Israël vise Baflay pour la première fois : trois combattants du Hezbollah tués

Une frappe de drone ciblée lancée par Israël jeudi matin sur une voiture à Baflay, à l’est de Tyr, a fait quatre morts, a annoncé la Défense civile libanaise dans un communiqué. Des habitants ainsi qu’une source sécuritaire ont affirmé à notre correspondant Mountasser Abdallah que trois personnes se trouvaient dans la voiture ciblée. Après la frappe, le Hezbollah a annoncé la mort de trois de ses combattants : Ali Hamza, Ahmad Maatouk et Hussein Hamdam. L’identité de la quatrième victime demeure inconnue, mais une source sécuritaire a affirmé à l’AFP qu’il s’agissait également d’un membre du puissant parti chiite. C’est la première fois que l’État hébreu cible cette localité. En outre, l’armée israélienne a bombardé et mené des raids contre Naqoura et Aïta el-Chaab et intercepté des drones au-dessus de Khiam. Des débris sont tombés près de cette localité du caza de Marjeyoun, effrayant les habitants qui ont d’abord cru à un bombardement.

De son côté, le Hezbollah a riposté aux frappes israéliennes, notamment à celle sur Baflay, en lançant plusieurs attaques contre des sites israéliens tout au long de la journée, certaines à l’aide de drones suicides. Il a notamment revendiqué une attaque de ce type contre « le commandement militaire des forces israéliennes » dans et autour du site de Kfar Giladi, situé face au village libanais de Markaba. La milice chiite a affirmé avoir blessé des officiers et des soldats dans cette opération. Ont également été visés les sites de Ramia, Netou’a, Jardah ou encore Jal el-Alam, situés respectivement face aux villages libanais de Ramiyé, Rmeich, Dhaïra et Naqoura. En tout, pas moins de cinq attaques ont été revendiquées par le parti de Hassan Nasrallah. L’armée israélienne a pour sa part annoncé la mort de Haim Sabach, un de ses soldats, dans une attaque du Hezbollah mercredi contre la localité de Malkiya, dans le nord d’Israël. Un autre soldat a été légèrement blessé, selon l’armée israélienne.

Le Liban « paie le prix »

Sur le plan diplomatique, l’ambassadrice de l’Union européenne, Sandra De Waele, a affirmé que « le Liban ne peut pas se permettre d’être entraîné plus loin dans la guerre ». « Nous devons continuer à œuvrer en faveur d’une désescalade du conflit et d’un règlement diplomatique dans le Sud », a-t-elle ajouté, lors d’une allocution à l’occasion de la Journée de l’Europe. Et de conclure : « Dans ce contexte, je réitère notre appel à la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies par toutes les parties. » Par ailleurs, le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a fortement critiqué l’implication du Hezbollah dans le conflit en soutien au Hamas. Le leader chrétien a même déclaré qu’il ne « pensai(t) pas que le Liban atteindrait des objectifs dans cette guerre », dans une interview accordée à Russia Today et diffusée dans la nuit de mercredi à jeudi. M. Bassil a estimé qu’il « aurait peut-être été possible de délimiter la frontière terrestre de manière diplomatique », alors que cette démarcation fait partie des points évoqués dans les tentatives de médiation entre les deux pays et que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé à plusieurs reprises que l’entrée en guerre de son parti permettrait au Liban de négocier un accord avantageux sur ce dossier. Le Liban « paie le prix d’une destruction chaque jour plus importante » en raison des échanges de tirs quotidiens entre le Hezbollah et Israël, a ajouté le chef du CPL. « Israël serait voué à sa perte s’il déplaçait (sa guerre) sur son front nord, et le Liban doit éviter la guerre, à moins qu’Israël ne la veuille, ce qui nous mettrait en mode défense », a soutenu M. Bassil. Le dirigeant du CPL a poursuivi en disant que la guerre « ne se terminera pas de sitôt à Gaza ». M. Bassil a également affirmé que les principaux négociateurs avec le Liban concernant la fin de la guerre sont « les Américains » et qu’ils le font par le biais de discussions entre l’émissaire américain Amos Hochstein – qui est également un citoyen israélien – et le président du Parlement Nabih Berry. M. Hochstein avait réussi à négocier un accord sur la frontière maritime entre le Liban et Israël en 2022. « Le Hezbollah ne peut pas décider de la fin de la guerre », a poursuivi Gebran Bassil. Le député de Batroun a ajouté que le Liban attendait une trêve à Gaza pour que la guerre cesse sur son front sud, soulignant toutefois qu’il n’est « pas d’accord avec cette équation ». Il a encore estimé que le Hezbollah « ne devrait pas être en colère » contre le CPL pour son opposition à l’ouverture du front au Sud et au principe de « l’unité des fronts », étant donné que l’entente entre les deux parties ne mentionnait pas « la responsabilité de la libération de Jérusalem ». En 2006, le CPL et le Hezbollah avaient formé une alliance, mais les désaccords sur la guerre à Gaza – et l’élection présidentielle – ont gravement affecté les liens entre les deux formations. M. Bassil a ajouté qu’il rejetait le lien entre la présidence libanaise (vacante depuis octobre 2022) et la guerre à Gaza : ce dossier nécessite « une approche souveraine », a-t-il déclaré.