La colonelle Suzanne el-Hajj. Photo ANI
Le tribunal militaire a clôturé hier l’interrogatoire du pirate informatique Élie Ghabache, accusé d’avoir fabriqué de toutes pièces de fausses accusations d’intelligence avec Israël visant le comédien Ziad Itani. Également impliquée dans cette affaire, la colonelle Suzanne el-Hajj, ancienne directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité, qui a également été entendue hier et qui est soupçonnée d’avoir demandé la fabrication de ce dossier à M. Ghabache pour se venger après avoir été démise de ses fonctions, fin 2017.
M. Ghabache a réaffirmé avoir fabriqué de fausses preuves incriminant M. Itani, notamment en lui écrivant à partir de faux comptes supposément israéliens, sauf que M. Itani n’a jamais lu ces messages. Le pirate informatique a assuré qu’il avait travaillé en coopération avec Mme Hajj, sans être payé pour ce faire. Il a déclaré par ailleurs avoir reçu 1600 $ de la Sûreté de l’État pour leur avoir présenté des informations sur Ziad Itani.
Suzanne el-Hajj avait perdu son poste à la suite du retweet d’un message ironique sur les femmes en Arabie saoudite. Un journaliste nommé Ziad Itani avait diffusé la capture d’écran de son retweet et la fonctionnaire aurait monté l’affaire pour se venger, mais se serait trompée de victime en raison de l’homonyme.
Prenant la parole lors de l’audience, Mme Hajj a pour sa part démenti être au courant de la fabrication des fausses preuves. Elle a assuré que les propos du pirate informatique n’étaient que mensonges et qu’elle lui avait conseillé à plusieurs reprises de laisser tomber le piratage. Elle admet avoir uniquement demandé à M. Ghabache de voir si Ziad Itani et le journaliste Radwane Mourtada « avaient quelque chose à se reprocher ». Selon Mme Hajj, Élie Ghabache avait déjà construit le dossier Itani avant même de lui en parler et il l’avait fait pour des raisons financières, dans l’espoir d’obtenir 4 000$ de la Sécurité de l’État pour avoir réussi à incriminer le journaliste Ziad Itani sur lequel pesaient déjà des soupçons de contacts avec Israël.
L’audience dans le cadre de cette affaire a été reportée au 21 février.
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commentaires (1)
Bref, un des deux ment effrontément...
NAUFAL SORAYA
08 h 01, le 08 février 2019