre est directement accusé dans ce qui s'est passé", a écrit M. Arslane sur Twitter.
Le 30 juin, alors que des partisans du chef du Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt s'opposaient à la visite dans certains villages du caza de Aley du chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, des échanges de tirs ont eu lieu à Qabr Chmoun entre les membres du convoi du ministre d’État pour les Affaires des réfugiés, Saleh Gharib, allié de M. Bassil et membre de la formation de Talal Arslane, et des partisans joumblattistes. Deux personnes se trouvant dans le convoi de M. Gharib ont été tuées au cours de l'échange de tirs. Depuis, Talal Arslane, qui parle d'"embuscade" et de "tentative d'assassinat" du ministre Gharib, exige que les auteurs des violences soient déférés devant la Cour de justice, une instance d'exception. Ce que Walid Joumblatt et ses alliés refusent catégoriquement. Le gouvernement du Premier ministre Saad Hariri ne s'est plus réuni depuis le 30 juin en raison de ces divergences.
Aoun contacte Ibrahim
"J'appelle le chef du gouvernement à assumer ses responsabilités en tant que Premier ministre du Liban, ou alors il sera accusé d'avoir contribué à assurer une couverture à ce qui s'est passé. Celui qui est soucieux du sang de son père doit également protéger celui des innocents et de ses ministres, s'il respecte sa fonction de Premier ministre, non seulement sur le plan de la forme, mais aussi sur le fond", a ajouté le leader du PDL. "Réunissons le Conseil des ministres et votons au sujet de la saisine par la Cour de justice du dossier de l'assassinat, par respect pour le sang des martyrs et pour le gouvernement", a-t-il déclaré M. Arslane.
"Nous surmonterons les obstacles dans le calme et avec détermination", a déclaré de son côté le chef du PSP lors d'une cérémonie à l'école Orfan, à Sawfar, dans le Chouf.
Dans le cadre des médiations entreprises pour apaiser les tensions politiques en vue de la convocation d'un Conseil des ministres, le président Michel Aoun s'est entretenu dans la journée avec le directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, selon la chaîne locale LBCI.
Par ailleurs, le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a dénoncé dans la journée l'"interférence de certains hommes politiques" qui paralysent l'action du gouvernement, dans la foulée des incidents de Qabr Chmoun.
Lire aussi
Qabr Chmoun : le Hezbollah entre en jeu
Qabr Chmoun : le président de la Chambre œuvre à un compromis politique
L’ouverture de Joumblatt sur Aoun et Arslane : une initiative mort-née ?
Feux de camps, l'éditorial de Issa GORAIEB
Cour de justice : toujours pas de compromis en vue
Un début d’apaisement, mais pas de Conseil des ministres en vue
Ainsi font, font, fanfarons, le billet de Gaby NASR
Deux lectures contradictoires de l’incident de Qabr Chmoun, le décryptage de Scarlett Haddad
commentaires (4)
Il y a 50 ans, le 21 juillet 1969, Neil Armstrong et Buzz Aldrin ont marché sur la Lune. Après 50 ans, en 2019, un candidat à la "présidentielle" vient provoquer une région à majorité hostile, résultats des morts et des blessés. C'est la brousse libanaise.
Un Libanais
15 h 23, le 21 juillet 2019