Un nouvel épisode de la série d’infractions enregistrées sur la plage publique de Ramlet el-Baïda vient d’être entamé, des travaux à proximité du très controversé Lancaster Eden Bay Resort ayant repris il y a quelques jours. Des photos parvenues à L’Orient-Le Jour montrent des travaux d’aménagement en béton sur une partie de la plage de sable, à quelques mètres du complexe balnéaire.
Rappelons que le projet Eden Bay a bénéficié d’un permis de construire délivré par le mohafez de Beyrouth, Ziad Chebib, en 2016, considérant que le terrain en question est « privé » et « constructible », bien que directement sur le sable. Un recours a été présenté au Conseil d’État par Green Line et l’Agenda légal, sans que les ONG aient réussi à obtenir un arrêt des travaux, sachant que la plainte est en cours.
Ces nouveaux travaux ont été critiqués par Hagop Terzian, député du Tachnag. Sur son compte Twitter, il a affirmé « qu’il ne lâchera pas ce dossier », appelant les autorités concernées (la ministre de l’Intérieur, Raya el-Hassan, le président de la commission parlementaire des Travaux publics, Nazih Najm, et le mohafez Chebib) à « agir rapidement » et à « lutter avec nous contre ces empiétements flagrants ».
Contacté par L’OLJ, M. Terzian a expliqué que conformément au permis qui a été accordé au propriétaire de l’Eden Bay par le ministre des Travaux publics, Youssef Fenianos, il est interdit de « recourir au béton pour faire des installations ». Or selon lui, ces installations en béton ont été faites à une date précédente et « maintenant, on installe les porte-câbles ».
« Seuls les matériaux démontables sont permis », lit-on dans le document dont L’OLJ a pu se procurer une copie. Selon le permis, il est interdit « de fermer la plage devant les gens ». L’OLJ a essayé de contacter M. Fenianos. Sans succès.
« Le mohafez de Beyrouth a dépêché une équipe d’ingénieurs pour examiner les lieux, note M. Terzian. Il attend leur rapport afin de prendre les mesures nécessaires. » Et de préciser : « Le permis émis par le ministre des Travaux publics ne passe pas par le mohafez ni par le conseil municipal de Beyrouth. Une copie est directement adressée au ministère de l’Intérieur qui doit effectuer le suivi. »
Les empiétements sur la plage de sable de Ramlet el-Baïda ont également été dénoncés par Georges Adwan, député FL du Chouf, qui a estimé sur son compte Twitter que les informations relayées dans ce sens dans les médias « doivent tenir lieu de notifications à l’adresse du mohafez de Beyrouth, du conseil municipal, des Forces de sécurité intérieure et de la justice ». Il a estimé que si ces autorités « sont incapables de mettre un terme à ces travaux illégaux, c’est qu’il y a certes un problème à leur niveau ».
Contacté par L’OLJ, Raja Noujaim, fervent militant pour la préservation de la plage de Ramlet el-Baïda qui suit le dossier de près, explique qu’il semblerait que le ministre des Travaux publics ait accordé au propriétaire de l’Eden Bay « un permis pour construire des toilettes préfabriquées ». « Notre principal problème concerne actuellement les constructions en béton qu’on est en train de faire sur la plage en sable, s’insurge-t-il. Le ministre nous a assuré qu’il obligera le propriétaire à tout démonter. » Affaire à suivre.
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commentaires (4)
Un exemple parfait de la lutte contre la corruption, BRAVO MESSIEURS LES RESPONSABLES ! Irène Saïd
Irene Said
16 h 20, le 29 mai 2019