Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, le 15 novembre 2017 à Rome. Photo d'archives. REUTERS/Remo Casilli
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a de nouveau appelé lundi à donner la priorité aux Libanais sur les étrangers sur le marché du travail et s'est défendu de tout racisme, réitérant des propos qui ont soulevé une tempête de protestations durant le weekend.
"Il est du devoir de chaque pays de donner la priorité à ses ressortissants sur le marché de l'emploi. Tous les pays, dont le Liban et l'Arabie saoudite, distinguent leurs ressortissants des étrangers à travers des lois. Ceci n'est pas du racisme", a déclaré M. Bassil lors d'une conférence sur la "diplomatie efficace" dans le cadre la conférence de la Lebanese Diaspora Energy (LDE)."Les Libanais travaillent à l'étranger conformément aux besoins des pays d'accueil. Ils respectent les lois de ces pays (..) . A la tête de ces pays, il y a l'Arabie saoudite où nous avons des ressortissants dont les intérêts doivent être protégés. Mais il est de notre devoir de respecter le pays qui les accueille et respecter ses lois", a-t-il ajouté.
Samedi, le chef de la diplomatie libanaise avait déjà déclaré dans le cadre de la conférence LDE qu'"il est naturel que nous défendions la main d’œuvre libanaise face à toutes les autres, qu'elles soient syrienne, palestinienne, française, saoudienne, iranienne ou américaine", lançant "les Libanais avant tout !"
Ces propos ont soulevé une tempête de protestations sur les réseaux sociaux et le hashtag "Le ministre des Affaires étrangères doit être démis de ses fonctions" figurait en tête des tendances lundi.
Sur Twitter, la réponse d'un internaute saoudien a particulièrement été partagée. "Il n'y a pas de Saoudiens employés au Liban. Ils ne quitteront pas les pays développés pour venir travailler chez vous. Merci, Monsieur le ministre, car il y a 200.000 Libanais qui habitent à Riyad. Nous devons donc nous en débarrasser et faire travailler des Saoudiens avant tout".
M. Bassil a également reçu une réponse violente à ces propos de la part de la députée Paula Yaacoubian. "Vous ne pouvez être responsable et vous permettre de dire tout ce qui peut vous attirer un populisme à bon marché, a écrit la députée sur sa page Facebook. Le Liban a payé le prix cher du fait de la maladresse de ses politiciens, et ce qui est malheureux c'est que vous pensez être un génie alors que vous devriez ressentir la honte que vous suscitez en nous Libanais, au Liban et à l'étranger. Les Libanais qui ont émigré vous ont fuis et ont fui ceux qui vous ressemblent. Vous voulez aussi détruire leur vie à l'étranger? Présentez vos excuses ou démissionnez".
"Ce n'est pas du racisme"
D'autres propos de M. Bassil sur les réfugiés syriens et palestiniens avaient également fait polémique durant le weekend.
Vendredi, le chef de la diplomatie libanaise s'était à nouveau prononcé en faveur d'une loi qui respecterait le préambule de la Constitution concernant le refus de l'implantation et permettrait aux Libanaises mariées à un étranger de transmettre leur nationalité à leurs enfants. En mars, le ministre avait annoncé qu'il allait présenter un projet de loi permettant aux Libanaises mariées à des étrangers, à l'exception des Palestiniens et des Syriens, de transmettre leur nationalité à leurs enfants, proposition qui avait été qualifiée de raciste par de nombreuses organisations de la société civile.
Samedi, le leader druze Walid Joumblatt avait réagi aux propos du chef de la diplomatie libanaise. "Un ministre de premier plan (allusion à M. Bassil) nous a épatés par des théories racistes visant les Palestiniens et les Syriens", avait écrit M. Joumblatt sur son compte Twitter.
Dans la soirée, le leader du CPL avait répondu au leader druze. "Certains nous accusent de racisme parce que leur appartenance libanaise n’est pas assez forte pour qu’ils comprennent ce que nous ressentons", avait-il déclaré dans ce discours prononcé au BIEL. "Certains ne comprennent pas que notre libanité est au-dessus de tout. Elle est inscrite dans notre ADN. Notre appartenance libanaise est une appartenance à une civilisation, une histoire et une nation", avait-il ajouté, exprimant par la même occasion son refus de voir le Liban accueillir des déplacés aussi bien que des réfugiés.
Lundi, M. Bassil s'est à nouveau défendu de tout racisme. "Lorsque nous défendons le droit de notre peuple, nous sommes des patriotes. C'est tout ce que j'ai voulu dire. Beaucoup de personnes mal intentionnées ont déformé mes propos. Lorsque des propos sont déformés, nous nous devons de les corriger", a-t-il déclaré.
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19 h 54, le 10 juin 2019