Le Chef du courant patriotique libre et ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, maintient en définitive sa visite dimanche prochain à Tripoli, malgré la tension politique qui persiste dans le pays, provoquée par les incidents du Chahhar (caza d’Aley), dont nombreux sont ceux qui lui en imputent la responsabilité. Dimanche dernier, deux gardes du corps du ministre d’État pour les Affaires des réfugiés, Saleh Gharib, ont été tués dans un échange de tirs à Qabr Chmoun entre des partisans du Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt et du Parti démocrate de Talal Arslane. M. Gharib venait de rencontrer le leader du CPL qui effectuait une tournée dans la région.Le programme de M. Bassil dans le chef-lieu du Liban-Nord n’a toutefois pas été dévoilé, les milieux du CPL insistant à le garder secret. Selon des sources citées par l’agence al-Markaziya toutefois, M. Bassil se contentera de rencontrer les cadres de son parti à la Foire internationale Rachid Karamé, avant de se rendre à la résidence du député Fayçal Karamé, qui donnera un déjeuner en son honneur. Selon ces mêmes sources, le mufti de Tripoli et du Liban-Nord, le cheikh Malek Chaar, « évitera de rencontrer M. Bassil ».
Contacté par L’Orient-Le Jour, ce dernier a expliqué « ne pas avoir été informé de cette visite ». « Tripoli est une cité ouverte aux Libanais, aux Arabes et aux touristes, a-t-il ajouté. Cette ville ne relève de personne. C’est une capitale que tout Libanais a le droit de visiter. Toutefois, nous souhaitons qu’ils s’y rendent de manière polie et paisible, loin de toute forme de défi et de provocation. »
Le président du conseil municipal de la ville, Ahmad Kamareddine, a tenu le même discours. Contacté par L’OLJ, il a lui aussi affirmé « n’avoir pas été notifié de cette visite ». À la question de savoir s’il accepterait de rencontrer le chef du CPL, il a noté « ne pas avoir de problèmes avec quiconque », mais que cela dépendrait de « l’invitation ». « Tout le monde est le bienvenu à Tripoli, a-t-il insisté. Nous souhaitons que cette visite soit calme. »
L’ancien Premier ministre Nagib Mikati, en dehors du pays depuis plus d’une semaine, « n’a aucune objection à cette visite », souligne à L’Orient-Le Jour une source proche de lui, assurant qu’« aucune région n’est interdite à tout Libanais, encore moins à un ministre ». Cependant, vu « l’objection affichée par des Tripolitains à cette visite et la tension politique qui règne dans le pays » depuis les événements de Qabr Chmoun, « M. Mikati souhaite que le chef du CPL respecte les spécificités des régions qu’il visite et qu’il tienne un discours loin des tensions et des provocations », ajoute la même source.
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Des propos tronqués
Selon les sources citées par l’agence al-Markaziya, les milieux du CPL affirment que la visite de M. Bassil à Tripoli n’a aucun lien avec les événements de Qabr Chmoun, notant que les tournées qu’effectue le chef du CPL dans les régions et sa politique d’ouverture sur la majorité des composantes politiques et confessionnelles du pays se basent sur l’identité du parti qui rassemble toutes les communautés sous des thèmes nationaux. Par ailleurs, le CPL compte des partisans non chrétiens, poursuivent ces sources, soulignant que de ce fait, la plupart des régions libanaises sont ouvertes devant le chef du CPL pour s’y rendre et ouvrir des permanences.
Par ailleurs, le bureau de presse de l’ancien ministre Mohammad Safadi a affirmé que les informations diffusées par certains sites Web au Liban-Nord selon lesquelles « la rencontre de M. Bassil avec l’ancien ministre Mohammad Safadi était un rendez-vous fixe dans le cadre de la tournée du chef du CPL à Tripoli » et qu’il « lui aurait ouvert les portes du Centre Safadi pour rencontrer les jeunes du CPL », sont « de la pure désinformation ». Dans un communiqué, M. Safadi a affirmé que « M. Bassil ne lui avait pas formulé une demande en ce sens, mais qu’il serait le bienvenu » au Centre Safadi pour la culture « s’il l’avait fait ».
En outre, le député Eddy Maalouf (proche du CPL) a déclaré, dans une interview accordée à La Voix du Liban 93.3, que « les propos attribués à M. Bassil lors de ses tournées dans la Békaa-Ouest et à la Montagne sont “tronqués” et s’inscrivent dans le cadre des rumeurs que d’aucuns essaient de propager à chaque tournée qu’il effectue ». « Les parties qui sont dérangées par ces tournées de M. Bassil dans les cazas n’ont qu’à se débrouiller seules », a-t-il insisté.
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commentaires (4)
L'art de "la visite" à la libanaise répond à deux critères cardinaux sans lesquels "les visites" ne le sont pas; soit la personne est invitée, soit elle annonce sa venue pour être reçue convenablement. Je pense que les déplacements du ministre ressemblent plutôt à des "rondes" puisqu'il est reçu par personne sinon, tout au mieux, par des anonymes qui ne représentent personne à part eux-même. il va faire une "jaoulla" à Tripoli et non pas une "ziarah".
Shou fi
11 h 08, le 06 juillet 2019