Un Syrien rassemblant ses possessions pendant la démolition de son abri, construit à l'aide de blocs de béton, dans un camp de réfugiés de Ersal, dans la vallée de la Békaa, le 10 juin 2019. Photo AFP / JOSEPH EID
L'armée libanaise a commencé lundi à détruire des abris installés par des réfugiés syriens dans la région de Ersal, une région aride et pauvre du nord-est du pays, frontalière de la Syrie, à l'expiration d'un délai fixé par les autorités, ont indiqué des organisations humanitaires.
Les autorités libanaises, qui craignent une installation permanente des réfugiés, leur ont ordonné de démolir ces constructions considérées comme illégales, autorisant uniquement l'utilisation de bois et de bâches en plastique. La date butoir pour démolir ces structures avait été repoussée par l'armée du 9 juin au 1er juillet.
"A 04h30 (01h30 GMT) le 1er juillet, des unités militaires ont pénétré dans plusieurs camps à Ersal et démoli au moins 20 logements", a indiqué un communiqué conjoint de sept ONG dont Save the Children, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) et Oxfam. "Nous craignons que ce ne soit que le début et que davantage de démolitions auront lieu demain" mardi, ont ajouté les ONG. Quelque 15.000 personnes, dont au moins 7.500 enfants, sont concernées par ces démolitions qui vont toucher 3.000 unités, d'après cette source.
La décision des autorités avait poussé de nombreux réfugiés à démolir leurs maisons ces dernières semaines. Au 27 juin, moins de la moitié des structures à Ersal avaient été démolies, selon les ONG. "Si les démolitions devaient se poursuivre, nous exhortons les autorités à donner des alternatives aux réfugiés, à leur permettre de conserver leurs effets personnels et leur donner davantage de temps pour mettre leur famille à l'abri", ont demandé les ONG.
(Lire aussi : Réfugiés syriens : l’armée aujourd’hui à Ersal pour « une mission d’observation et de comptage »)
"Avertissement"
Le chef de la municipalité de Ersal, Bassel Hojeiri, a affirmé que les démolitions lundi étaient très "limitées" et touchaient seulement les logements en béton. Cette mesure, a-t-il prévenu, "sert d'avertissement pour les réfugiés qui ne se sont pas encore conformés à la décision de l'armée".
Au total, quelque 35.000 réfugiés syriens au Liban sont potentiellement concernés par ces démolitions, dont 15.000 seulement dans le village de Ersal, selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).
Avec une population de quatre millions d'habitants, le Liban accueille entre 1,5 million et deux millions de Syriens, chassés par la guerre qui ravage leur pays depuis 2011, dont près d'un million sont inscrits comme réfugiés auprès de l'ONU. Régulièrement, des responsables gouvernementaux dénoncent violemment la présence des réfugiés, souvent jugés responsables du marasme économique du pays.
Illustrant ce contexte tendu, quelque 600 réfugiés ont été chassés début juin du village de Deir el-Ahmar, dans le nord de la Békaa, après une altercation qui a dégénéré, selon Amnesty International. Aucun des villages alentours n'a accepté d'accueillir les réfugiés, qui ont toutefois fini par trouver où s'installer.
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commentaires (7)
Au nom de quelles valeurs et quelles religions Bachar el-Assad le Syrien, le principal concerné par le problème de ces propres citoyens réfugiés chez nous et ailleurs, ne fait-il rien pour les encourager à retourner dans leur pays, la Syrie ? Irène Saïd
Irene Said
11 h 40, le 02 juillet 2019