Le Premier ministre Saad Hariri, le leader druze Walid Joumblatt et le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil. Photos Ani
Le leader druze libanais Walid Joumblatt a de nouveau critiqué samedi le compromis présidentiel "sinistre" de 2016, scellé par le chef du Courant patriotique, Gebran Bassil, et le chef du courant du Futur, Saad Hariri, devenus respectivement après l'élection de Michel Aoun à la présidence ministre des Affaires étrangères et Premier ministre.
"Nous avons entendu les nouvelles de Deir el-Ahmar sur l'expulsion de Syriens. Nous entendons à nouveau des nouvelles de Ersal sur la destruction de tentes et de maisons. Avant cela, un ministre de premier plan (allusion à M. Bassil) nous a épaté par des théories racistes visant les Palestiniens et les Syriens", a écrit M. Joumblatt sur son compte Twitter.
Vendredi, M. Bassil s'est à nouveau prononcé en faveur d'une loi qui respecterait le préambule de la Constitution concernant le refus de l'implantation et permettrait aux Libanaises mariées à un étranger de transmettre leur nationalité à leurs enfants. En mars, le ministre avait annoncé qu'il allait présenter un projet de loi permettant aux Libanaises mariées à des étrangers, à l'exception des Palestiniens et des Syriens, de transmettre leur nationalité à leurs enfants, proposition qui avait été qualifiée de raciste par de nombreuses organisations de la société civile.
Mercredi, une violente altercation a éclaté dans le camp de fortune de Deir el-Ahmar, dans le nord de la Békaa, entre des déplacés syriens et une équipe de la Défense civile venue éteindre un incendie à l'intérieur du camp. Un volontaire de la Défense civile avait été blessé. Après cet incident, plusieurs responsables de la localité ont préconisé le démantèlement définitif du camp. Certains réfugiés ont pris la fuite de peur de représailles. Jeudi, plusieurs centaines de réfugiés syriens ont été forcés de quitter leur camp de fortune.
Mardi, trois ONG internationales ont indiqué que les autorités libanaises ont donné en avril aux réfugiés syriens jusqu'à dimanche pour démolir tout abri qui ne serait pas construit avec des planches de bois ou des bâches en plastique dans la région d'Ersal, frontalière de la Syrie en guerre.
"Qui gouverne dans ce pays et quelle est la position du Premier ministre ? Ou alors, tout ce qui se passe entre dans le cadre du compromis sinistre ? Allons-nous les envoyer en Syrie où ils seront éliminés ?", a poursuivi le leader druze.
Au Liban, les formations s'opposant au régime syrien prétendent que Damas s'en prend aux réfugiés syriens qui rentrent dans leur pays.
Ces derniers jours, les relations entre le CPL et le Futur se sont tendus, notamment après des déclarations du leader du parti aouniste qui avait affirmé que "le sunnisme politique est né sur le cadavre du maronitisme politique". L’attaque terroriste perpétrée lundi soir à Tripoli est venue rajouter de l’huile sur le feu.
Alors qu'il avait pris fait et cause 48 heures plus tôt pour Saad Hariri dans cette polémique entre le CPL et le Futur, M. Joumblatt s'en est pris vendredi au chef du gouvernement au sujet de la crise qui secoue la municipalité de Chehim, un gros village sunnite de l’Iqlim el-Kharroub.
M. Bassil a répondu samedi soir aux accusations de racisme. "Certains nous accusent de racisme parce que leur appartenance libanaise n'est pas assez forte pour qu'ils comprennent ce que nous ressentons", a-t-il déclaré dans un discours prononcé lors de la deuxième journée de la 6e édition de la conférence Lebanese Diaspora Energy (LDE) au BIEL de Furn el-Chebbak. "Il est naturel que nous défendions la main d'oeuvre libanaise avant une autre. Les Libanais avant tout !", a lancé le ministre, avant d'ajouter : "certains ne comprennent pas que notre libanité est au-dessus de tout. Notre appartenance libanaise est une appartenance à une civilisation, une histoire et une nation"
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19 h 03, le 09 juin 2019