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À La Une - Liban

Affaire Itani : Suzanne el-Hajj innocentée, un an de prison pour le pirate informatique

Le Tribunal militaire requiert toutefois une peine de deux mois de prison et une amende de 200 000 livres contre l'ancienne directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité au sein des FSI pour dissimulation d'informations.

Suzanne el-Hajj. Photo tirée d’une page de soutien à Mme Hajj sur Facebook

Le Tribunal militaire a ordonné jeudi l’arrêt des poursuites contre l'ancienne directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité au sein des Forces de sécurité intérieure, Suzanne el-Hajj, dans le cadre de l'affaire de fabrication de fausses preuves contre le dramaturge Ziad Itani. Il a toutefois requis une peine de deux mois de prison et une amende de 200 000 livres contre Mme el-Hajj pour dissimulation d'informations. Le tribunal a en outre requis un an de prison à l'encontre du pirate informatique Elie Ghabach, jugé dans le cadre de la même affaire.

"La justice a dit ce qu'elle avait à dire, Suzanne el-Hajj est innocente. C'est la victoire d'une justice courageuse qui a mis un terme aux mesures arbitraires dont a été victime Mme el-Hajj par le passé", a réagi l'avocat de Suzanne el-Hajj, Marc Habka, dans des propos rapportés par la LBCI. L'avocat d'Elie Ghabach a, lui, estimé qu'aujourd'hui était "une victoire en ce qui concerne la peine prononcée". "Mais la bataille se poursuit jusqu’à ce que M. Ghabach soit innocenté", a-t-il ajouté, précisant qu'il fera appel du jugement. 

Suzanne el-Hajj était poursuivie pour fabrication de fausses preuves contre le dramaturge Ziad Itani et pour "cyberattaques et piratage visant des sites de ministères, d’institutions sécuritaires et de banques libanaises, de sites d’information et d’autres sites, au Liban et à l’étranger".

Suzanne el-Hajj avait perdu son poste à la suite du retweet d’un message ironique sur les femmes en Arabie saoudite. Un certain Ziad Itani avait diffusé la capture d’écran de son retweet et la fonctionnaire aurait monté l’affaire pour se venger, mais se serait trompée de victime en raison de l’homonymie. L'homonyme dramaturge Ziad Itani, accusé alors d’intelligence avec Israël, avait été emprisonné à tort pendant quatre mois avant d’être libéré le 13 mars 2018.


"Il aurait été préférable que les juges du tribunal militaire continuent leur grève (pour protester contre le budget, ndlr) et ne rendent pas ce jugement", ont commenté les milieux du Premier ministre Saad Hariri, en réaction au verdict, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). "Ce verdict est un jugement politisé pris par une justice malveillante, a de son côté écrit le secrétaire général du courant du Futur, Ahmad Hariri, sur twitter. Une décision boiteuse signée par un juge qui règle ses comptes personnels à travers la justice".


Elie Ghabach et Suzanne el-Hajj. Photo Ani


Plus tôt dans la journée, le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Peter Germanos, avait réclamé, au nom de l'accusation, l'acquittement de l'ancienne directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité, aucun crime n'ayant été commis selon lui. C'est la première fois que le juge Germanos prononce personnellement une telle plaidoirie. En ce qui concerne le pirate informatique, le juge avait demandé à ce qu'il soit condamné à "la peine la plus sévère". "Vous avez dit que vous étiez content auprès des services de renseignement des FSI, alors restez chez eux", avait-il lancé à l'adresse de M. Ghabach. Ce dernier, également jugé dans le cadre d’une autre affaire, est toujours détenu dans l’affaire Itani, alors que Suzanne el-Hajj avait été remise en liberté fin mai dernier.

L'avocat du pirate informatique avait, quant à lui, affirmé que "créer un compte sur Facebook ne constitue pas un crime punissable par la loi" , assurant que son client avait "rendu service aux services de sécurité". Il avait demandé à ce que M. Ghabach soit innocenté.

L'ancien ministre Rachid Derbas, qui représente Suzanne el-Hajj, avait de son côté souligné avoir, dans sa plaidoirie, "défendu également Elie Ghabach, étant donné que le crime qui lui est reproché nous l'est aussi et qu'il s'agit d'un crime impossible". "Les faits reprochés ne constituent pas un crime et l'acte d'accusation comporte des vices de forme, notamment l'absence de preuves documentées", a-t-il ajouté. 


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commentaires (2)

La justice qui en sort grandie. Bravo.

Sarkis Serge Tateossian

19 h 00, le 30 mai 2019

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Commentaires (2)

  • La justice qui en sort grandie. Bravo.

    Sarkis Serge Tateossian

    19 h 00, le 30 mai 2019

  • La femme triomphe encore une fois au Liban . Bravo pour Suzanne el-Hajj.

    Antoine Sabbagha

    15 h 59, le 30 mai 2019

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