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La Consolidation de la paix au Liban - Mai 2019

Éditos

Publié par le projet " La consolidation de la paix au Liban " du Programme des Nations Unies pour le développement et financé par l’Allemagne, ce supplément est distribué avec les quotidiens an-Nahar dans sa version arabe, et avec le Daily Star et L’Orient-Le Jour dans les versions anglaises et françaises. Ce numéro regroupe les articles d’un certain nombre d’écrivains, de journalistes et de professionnels des médias, de chercheurs et d’artistes. Il aborde les sujets relatifs à la paix civile et les répercussions de la crise syrienne au Liban et les relations entre les Libanais et les Syriens, dans des approches de fond loin des discours de haine.

© Artwork by Mona Abi Warde

Les enfants sont notre avenir

Chaque enfant a droit à l'éducation. Tous les parents – y compris moi-même – ont un souhait majeur : donner à leurs enfants une chance d’apprendre, de jouer et de découvrir le monde – et en fin de compte, créer un meilleur avenir pour eux et pour nous tous.

Malheureusement, de nombreux enfants au Liban ne vont pas à l'école et n'ont pas accès à l'éducation formelle. Cela reste un défi pour nous tous. Nous devons donc améliorer la situation des enfants et de l’avenir de ce pays !

La communauté internationale s'est donc engagée à améliorer l'éducation à travers le monde. Le Programme de développement durable à l'horizon 2030 a pour objectif « d'assurer une éducation de qualité inclusive et équitable et de promouvoir les possibilités d'apprentissage tout au long de la vie pour tous ».

Ces dernières années, nous avons réussi à amener plus d'enfants à l'école et à améliorer la qualité de l'éducation. Au cours des quatre dernières années, l’aide allemande a permis d’éduquer plus d’un demi-million d’enfants au Liban. Plus de 150 écoles publiques libanaises ont été réhabilitées avec notre soutien. Un montant supplémentaire de 50 millions d'euros sera alloué par l'Allemagne au programme libanais « Atteindre tous les enfants avec l'éducation » (RACE), ce qui porte la contribution totale de l'Allemagne à ce projet à 250 millions d'euros depuis 2014. Il s'agit d'une réalisation commune impressionnante dont nous sommes fiers.

L'Allemagne est prête à soutenir le Liban – non seulement en contribuant au programme RACE, mais également en investissant dans l'infrastructure des écoles publiques libanaises et en aidant le ministère de l'Éducation à renforcer ses capacités pour assurer une éducation de qualité pour tous.

Dr Georg Birgelen

Ambassadeur de la République fédérale d'Allemagne au Liban


L’éducation, arme de paix

Alors que le Liban vient de marquer le triste anniversaire du début de la guerre civile, ce supplément examinera comment l’éducation peut soutenir la paix et déterminer les politiques et stratégies à mettre en place pour maximiser les effets positifs de l’éducation à la paix. Plus précisément, il cherchera à s'attaquer aux problèmes complexes qui affectent l'éducation dans l'ensemble de la société libanaise – de l'administration à la culture, de la protection de l'enfance aux programmes scolaires. Pour ce faire, il concentrera les différents articles sur les enseignants, les universitaires, les agences travaillant pour l’éducation et surtout les enfants et les étudiants désireux d’apprendre, en leur donnant la parole.

Comme nous abordons la question de l’éducation et de la paix, trois éléments principaux ont été mis en lumière au cours de la dernière décennie. Le premier concerne la protection des enfants en situation de crise et la réponse à donner aux conséquences négatives des conflits sur leur éducation. La deuxième priorité est de « ne pas nuire », afin de s’assurer que l’éducation ne renforce pas les inégalités et ne nourrit pas de nouvelles divisions. Le troisième élément concerne plus spécifiquement l'éducation et la consolidation de la paix, en mettant l'accent sur les réformes du secteur de l'éducation lui-même et ses contributions à de plus grandes transformations politiques, économiques et sociales dans les situations d'après-conflit.

Notre supplément est à la fois important et opportun dans le monde et au Liban, car l’accent est mis davantage sur la réalisation de l’Agenda 2030 pour le développement durable. Le rôle de l’éducation dans la réalisation des objectifs du développement durable est clair, comme indiqué dans l’objectif 4, qui vise à assurer une éducation inclusive et équitable pour tous et à transmettre les connaissances et les compétences nécessaires à la promotion du développement durable, notamment par la promotion d’une culture de la paix et de la non-violence, la citoyenneté mondiale et la valorisation de la diversité culturelle.

Comme pour les suppléments précédents, nous espérons que celui-ci stimulera le dialogue sur les approches et stratégies collectives visant à renforcer la contribution de l'éducation à la consolidation de la paix à long terme au Liban, où une simple salle de classe dynamique peut constituer une alternative fondamentale à la violence.

Celine Moyroud

Représentant Résident a.i du Programme des Nations Unies pour le Développement


Mariage forcé

Une parmi tant d’autres de nos aberrations législatives a été de jumeler le sort salarial des enseignants du secteur privé avec celui de la fonction publique. Ainsi, sous prétexte qu’à une certaine époque leur syndicat ne bénéficiait pas de suffisamment d’influence pour négocier les revendications du secteur, le gouvernement d’alors avait décidé d’arrimer leur destin au caravansérail de l’administration. En ce temps, on avait fait miroiter aux enseignants du privé le grand avantage de voir leurs salaires augmentés régulièrement, en même temps que les fonctionnaires.

Seulement voilà, avec les années, le nombre de fonctionnaires a quasiment quadruplé. Il devenait ainsi pratiquement impossible de toucher à leur rémunération sans creuser d’avantage le déficit du Trésor public et augmenter l’endettement de l’État, avec tout ce qui s’ensuit en termes de menaces pour la stabilité de la monnaie nationale. La dernière échelle des salaires dans la fonction publique, adoptée au forceps par le Parlement l’année dernière, a eu de ce fait de graves répercussions sur le budget de l’État, en raison de l’écart énorme entre les sommes prévues et celles qui doivent effectivement être décaissées, gonflant monstrueusement la masse salariale de l’Administration publique. À cela vient s’ajouter le recrutement aussi sauvage qu’illégal de milliers de fonctionnaires supplémentaires, fruits de la corruption et du trafic d’influence politique.

Que sont devenues dans tout cela les revendications légitimes des enseignants ? La partie qui les concerne dans la nouvelle grille des salaires est tellement floue qu’elle a fini par créer un embrouillamini inextricable dans les rapports entre les directions des écoles privés, les salariés et les comités des parents, avec au bout le spectre d’une augmentation des frais de scolarité.

L’urgence aujourd’hui pour les enseignants du privé est de reprendre leur autonomie syndicale en s’extirpant rapidement de ce mariage forcé avec le secteur public, afin de tenter autant que faire se peut de récupérer leurs droits, loin de la gabegie et du bricolage de l’État.

Gaby Nasr

Directeur des éditions spéciales
du quotidien L’Orient-Le Jour


L'exploitation politique fait du tort aux déplacés

Des informations commencent à circuler sur une nouvelle vague de déplacés venant de Syrie en direction du Liban. La cause serait cette fois économico-sociale, dans la mesure où les Syriens souffrent de pauvreté extrême dans de nombreuses régions, particulièrement celles qui sont éloignées de la capitale Damas et devenues invivables après la destruction des infrastructures, des usines et des champs agricoles.

Ces informations, propagées par des responsables politiques proches de Damas plutôt que par le camp adverse, ne servent en aucun cas l’intérêt des déplacés syriens, car elles suscitent la crainte chez les Libanais d’une nouvelle vague de migrants que ce petit pays ne pourra pas absorber, et ce à tous les niveaux : économique, social, financier, sans compter le fardeau de la sécurité.

Certains dirigeants exploitent la carte des déplacés à des fins de pression politique. Ils accusent les autres de ne pas vouloir les renvoyer dans leur pays, puis engagent de nouveaux préparatifs pour tenter d'intimider l'adversaire et le pousser vers des options politiques qu'il ne souhaite pas.

Ceux-là extraient la question des déplacés de son caractère humanitaire et la renvoient vers le champ politique, et au lieu de se montrer solidaires des réfugiés qui ne sont responsables en rien, contribuent à développer un état d'hostilité qui risque de dégénérer en actes de vengeance et d’intimidation. Et c’est ainsi que l'hostilité grandit entre les deux peuples.

Il est temps pour les politiciens de cesser d'exploiter ce dossier à des fins personnelles, de se livrer à des surenchères et des tentatives répétées d'exiger obéissance et loyauté ! Que cette question soit laissée aux personnes directement concernées, et qu’elle soit traitée dans les cadres juridique et officiel adoptés dans des cas similaires. Et que l’État libanais tranche ce problème à travers le Conseil des ministres, et détermine une politique et un discours unifiés qu’il communiquera au monde entier, afin d’exercer une pression qui puisse être efficace, au lieu d’étaler ses divisions, ce qui ne sert ni les Libanais ni les réfugiés.

Ghassan Hajjar

Rédacteur en chef du quotidien an-Nahar


Les articles, enquêtes, entrevues et autres, rapportés dans ce supplément n’expriment pas nécessairement l’avis du Programme des Nations Unies pour le développement, ni celui de L'Orient-Le Jour, et ne reflètent pas le point de vue du Pnud ou de L'Orient-Le Jour. Les auteurs des articles assument seuls la responsabilité de la teneur de leur contribution.



Children are our Future


Every child has the right to an education. All parents – including myself – have one major wish: to give their kids a chance to learn, to play and to discover the world – and in the end to create a better future for them and for all of us.

Unfortunately still many children in Lebanon are not attending school and have no access to formal education. This remains a challenge for all of us – we owe it to the children and to the future of this country to improve this situation!

The international community has therefore pledged to improve education worldwide. The 2030 Agenda for Sustainable Developments has the objective to «ensure inclusive and equitable quality education and promote lifelong learning opportunities for all».

In the past years we managed to bring more children into school and to improve the quality of education. In the past four years German support helped educate more than half a million kids in Lebanon. More than 150 Lebanese public schools were rehabilitated, with our support. Another EUR 50 million will be committed by Germany to the Lebanese Programme «Reaching All Children with Education» (RACE), bringing the total German contribution to this project up to EUR 250 million since 2014. This is an impressive joint achievement which we should be proud of.

Germany stands ready to support Lebanon – not only by contributing to the RACE programme but also by investing into the infrastructure of Lebanese public schools and by supporting the Ministry of Education in strengthening their capacities to ensure quality education for all.

Dr. Georg Birgelen

Ambassador of the Federal Republic of Germany to Lebanon


Education, a Weapon for Peace

As Lebanon marked the somber anniversary of the beginning of Lebanon’s civil war, this supplement will examine and reflect on how education can sustain peace, and the deliberate policies and strategies that need to be put in place to maximize the positive effects of education on peace. Specifically, it will seek to tackle the complex issues that affect education across the Lebanese society – from administration to culture, from child protection to curricula. It will do so by focusing the various articles on and giving voice to the teachers, academics, those working in agencies supporting education, and most of all the children and students who long for learning.

As we look to the issue of education and peace, three main elements have globally been highlighted in the last decade. The first area relates to concerns to the protection of children in situations of crisis, and the response to the negative impacts that conflicts will have on their education. A second focus prioritizes “do no harm” to ensure that education does not reinforce inequalities or fuel further divisions. A third area relates to education and peacebuilding more specifically, with a focus on reforms to the education sector itself and its contributions towards broader political, economic and social transformations in post-conflict settings.

The focus of our supplement is both important and timely globally and in Lebanon, as further emphasis is being placed on the achievement of Agenda 2030 for Sustainable Development. The role of education in realizing the Sustainable Development Goals is clear, as outlined in Goal 4 with a focus on ensuring inclusive and equitable education for all, and imparting knowledge and skills needed to promote sustainable development, including through promotion of a culture of peace and non-violence, global citizenship and appreciation of cultural diversity.

Just like for previous supplements, we hope that it will stimulate dialogue on collective approaches and strategies to strengthen the contribution of education towards long-term peace building in Lebanon, where an important alternative to violence lies in a vibrant classroom.

Celine Moyroud

UNDP Resident Representative a.i.


A Forced Marriage

One of many legislative aberrations in our country has been to couple the salaries of private sector teachers with those of the public sector. Thus, under the pretext that at one time their Union did not have enough influence to negotiate the sector’s demands, the government at the time decided to hitch their fate to the caravan of the public sector. Meanwhile, the great advantage of having their salaries raised regularly along with those of civil servants was dangled before private-sector teachers.

However, over the years, the number of civil servants has almost quadrupled. It thus became practically impossible to revise their remuneration without further widening the public deficit and increasing public debt, with all that comes with it in terms of threatening the stability of the national currency. The latest salary scale for civil service, arduously pushed through Parliament last year, has had serious repercussions on the government budget because of the huge gap between appropriations and the amount that must actually be disbursed, hugely inflating the government’s wage bill. Added to this is the recruitment of thousands of additional public servants, uncontrolled as much as it is illegal, as a result of corruption and political clout.

What has become of the teachers’ rightful demand? The part that concerns them in the new salary grid is so vague that it ended up creating an inextricable muddle of the relationship between the private school administrations, employees and parent committees, with the looming specter of rising tuition fees.

The urgency today for private teachers is to regain their union’s autonomy by quickly extricating themselves from this forced marriage with the public sector, to try as much as possible to recover their rights, away from government mismanagement and cobbled-up approach.

Gaby Nasr

Managing Editor - L’Orient-Le Jour supplements


Political Exploitation Hurts Refugees

There is talk of a new wave of refugees from Syria to Lebanon. This time the reasons are economic and related to living conditions. The Syrians are suffering from extreme poverty in many regions, especially areas remote from the capital Damascus, as they lack the basics following the destruction of infrastructure, factories and plants, and agricultural land.

The news—the expected inflow of refugees spread by politicians close to Damascus and not the opposite camp—does not serve, in any case, the interest of Syrian refugees coming to Lebanon, because it fuels the fears of the Lebanese of a new wave of refugees that the small country cannot accommodate at any level, whether in terms of living conditions, finance or security.

Some politicians manipulate the refugee card for political pressure. They accuse others of not wanting to send them back to their country, and then promote figures of new refugees as a means of fearmongering to push the other toward political options they may not want.

They take the refugee card out of its humanitarian context to the political, and instead of empathizing with refugees, who are not to blame, promote a state of hostility that balloons to the point of revenge and intimidation. And with it the hostility between the two peoples deepens.

Politicians should stop exploiting the issue of refugees to personal ends and for personal interests, upstaging one another and continuing to try to impose duties of obedience and loyalty. Leave the issue to those directly concerned to be dealt with within the legal and official frameworks adopted in similar cases. The Lebanese State, through a meeting of the Council of Ministers, should set its policy and convey it to the world in a unified letter and project to exert pressure effectively, instead of appearing divided internally, in a way that neither the State nor refugees-victims benefit.

Ghassan Hajjar

Editor in Chief - An-Nahar newspaper


The articles, interviews and other information mentioned in this supplement do not necessarily reflect the views of the United Nations Development Programme, of L'Orient-Le Jour, nor of the Pnud. The content of the articles is the sole responsibility of the authors.

Les enfants sont notre avenirChaque enfant a droit à l'éducation. Tous les parents – y compris moi-même – ont un souhait majeur : donner à leurs enfants une chance d’apprendre, de jouer et de découvrir le monde – et en fin de compte, créer un meilleur avenir pour eux et pour nous tous.
Malheureusement, de nombreux enfants au Liban ne vont pas à l'école et n'ont pas accès à...

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