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Liban - Social

Fonctionnaires et enseignants reprennent aujourd’hui une activité normale

Les enseignants des écoles privées n’ont observé qu’une journée de grève, lundi, mais annoncent une escalade.

Fonctionnaires et enseignants du public reprendront aujourd’hui une activité normale après deux journées d’une grève qui a été plus ou moins suivie, selon les secteurs et les régions. Ils entendaient protester contre les rumeurs de coupes de leurs salaires dans le projet de budget d’austérité à l’étude par le Conseil des ministres. Quant aux enseignants des écoles privées, qui craignent une dissociation de la législation qui les priverait de leurs droits, ils ont repris les cours normalement, hier, après une seule journée de grève en demi-teinte.


La grève en demi-teinte des fonctionnaires

Si les manifestants ont fait entendre leur voix, lundi, place Riad el-Solh, et paralysé pour la journée le secteur des douanes notamment, provoquant la ruée des automobilistes vers les stations d’essence, la grève dans la fonction publique n’a été suivie que partiellement, hier. Malgré la fermeture annoncée des administrations publiques, les fonctionnaires étaient à leur poste pour nombre d’entre eux.

« Officiellement, ils avaient annoncé leur volonté de faire acte de présence dans leurs administrations, tout en se gardant de travailler, mais la réalité était tout autre », rapporte à L’Orient-Le Jour une syndicaliste de l’enseignement public secondaire, Siham Antoun, rattachée au Centre de recherche et de développement pédagogique. « Pour avoir pris connaissance d’une copie du projet de budget qui a fuité, ils ont réalisé qu’ils ne seraient pas touchés par les mesures d’austérité adoptées dans le nouveau budget par le Conseil des ministres, pas plus que les enseignants de l’école publique. » Et que « seuls les salaires des militaires retraités seraient taxés en contrepartie d’allocations de santé ». « La tension est alors retombée », note la syndicaliste qui ajoute que « la fonction publique est encore peu organisée sur le plan syndical ». Sans oublier que « les pressions politiques ont eu raison des velléités des fonctionnaires indépendants, qui appelaient à une grève ouverte ». « Même les enseignants de l’école publique, qui sont mieux organisés sur le plan syndical, ont rapidement mis fin à la grève », explique Mme Antoun. « Nombre d’écoles publiques ont donc ouvert leurs portes aux élèves mardi », assure-t-elle. Et comme « la majorité des syndicats sont aujourd’hui infiltrés par des partis proches du pouvoir », « les pressions politiques contre une grève ouverte ont eu gain de cause ». Il faut dire aussi que les enseignants du public ont été rassurés, eux aussi, par « les fuites du projet de budget ».

Saluant de son côté « les mouvements de protestation qui s’organisent par vagues, contre la crise financière et sociale, l’échec de la classe au pouvoir, le système économique en place et l’absence de vision du gouvernement », le secrétaire général du Parti communiste libanais, Hanna Gharib, reconnaît les limites de l’activité syndicale et son infiltration par le pouvoir en place. « Mais au cœur des syndicats proches du pouvoir, des comités indépendants voient le jour et commencent à faire pression », assure-t-il à L’OLJ. C’est ainsi que « les enseignants de l’Université libanaise poursuivent leur grève ouverte depuis deux semaines pour protester contre la rumeur d’une coupe de leurs salaires et de certains de leurs avantages », souligne Mme Antoun qui salue « la victoire des indépendants au sein de l’institution universitaire publique ».


(Lire aussi : Salaire des enseignants : pas de dissociation « pour l’instant » entre le public et le privé, promet le CPL)


Les enseignants du privé, toujours pas rassurés

De leur côté, les enseignants de l’école privée ont repris les cours normalement hier, après une seule journée de grève lundi, au cours de laquelle ils ont participé au sit-in, place Riad el-Solh. « Ils attendent pour l’heure les instructions du Syndicat des enseignants de l’école privée qui a annoncé l’escalade, à l’issue d’une réunion exceptionnelle de son comité exécutif », comme l’indique à L’OLJ une enseignante du Grand Lycée franco-libanais, Yana Samrani. Dans un communiqué, le syndicat a souligné que « la bataille se poursuit pour les six échelons de la loi 46 sur l’échelle des salaires » et a mis en garde « contre la dissociation de la législation entre l’enseignement privé et la fonction publique ». Une dissociation qui les forcerait à « des contrats de groupe avec leurs administrations scolaires et violerait ainsi leurs droits ».

Les enseignants du privé craignent toujours de n’être pas protégés, malgré les assurances du ministre de l’Éducation, Akram Chehayeb, qui s’est prononcé contre la dissociation de la législation. Malgré aussi celles du ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, à l’origine de la polémique, qui a toutefois promis à L’OLJ, lundi soir, par la voix de son conseiller en matière éducative, Rock Mehanna, que « la dissociation ne se fera que si le syndicat des enseignants devient un ordre, susceptible de protéger les droits des enseignants et de réguler la profession ».




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