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Politique - Éclairage

Retour des Syriens : Bkerké entre de plain-pied dans le débat

Le patriarche maronite parraine une réunion consacrée à ce dossier en présence des ministres et responsables sécuritaires concernés.

Retour des Syriens : Bkerké entre de plain-pied dans le débat

Le patriarche maronite, Béchara Raï, présidant l’office funèbre de Pascal Sleiman, coordinateur des Forces libanaises pour la région de Jbeil, le 12 avril 2024. Photo tirée du compte X du patriarcat maronite

Pour Béchara Raï, c’est l’heure de franchir un nouveau cap. Ne se contentant plus des simples appels à un retour chez eux des réfugiés et migrants syriens, le patriarche maronite semble désormais déterminé à suivre de près les démarches pour lesquelles opteront les autorités afin de résoudre ce dossier, redevenu, depuis plusieurs semaines, le cheval de bataille de plusieurs protagonistes. C’est surtout le cas des formations chrétiennes, notamment le Courant patriotique libre et les Forces libanaises, auxquelles le patriarche maronite s’était joint, dans la foulée du meurtre de Pascal Sleiman, coordinateur du parti pour la région de Jbeil, en estimant qu’il était devenu « urgent » de résoudre cette question.

Un peu plus d’un mois plus tard et à l’heure où une aide européenne d’un milliard d’euros secoue les milieux politiques (certaines parties y voyant un « pot-de-vin » pour maintenir les ressortissants syriens sur le sol libanais), le chef de l’Église maronite est entré de plain-pied dans le débat. Il a parrainé jeudi une réunion consacrée à la question des réfugiés et migrants syriens. Étaient notamment présents les ministres sortants Bassam Maoulaoui (Intérieur), Hector Hajjar (Affaires sociales), Abbas Halabi (Éducation), Issam Charafeddine (Déplacés), Henri Khoury (Justice) ainsi que Neemat Frem, député du Kesrouan. Le commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun, a également été convié, aux côtés de représentants du reste des appareils de sécurité mais aussi d’experts juridiques. 

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Selon les informations de L’Orient-Le Jour, les participants ont discuté des idées à même de permettre aux autorités de régler le dossier, ainsi que les mesures prises pour contrôler la frontière (libano-syrienne), afin de réduire le flux de migrants et réfugiés. De source au courant des débats, on apprend que certaines personnalités présentes ont évoqué « la nécessité de clarifier la nature de la relation entre l’État libanais et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) », accusé par certains protagonistes de « manquement à ses devoirs » en matière de retour des Syriens. De son côté, Abbas Halabi s’est attardé sur le volet de l’éducation des enfants syriens au Liban. Un point qui a suscité un débat à Bkerké, de nombreux participants ayant exprimé des craintes quant à « une éventuelle intégration des Syriens dans la société libanaise par le biais du système éducatif ». En outre, les participants ont défini le cadre légal dans lequel les autorités devraient s’activer en quête d’une solution efficace, apprend-on de source informée. 

2 000 Syriens rentreront mardi
La réunion de Bkerké intervient à l’approche de la séance de débat général programmée mercredi à la Chambre pour discuter de l’enveloppe d’un milliard d’euros octroyée au Liban. Une annonce qui avait mis le gouvernement sortant et son chef, Nagib Mikati, dans le viseur de plusieurs protagonistes. De quoi pousser le Premier ministre à se tourner vers son principal soutien, le chef du législatif, Nabih Berry. Et alors que l’on s’attend à ce que tous les protagonistes fassent acte de présence à l’hémicycle, Bassam Maoulaoui les a appelés à la patience. Le sort « du don européen n’a pas encore été décidé (par le gouvernement, NDLR) », a-t-il déclaré depuis Bkerké, comme pour tenter d’apaiser la tempête au cœur de laquelle se trouve Nagib Mikati, dont il est pourtant perçu comme un concurrent. « Nous défendrons le Liban et prendrons les mesures nécessaires (pour mettre sur les rails le processus de retour des migrants et réfugiés) », a-t-il assuré. « Nous n’accepterons pas le maintien des Syriens dont la présence (au Liban) est illégale », a encore déclaré le ministre. Et d’ajouter : « Attendez-vous à une prochaine vague de retours volontaires en Syrie. » Issam Charafeddine est même allé encore plus loin. « Mardi prochain, 2 000 Syriens rentreront chez eux. D’autres feront de même une semaine plus tard », a-t-il assuré, se disant prêt à se rendre à Damas s’il y est « officiellement » délégué. 

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Du côté des partis chrétiens, l’impatience reste de mise. Sans attendre les résultats concrets de la réunion de jeudi, plusieurs députés FL ont remis au HCR un mémorandum particulièrement virulent. Deux jours après la diatribe à laquelle s’était livré le numéro deux du parti, Georges Adwan, contre cette instance onusienne, le texte que L’Orient-Le Jour a pu consulter accuse ouvertement celle-ci de violer le protocole d’entente la liant à la Sûreté générale depuis octobre 2003 (et qui stipule clairement que le Liban n’est pas un pays de refuge mais de transit). La missive va même jusqu’à reprocher au HCR de « faciliter l’intégration et l’implantation » des migrants et réfugiés dans le pays du Cèdre, brandissant le spectre d’une éventuelle poursuite de l’instance onusienne en justice. Mais on n’en est pas encore là. De source proche de Meerab, on indique que la réunion tenue jeudi entre des députés FL et des responsables du HCR était « positive », celui-ci ayant affirmé « comprendre » la position du parti de Samir Geagea, dont une délégation devrait prendre part à la conférence prévue à Bruxelles le 27 mai et consacrée au dossier des réfugiés syriens.

Pour Béchara Raï, c’est l’heure de franchir un nouveau cap. Ne se contentant plus des simples appels à un retour chez eux des réfugiés et migrants syriens, le patriarche maronite semble désormais déterminé à suivre de près les démarches pour lesquelles opteront les autorités afin de résoudre ce dossier, redevenu, depuis plusieurs semaines, le cheval de bataille de plusieurs...
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Quel mana cet argent pour les voleurs libanais

Eleni Caridopoulou

17 h 32, le 10 mai 2024

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Commentaires (5)

  • Quel mana cet argent pour les voleurs libanais

    Eleni Caridopoulou

    17 h 32, le 10 mai 2024

  • La place des syriens est chez eux en Syrie. Fin du debat

    nabil samir

    15 h 25, le 10 mai 2024

  • Il y a avec les deals RU/Rwanda et RU/France maintenant un "prix de marché de la relocation" des immigrés. Compte tenu des montants payés dans les deux cas, pour garder les 800 000 syriens sur notre sol l'UE devrait nous verser non pas 1 milliard d'Euros mais plutot 40 Milliards. C'est dire la mauvaise affaire faite par N.Mikati.

    Moi

    14 h 43, le 10 mai 2024

  • Il est bien temps que tous s’y mettent. En espérant qu’ils aient appris quelque chose de notre passé tumultueux. Et surtout qu’ils ne lâchent pas le problème comme dhab

    Fouad Khalife

    12 h 06, le 10 mai 2024

  • Grand temps de les renvoyer chez eux TOUS... et on prendra, comme avant,des syriens "saisonniers" que chaque Boss choisira, pour le travail des terres et du bâtiment au Liban. et qui,une fois la saison du travail fini,rentreront chez leur GRANDE famille en Syrie!!

    Marie Claude

    07 h 52, le 10 mai 2024

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