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À La Une - Liban

Le Parlement adopte l'imposition des retraites, les anciens militaires ne décolèrent pas

"Ceux qui veulent envahir le Parlement ne sont pas encore nés", lance Berry aux militaires à la retraite.

Echauffourées entre militaires libanaisà la retraite et forces de l'ordre, lors d'une manifestation tendue dans le centre-ville de Beyrouth, le 19 juillet 2019 en marge d'une séance de vote du budget de 2019. Photo REUTERS/Maria Semerdjian

Le Parlement libanais a adopté vendredi soir, à l'issue de quatre jours de débats, le budget de l’État pour l'exercice 2019, dans une ambiance tendue, avalisant, entre autres, l'article 23 qui porte sur l'impôt sur le revenu et sur les retraites. Cette mesure provoque la colère des anciens militaires qui rejettent les coupures touchant leurs indemnités et pensions de retraite. Mobilisés depuis plusieurs jours dans la rue, ils ont ainsi décidé de présenter un recours en invalidation (de l'article 23) devant le Conseil constitutionnel.

L'article 23 du projet de budget de 2019, tel qu'approuvé par la commission parlementaire des Finances et du Budget, prévoit un impôt sur les salaires mensuels, mais également sur les pensions de retraite, en fonction du montant annuel des salaires. Il concerne tous les fonctionnaires et retraités de la fonction publique, dont les anciens militaires.

La Chambre a également adopté une ponction mensuelle de 1,5% sur les pensions de retraite des militaires, qui servira à financer leur couverture maladie. Cette ponction, initialement fixée à 3%, avait été finalement revue à la baisse par la commission parlementaire des Finances et du Budget afin de calmer la tension.



(Lire aussi : Lois de règlement : le Parlement contourne encore la Constitution)



Bou Saab se veut rassurant
"Il est regrettable de voir les militaires à la retraite dans la rue pour défendre leurs droits", a affirmé le ministre de la Défense, Elias Bou Saab, lors d'un point de presse en marge de la réunion du Parlement. "Certains d'entre eux disent qu'ils comptent présenter un recours en invalidation (de l'article 23) devant le Conseil constitutionnel, et nous les encourageons à le faire, car cela est leur droit", a souligné M. Bou Saab.

En effet, peu après l'adoption de l'article 23 les militaires à la retraite ont publié un communiqué dans lequel ils affirment "poursuivre la contestation à travers un recours en invalidation devant le Conseil Constitutionnel".

Tentant de rassurer les manifestants, M. Bou Saab a reçu le général à la retraite Georges Nader pour l'informer des développements durant la séance parlementaire. "Il n'y a eu aucun marché (durant l'entretien avec Georges Nader). Nos positions sont claires", a déclaré par la suite le ministre de la Défense. "Cet impôt n'affectera les militaires qu'à hauteur de 3.000 livres (par mois) et cet impôt s'applique à tous les fonctionnaires. Les militaires du rang ne seront pas touchés par cette mesure. Seuls les officiers à partir du grade de colonel seront concernés", a-t-il ajouté.

Le député Samy Gemayel, chef du parti Kataëb, a exprimé sa solidarité avec les militaires à la retraite. "Nous saluons le combat des ex-militaires qui se trouvent à l'extérieur du Parlement. Nous regrettons le résultat du vote sachant que cette loi porte atteinte à leurs droits et leurs acquis sacrés. Nous nous sommes opposés à cela et avons voté contre cet article", a fait savoir le leader maronite sur Twitter.



(Lire aussi : Déraisons d’État, l'édito de Issa GORAIEB)



La réplique de Berry
Dès 15h, alors que les députés arrivaient au siège de la Chambre pour le début de la séance, des dizaines de militaires à la retraite s'étaient rassemblés dans le centre-ville de Beyrouth afin d'exprimer leur colère contre les responsables qu'ils accusent de leur faire payer le prix de la politique d'austérité que le gouvernement veut mettre en place.

Un important dispositif sécuritaire composé de soldats et de policiers anti-émeutes a été déployé dans toutes les rues qui mènent vers le Parlement. Des barbelés et des barrières métalliques ont également été installés. A plusieurs reprises, les protestataires ont tenté de forcer ces barrages, avec succès dans certains cas, au prix de quelques échauffourées. Mais les forces de sécurité n'ont pas cédé aux manifestants, maintenant un cordon sécuritaire au niveau des entrées de la place de l'Etoile, où se trouve le siège de la Chambre. Plusieurs cas d'évanouissement ont été signalés parmi les manifestants, avant que le calme précaire ne revienne, sachant que les meneurs du mouvement refusent toute confrontation entre les manifestants et les soldats déployés.

L'armée a de son côté appelé dans un communiqué les manifestants à "respecter la loi et à coopérer avec les forces de l'ordre qui mettent en place des mesures de sécurité dans le périmètre du Parlement".



(Lire aussi : Au Parlement, Samy Gemayel se lâche sur le « budget des fantômes »)



"Personne n'envahit le Parlement"
En fin d'après-midi, la députée Paula Yacoubian, issue de la société civile, est sortie du Parlement pour aller à la rencontre des manifestants et tâter le terrain. Une fois de retour, elle a informé le président Berry que des rumeurs "font état d'une tentative d'envahir le Parlement".
"Personne n'envahit le Parlement. Ceux qui veulent envahir la Chambre ne sont pas encore nés", lui a alors répondu le chef du Législatif. "J'ai contacté la direction de l'armée aujourd'hui et elle m'a informé qu'elle allait prendre les mesures nécessaires", a ajouté le président Berry, sans plus de détails.

Peu avant l'adoption de l'article 23, l'ex-général Georges Nader avait tenté de rassurer les protestataires. "Nous avons obtenu des assurances de la part du Parlement. Les députés vont voter les dispositions qui ont été approuvées par la commission des Finances et du Budget, et les droits des familles des martyrs et des invalides, qu'ils soient soldats ou officiers à la retraite, ne seront pas touchés", avait lancé aux manifestants cet ancien des forces spéciales. "Les ex-militaires qui bénéficiaient de bas salaires ne seront pas touchés. Les ancien militaires qui bénéficiaient de salaires plus élevés connaîtront des réductions minimes (au niveau de leurs indemnités), et dans ce cas nous considérons que nous avons obtenu une partie de notre droits", avait-il insisté.

Un autre général à la retraite, Sami Ramah, qui fait partie des protestataires, est lui aussi allé dans le sens de Georges Nader, appelant les manifestants à accepter ce compromis. Mais nombre d'entre eux ont exprimé leur désaccord.

Vers 18h, les manifestants ont commencé à démanteler les tentes qu'ils avaient dressées place des Martyrs depuis trois jours. "Nous pourrions dresser des tentes ailleurs dans les prochains jours", a prévenu l'un des manifestants. Plusieurs manifestants qui ne sont pas d'anciens des forces armées ont brièvement rejoint les rangs des protestataires mais leur présence a divisé le mouvement.




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commentaires (2)

LES DEMAGOGUES A L,OEUVRE POUR PROFITER DE LA SITUATION.

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 41, le 20 juillet 2019

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Commentaires (2)

  • LES DEMAGOGUES A L,OEUVRE POUR PROFITER DE LA SITUATION.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 41, le 20 juillet 2019

  • Je n'ai pas compris ce que veut dire "un impôt en fonction du montant annuel des salaires". Faut-il comprendre qu'il s'agit d'un impôt progressif, un pourcentage du salaire quel qu'il soit ou d'un impôt limité aux gros salaires, dont les petits salaires et petites retraites sont exonérés?

    Marionet

    22 h 09, le 19 juillet 2019

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