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À La Une - Liban

Nizar Zakka : L’initiative de ma libération est née au Liban, et elle a abouti au Liban

"La libération de Nizar Zakka s’est faite uniquement grâce à la médiation du président Aoun. Point final", lance Abbas Ibrahim.

Le Libanais Nizar Zakka faisant le signe de la victoire à son arrivée, mardi 11 juin 2019, au palais de Baabda après avoir été libéré par les autorités iraniennes après une détention de près de quatre ans. REUTERS/Mohamed Azakir

"Trois ans, huit mois et 24 jours de détention, je les ai passés en détention (…). Vous étiez la motivation qui m’a permis de surmonter les difficultés". C'est par ces mots que Nizar Zakka s'est adressé mardi en fin d'après-midi aux Libanais depuis le palais de Baabda, après un bref entretien avec le président Michel Aoun, assurant que l’initiative de sa libération "est née au Liban et a abouti au Liban".
Le Libanais était arrivé un peu plus tôt à Beyrouth, accompagné du directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, en provenance de Téhéran où il avait été condamné en 2016 à dix ans de prison pour "espionnage" au profit des Etats-Unis.

Au palais de Baabda, M. Zakka était attendu par des membres de sa famille qui l'entouraient lors de son point de presse. "Je m’adresse à vous, Libanais, depuis la maison des Libanais (le palais présidentiel de Baabda, ndlr). Trois ans, huit mois et 24 jours de détention, je les ai passés en détention (…). Vous étiez la motivation qui m’a permis de surmonter les difficultés. Grâce à vous, je suis parmi vous. Je suis toujours le même, fort et digne. Mais ma conviction de défendre la liberté, les droits de l’homme et l’accès à internet est renforcée. Avant la détention, je n'avais jamais agressé qui que ce soit et aujourd'hui je suis le même, il n’y a ni espionnage ni quoi que ce soit. Je ne veux pas parler de (mon) enlèvement, ni des conditions de ma détention, ni des fausses accusations ni du procès fictif", a-t-il dit, en lisant un communiqué préparé à l'avance.

"L’initiative de ma libération est née au Liban, elle a été préparée au Liban, et elle a abouti au Liban. Elle a clairement eu des retombées positives sur les affaires régionales. Aujourd’hui, permettez-moi de remercier le président Michel Aoun. Ma famille et moi vous sommes redevables à vie, monsieur le président", a affirmé Nizar Zakka.

Nizar Zakka entouré des membres de sa famille (sa sœur 1ère de gauche, son épouse 2e de gauche et son frère 4e de gauche) au palais de Baabda. AFP / ANWAR AMRO


"Je sais que vous avez réclamé ma libération, monsieur le président, du fait de ma nationalité libanaise, sans rapport avec les liens personnels que nous entretenons. Je salue aussi le Premier ministre Saad Hariri qui a évoqué mon cas à plusieurs reprises et appelé à ma libération, et je remercie le chef de la diplomatie, Gebran Bassil, un cher ami", a souligné M. Zakka, qui n'a pas mentionné le président du Parlement, Nabih Berry ni le Hezbollah.
"Un mot au très cher, le général Ibrahim. Je sais combien il a souffert pour obtenir ma libération. Je ne vous oublierai pas. Je remercie aussi ma famille qui n’a pas cessé ses efforts pour obtenir ma libération. Je remercie aussi les Libanais, car c’est aussi grâce à eux que je suis libre aujourd’hui. Je n’ai rien fait de mal. Je mérite la liberté, car il n’y a rien de plus beau que la liberté", a conclu Nizar Zakka.

"Nizar veut (...) rappeler à ceux qui peuvent aider qu'il reste encore beaucoup d'Américains (...) et d'autres étrangers dans les prisons iraniennes", a de son côté affirmé dans un communiqué l'avocat de M. Zakka, Jason Poblete, basé aux Etats-Unis.

Les Etats-Unis ont d'ailleurs salué la libération de M. Zakka. "Nous espérons que la libération de M. (Nizar) Zakka soit un signe positif pour les détenus américains en Iran", a déclaré un porte-parole du département d'Etat américain.


Le président Aoun (droite) saluant Nizar Zakka qu'il a reçu au palais de Baabda. AFP / ANWAR AMRO



Selon des propos rapportés par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), le président Aoun a déclaré à Nizar Zakka en le recevant : "J'ai dit un jour que vivre hors du cadre de la liberté est comme la mort. Nous remercions Dieu que vous êtes redevenu un homme libre".

Le Libanais a en outre reçu un appel téléphonique de la part de M. Bassil qui l'a félicité pour son retour au Liban. En soirée, il a été reçu par le Premier ministre Hariri.

Gebran Bassil, qui se trouve à Londres dans le cadre d'une visite officielle, a affirmé dans un entretien accordé à la chaîne d'information américaine CNN que la libération de Nizar Zakka "s'est faite à travers les canaux diplomatiques entre le Liban et l'Iran, via des discussions directes avec le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, et la Sûreté générale a rempli son rôle (...)". "Récemment le président de la République a demandé dans une lettre à son homologue iranien, Hassan Rohani, l'amnistie (pour Nizar Zakka) à l'occasion de la fête du Fitr, et nous avons ensuite été informés de sa libération", a expliqué M. Bassil.


"Aucun marché conclu"
Après la réunion avec le président Aoun, le général Ibrahim a également pris la parole.  "Je vais répéter ce que j’ai dit il y a trois ans. Mme Zakka m’avait demandé de conclure le dossier de son époux Nizar. Je lui avais promis de le faire, notamment grâce à mon expérience en la matière. Tout ce qui manquait, c’était que le chef de l’Etat soit Michel Aoun. Car nous avons reçu son grand soutien dans cette affaire. Le retour de Nizar Zakka au Liban s’est fait grâce à la lettre envoyée par le président Aoun à son homologue iranien, Hassan Rohani (…)", a dit le directeur de la SG. Et de poursuivre : "Le président a exprimé son souhait de voir Nizar Zakka libéré. Le Hezbollah a évidemment un rôle dans ce dossier, et il a exprimé son soutien. Le parti chiite soutient toujours ce que le chef de l’Etat demande. La libération de Nizar Zakka s’est faite uniquement grâce à la médiation du président Aoun. Point final. Il n'y aucun marché conclu, car ni M. Aoun ni moi-même n'acceptons cela." Et de poursuivre : "N’importe quel citoyen libanais, dans n’importe quel pays du monde, et même s’il enfreint la loi, doit être rapatrié".


Abbas Ibrahim lors de son point de presse au palais de Baabda REUTERS/Aziz Taher


"Aucune question politique n'est entrée en jeu"
Mardi matin, l'approbation de la libération conditionnelle de Nizar Zakka avait été annoncée par l'agence de presse de l'Autorité judiciaire iranienne Mizan Online, citant le porte-parole de l'Autorité judiciaire, Gholamhossein Esmaïli. "Selon la loi, ceux qui sont condamnés à une peine allant jusqu'à dix ans de prison, s'ils purgent au moins un tiers de leur peine et s'ils font preuve de bonne conduite", peuvent être libérés sous conditions, avait-il précisé. D'après M. Esmaïli, le président Aoun a demandé "par écrit" à ce que soit facilitée la libération de Nizar Zakka et le Hezbollah, proche de l'Iran, a considéré la décision relative à sa libération comme "opportune".

Ces déclarations sont intervenues alors que l’agence iranienne Fars (semi-officielle) avait affirmé la veille, de "sources iraniennes bien informées", que "la remise de l’espion libano-américain est uniquement une réponse à la médiation menée par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah". "Aucune négociation n’a eu lieu, à n’importe quel niveau ou avec n’importe quelle personne ou n’importe quel gouvernement. Cette libération n’a eu lieu que sur base du respect et de la place qu’occupe sayyed Nasrallah pour la République islamique d’Iran", avait ajouté le communiqué, interprété comme une volonté de la part de Téhéran d’offrir cette initiative au secrétaire général du Hezbollah plutôt qu’au président de la République ou à l’Etat libanais stricto sensu.



(Lire aussi : Libération de Nizar Zakka : un cadeau pour Nasrallah uniquement, affirme Téhéran)



Depuis septembre 2015...
Pour Nizar Zakka, le cauchemar avait commencé en septembre 2015. Alors qu’il résidait aux Etats-Unis, ce secrétaire général d’une ONG régionale, Ijmaa, spécialisée dans le développement des technologies de la communication et détenteur de la Green Card, avait été invité à Téhéran par la vice-présidente iranienne pour les Affaires de la femme et de la famille, Shahindokht Molaverdi, afin de prendre part à une conférence sur le développement et l’emploi des femmes. C’est lors de cette visite à Téhéran qu’il avait été arrêté. Ce n’était pourtant pas son premier séjour en Iran.  Lors de son arrestation, ce quinquagénaire avait été accusé par la télévision d'Etat iranienne d'entretenir des "liens profonds avec la communauté militaire et (celle) du renseignement des Etats-Unis". La télévision avait diffusé des photos d'un homme en tenue militaire en affirmant qu'il s'agissait de M. Zakka sur une base américaine. En juillet 2016, il a été condamné à dix ans de prison et une amende s’élevant à plusieurs millions de dollars pour intelligence avec les Etats-Unis.  Fin 2017, la justice iranienne avait confirmé en appel sa condamnation à dix ans de prison, ainsi que celle d'un Américain et de deux Irano-Américains accusés de "collaboration" avec les Etats-Unis.



(Pour mémoire : Nizar Zakka : L’État libanais est dans un coma total)



En août 2018, le général Abbas Ibrahim avait rencontré le Libanais en Iran, laissant penser que sa libération était imminente. Il s'agissait de la première rencontre entre le détenu libanais et un responsable de son pays. Cette libération "imminente" aura finalement mis près d'un an à se concrétiser.

Début mai 2019, le ministre des Affaire étrangères Gebran Bassil avait transmis à l’ambassadeur d’Iran à Beyrouth, Mohammad Jalal Firouznia, une lettre destinée à son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, dans laquelle il avait demandé que M. Zakka soit gracié. Dans sa missive, M. Bassil avait demandé "une amnistie spéciale pour M. Zakka à l’occasion du ramadan".

Le 15 janvier, le Premier ministre Saad Hariri avait déjà transmis à l’ambassadeur d’Iran à Beyrouth une missive à destination du président iranien, Hassan Rohani, lui demandant de faire libérer Nizar Zakka. Une semaine plus tôt, la famille de Nizar Zakka avait affirmé craindre pour la vie de ce dernier torturé, selon elle, afin d'avouer des faits qu'il n'a pas commis.

Durant sa détention, le Libanais avait observé à deux reprises une grève de la faim, réclamant sa libération.

Nizar Zakka s’était par ailleurs présenté aux partielles de Tripoli en avril dernier, afin de sensibiliser l’opinion publique libanaise à son dossier. "Je veux sensibiliser les gens sur la question de ceux qui sont kidnappés ou détenus arbitrairement, notamment pour avoir exprimé leur opinion dans le monde (…) Je me suis présenté aux élections pour hausser le ton face à l’injustice dont je suis victime et face à la négligence officielle dans le suivi de mon dossier", avait-il expliqué dans un communiqué.


Pour mémoire
Un des fils de Nizar Zakka reçu par Pompeo
 

Les Nations unies appellent l’Iran à libérer Nizar Zakka

Hariri a demandé la libération de Nizar Zakka

Une loi du Congrès US portant sur le cas de Nizar Zakka

"Trois ans, huit mois et 24 jours de détention, je les ai passés en détention (…). Vous étiez la motivation qui m’a permis de surmonter les difficultés". C'est par ces mots que Nizar Zakka s'est adressé mardi en fin d'après-midi aux Libanais depuis le palais de Baabda, après un bref entretien avec le président Michel Aoun, assurant que l’initiative de sa libération "est...
commentaires (7)

DANS LA PHOTO COMME VUE PAR LES LECTEURS PAR EXEMPLE LE FRERE DE ZAKKA EST QUATRIEME A DROITE ET NON PAS A GAUCHE. ETC... POUR LES AUTRES.

LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

20 h 32, le 11 juin 2019

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Commentaires (7)

  • DANS LA PHOTO COMME VUE PAR LES LECTEURS PAR EXEMPLE LE FRERE DE ZAKKA EST QUATRIEME A DROITE ET NON PAS A GAUCHE. ETC... POUR LES AUTRES.

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    20 h 32, le 11 juin 2019

    • Merci pour votre remarque, nous avons corrigé. Bien à vous

      L'Orient-Le Jour

      20 h 41, le 11 juin 2019

  • Bon retour au bercail

    Antoine Sabbagha

    19 h 59, le 11 juin 2019

  • SUR LA PHOTO LES MENTIONS DES PERSONNAGES A GAUCHE EST FAUSSE. IL DEVRAIT ETRE A DROITE.

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    19 h 10, le 11 juin 2019

    • Cher Monsieur, merci pour votre remarque mais il s'agit de la gauche sur la photo comme vue par les lecteurs et non la gauche de M. Zakka.

      L'Orient-Le Jour

      19 h 20, le 11 juin 2019

  • Mais pq que maintenant messieurs les iraniens ?!?! Ce n est certainement pas à cause que le Liban en a demander la libération ... d ailleurs s il a pu être libérer maintenant les charges retenue contre lui ne sont plus ?!?! Bande d hypocrite

    Bery tus

    14 h 30, le 11 juin 2019

  • UN SIGNE DE BONNE INTENTION ENVERS WASHINGTON ET TRUMP PLUTOT.

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    13 h 37, le 11 juin 2019

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