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Liban - Trois questions à...

Ziad Itani : Je resterai mobilisé jusqu’à l’application de la loi contre la torture

Ziad Itani reste concentré sur la plainte qu’il a déposée contre tous ceux qui ont contribué à son incarcération à tort. Photo tirée de sa page Facebook

Connu pour une série de pièces comiques sur la vie beyrouthine, le dramaturge et acteur libanais Ziad Itani avait été arrêté en novembre 2017 et accusé d’avoir « collaboré et communiqué » avec l’État hébreu. M. Itani, dont l’arrestation avait causé une onde de choc, avait fait des aveux – obtenus sous la torture – relatifs à la surveillance de personnalités politiques pour le compte d’Israël, puis s’était par la suite rétracté, niant les accusations portées contre lui.

Le quadragénaire avait été relâché en mars 2018, l’enquête ayant dévoilé un coup monté de toutes pièces et attribué à Suzanne el-Hajj, ancienne responsable du service de cybercriminalité au sein des FSI. Celle-ci est actuellement poursuivie pour fabrication de fausses preuves contre M. Itani – au sujet duquel elle s’était d’ailleurs méprise, la véritable cible du coup monté étant un autre Ziad Itani, journaliste – et pour « cyberattaques et piratage visant des sites de ministères, d’institutions sécuritaires et de banques libanaises, des sites d’information et d’autres, au Liban et à l’étranger ».

Contacté à l’occasion de la parution du rapport annuel régional d’Amnesty International, M. Itani répond aux questions de L’OLJ.

Après le rapport publié en juillet dernier par Human Rights Watch, c’est au tour d’Amnesty International d’évoquer votre expérience dramatique et les tortures que vous avez subies. Votre histoire a fait le tour du monde…

C’est à la suite des incidents que j’ai vécus que la loi sur la torture a été adoptée, sauf qu’elle n’est pas encore appliquée, comme le relève le rapport d’Amnesty. Personnellement, je suivrai cette affaire jusqu’au bout et ne compte lâcher prise qu’une fois cette loi mise en vigueur et sérieusement appliquée. Je ferai en sorte que le drame que j’ai vécu ne se réitère pas avec qui que ce soit. Si cet objectif est atteint, c’est un pas géant qui aura été fait en matière de droits de l’homme.

Avez-vous réussi à prouver devant la justice les tortures qui vous ont été infligées ?

Dans le cadre du procès devant le tribunal militaire de Suzanne el-Hajj et du pirate informatique Élie Ghabach, accusés de fabrication de fausses preuves contre moi, j’ai été entendu par les juges en ma qualité de témoin pour parler des tortures que j’ai subies. C’est une première pour un tribunal d’exception que d’entendre un témoignage complet sur la pratique de tortures au Liban.

Il faut également savoir que le département de la Sécurité de l’État, à l’origine de mon arrestation, n’avait pas fait appel lors de l’enquête à un médecin légiste comme le prévoit la loi, une omission qui ressort clairement dans le procès-verbal présenté par cette instance.

Par la suite, j’ai moi-même fait appel à un médecin légiste qui a établi un rapport sur mon état dont une copie a été remise au Premier ministre, Saad Hariri.

Vous avez intenté un procès pour réclamer à l’État des dommages et intérêts après les préjudices à votre encontre. Où en est la procédure ?

J’ai déposé une plainte il y a quatre mois devant le parquet de Beyrouth pour constitution de bande, coups et blessures, fabrication de dossier, et contre toutes les personnes qui sont concernées, de près ou de loin, dans l’arrestation dont j’ai été la victime. J’ai réclamé des indemnisations de l’État libanais. Le problème est que ma plainte a été déférée devant le tribunal militaire, ce qui est étonnant sachant qu’il s’agit d’une action civile et séparée du procès dans lequel est jugée Suzanne el-Hajj. Jusque-là, personne n’a bougé le petit doigt. J’attends toujours.


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