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Liban - Ramlet el-Baïda

Suspension du permis de construction d’un brise-lames devant l’Eden Bay

Le ministère des Travaux publics a annoncé hier la suspension du permis de construction d’un brise-lames au large de Ramlet el-Baïda, réclamé et obtenu par le très contesté complexe balnéaire, le Lancaster Eden Bay Resort, bâti à même le sable en dépit d’une campagne farouche menée par des ONG et des activistes pour préserver la seule plage sablonneuse de Beyrouth et mettre en lumière les irrégularités liées à ce dossier.

La décision du ministère fait suite à une demande en ce sens formulée par le président de la commission parlementaire des Travaux publics, Nazih Najm, au cours de la réunion de la commission, le 26 novembre dernier. Cette réunion avait été convoquée pour discuter de la scandaleuse affaire de l’inondation des égouts de Ramlet el-Baïda, survenue le 16 novembre dernier, consécutivement à des pluies diluviennes. Au cours de la séance, M. Najm a demandé « aux différentes administrations concernées de ne pas délivrer au Lancaster Eden Bay un permis d’aménagement d’un brise-lames immergé », rappelle le communiqué du ministère des Travaux publics.

Les inondations s’étaient produites, comme on le sait, parce que la bouche d’un égout au niveau de la partie sud de la plage avait été bouchée avec du béton pour arrêter le déversement des eaux usées dans le secteur du Lancaster Eden Bay. Celles-ci avaient été dirigées plus au sud, mais la municipalité de Ghobeiri, refusant que les eaux sales de la capitale se déversent dans son périmètre, les a redirigées vers Beyrouth, arguant du fait que les stations d’épuration et de pompage sur son territoire étaient inopérantes. Dans l’urgence, la municipalité de Beyrouth s’est vu contrainte de diriger les eaux usées vers un autre collecteur au nord de la plage, qui n’a donc pas pu supporter le flux lors des intempéries de la mi-novembre.

Le ministre sortant des Travaux publics, Youssef Fenianos, dont le bureau de presse avait annoncé la suspension du permis, était injoignable hier pour commenter cette décision. C’est M. Najm qui en a expliqué les motivations à L’Orient-Le Jour. Le député haririen a ainsi souligné que la question avait été soulevée durant la réunion de la commission qu’il préside et qu’il avait été demandé au ministère de l’Environnement de présenter une étude d’impact des nouveaux travaux envisagés au sud de la plage de Ramlet el-Baïda. Élaborée par la direction générale de ce département, l’étude en question révèle que le brise-lames immergé, souhaité par le Lancaster Eden Bay Resort pour protéger sa plage et ses clients des courants, selon l’exposé des motifs présenté par le promoteur immobilier, sera à terme préjudiciable au plan écologique. Selon les explications de M. Najm, le brise-lames est de nature à altérer la plage.


(Lire aussi :  Égouts de Ramlet el-Baïda : réunion houleuse à la commission parlementaire des TP)


Sable sous-marin

L’activiste, contrôleur de Qualité et juriste Raja Noujaim, qui milite sans relâche pour la préservation de Ramlet el-Baïda, précise à ce sujet que la fonction première du brise-lames envisagé n’est pas de « protéger la plage des vagues et courants, mais de modifier sa structure de manière à agrandir progressivement la surface sablonneuse devant le Lancaster Eden Bay ». « Le brise-lames immergé se situe, suivant la décision ministérielle, seulement à 200 mètres de la plage exploitée frauduleusement par le complexe balnéaire (mais seulement à une distance réelle de 100 m suivant le plan / croquis présenté par Achour) et va, à cause de l'emplacement proposé et de sa situation parallèle à l’édifice, provoquer davantage de courants qui vont contribuer de par un phénomène naturel à déplacer le sable sous-marin et surtout celui recouvrant une partie du reste de la plage de Ramlet el-Baïda de sorte à le pousser davantage vers la côte en face du Eden Bay et à agrandir ainsi, mais temporairement, cette plage au détriment des autres surfaces sablonneuses qui diminueront », explique-t-il à L’Orient-Le Jour. La demande d’aménagement d’un brise-lames immergé « avait été présentée au ministre qui avait pris sa décision sans y joindre les plans » , selon Raja Noujaim, qui explique dans le détail le processus technique qui est normalement exécuté pour limiter les courants côtiers sans altérer la configuration de la plage.M. Noujaim espère que l’enquête ouverte après les inondations de Ramlet el-Baïda permettra de faire la lumière sur toutes les failles qui entachent le dossier du Lancaster Eden Bay depuis 2016. Il insiste, entre autres, sur le démantèlement de toutes les constructions en dur réalisées sur le site alors que le complexe balnéaire n’a toujours pas obtenu un permis de fonctionnement dûment délivré par la municipalité de Beyrouth, pour cause d’infractions commises lors de l’exécution de travaux. Ces infractions avaient été répertoriées par les ingénieurs de la municipalité, « avec comme résultat de leur application, la démolition d'environ huit étages », toujours selon M. Noujaim. Entre autres travaux pointés du doigt par Raja Noujaim, les travaux de remblayage de la partie nord de la plage grâce auxquels la bouche d’égout à l’origine des inondations du 16 novembre dernier avait été condamnée.


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commentaires (4)

LE PORT DE PLAISANCE VIENDRA SINON DEMAIN APRESDEMAIN PAR LATTA INTERPOSEE. SOUVENEZ-VOUS DE CETTE PREVISION.

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 48, le 07 décembre 2018

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Commentaires (4)

  • LE PORT DE PLAISANCE VIENDRA SINON DEMAIN APRESDEMAIN PAR LATTA INTERPOSEE. SOUVENEZ-VOUS DE CETTE PREVISION.

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 48, le 07 décembre 2018

  • L,EXCUSE D,UN BRISE LAME EST D,ERIGER UNE JETEE POUR UN FUTUR PORT DE PLAISANCE ! OUVREZ BIEN LES YEUX ET AGISSEZ DES MAINTENANT CONTRE L,ACCAPAREMENT DE LA MER...

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 42, le 07 décembre 2018

  • IL NE LEUR RESTE QU,A S,APPROPRIER LA MER !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 34, le 07 décembre 2018

  • On va parier en ligne que le brise-lames sera construit malgré tout... Déjà que le scandale des inondations est presque oublié, aucune poursuite judiciaire ni sanction et l’Eden Bay en rajoute avec une arrogance sans égale: non seulement je m’en fout du monde, mais là je construis ma digue, que vous le vouliez ou non... On va retarder le projet pour la forme, et une fois les protestations épuisées, on reprend le travail en sourdine et on fait ce qu’on veut! Mais enfin, c’est qui le propriétaire de ce projet dont on ne parle pas? Ça rappelle les histoires des parrains de la Mafia qui achètent tout le monde ou les menacent, et se moquent de ces idéalistes stupides qui ne font que se plaindre dans le style de Mr Raja Noujeim. Être honnête, dévoué, éduqué équivaut à être naïf, prétentieux et empêcheur de tourner en rond dans notre pays. Allez, ça ne va pas changer de sitôt

    Saliba Nouhad

    03 h 14, le 07 décembre 2018

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