Le gouvernement, réuni pour la dix-septième fois depuis fin avril au Grand Sérail afin de plancher sur l’avant-projet de loi de finances pour l’année en cours, censé prévoir des mesures d’austérité sans précédent, va présenter un budget prévisionnel dont le déficit public sera autour de 7,6 % du PIB, conformément aux recommandations de la conférence de Paris (CEDRE). « Nous avons terminé (hier) l’examen de toutes les dispositions. Les chiffres, notamment ceux des dépenses et des recettes, ainsi que les dispositions juridiques, sont finalisés. Le déficit prévu sera autour de 7,6 % du PIB », a ainsi déclaré le ministre de l’Information, Jamal Jarrah, à l’issue de la réunion du Conseil des ministres.
Beyrouth s’est en effet engagé durant la CEDRE à baisser de cinq points de pourcentage le ratio déficit public/PIB sur une durée de cinq années consécutives. Le gouvernement avait présenté, à ce moment-là, un budget prévisionnel pour 2018 dont le déficit public ne dépassait pas les 9 % du PIB (alors qu’en réalité, il a fini par atteindre 11,2 % cette même année), ce qui signifie que celui de 2019 devrait baisser à au moins 8 % du PIB. Toutefois, les estimations du ratio déficit public/PIB pour 2019 reposent sur une prévision de croissance de 1,5 % pour la même année, alors que la Banque mondiale table sur une croissance de 0,9 %, et le Fonds monétaire international sur 1,3 %.
Le déficit réel pour 2018 devrait se situer à 6,3 milliards de dollars, selon plusieurs estimations convergentes, alors que le ministère des Finances n’a toujours pas publié les comptes publics de décembre 2018. Dans la première version de l’avant-projet de budget de 2019, le ministre des Finances prévoyait officiellement un déficit public de 4,68 milliards de dollars, mais qui atteignait les 5,4 milliards de dollars si on prenait en compte les 793 millions de dollars d’avances du Trésor déjà débloquées par le Parlement cette année pour payer le carburant commandé par Électricité du Liban.
Depuis le début de l’examen du texte en Conseil des ministres fin avril, cette baisse du déficit public de l’ordre de 900 millions de dollars a alors été jugée insuffisante par les autres membres du gouvernement. Ils s’étaient alors engagés le 9 mai à identifier de nouvelles sources d’économies budgétaires supplémentaires allant de 660 à 800 millions de dollars, de manière à aboutir à un ratio déficit public/PIB situé entre 7 et 8 % et honorer ainsi l’engagement pris par Beyrouth à la CEDRE. Mais estimant que cela ne permettait pas d’atteindre les objectifs souhaités en matière de réduction du déficit public, le ministre des Affaires étrangères et chef du CPL, Gebran Bassil, a remis le 14 mai à ses collègues une quarantaine de mesures visant à intervenir sur les retraites, les allocations sociales, les salaires, le service de la dette, l’évasion fiscale et la contrebande, les dépenses courantes et les recettes fiscales. La plupart d’entre elles ont été approuvées en Conseil des ministres.
(Lire aussi : Le gouvernement veut émettre des bons du Trésor à 1 %)
Dernière réunion aujourd'hui ?
Par ailleurs, M. Jarrah a indiqué que le gouvernement avait examiné hier la question de la rémunération et des indemnités des ministres et des députés qui sera tranchée lors d’une nouvelle réunion du Conseil des ministres aujourd’hui à midi. Celle-ci pourrait être la dernière. « Je crois que la séance (d’aujourd’hui) sera la dernière consacrée à l’examen du texte. Nous avons examiné aujourd’hui le dossier des rémunérations des ministres et des députés. Nous prendrons une décision demain (aujourd’hui) sur ce point », a-t-il ajouté, indiquant que le gouvernement n’avait pas « touché aux salaires dans la fonction publique ». De son côté, Gebran Bassil a affirmé avoir « besoin de plus de temps » pour finaliser le texte du budget. Une fois adopté en Conseil des ministres, le projet de budget devra être examiné par la commission parlementaire des Finances et du Budget, avant d’être voté en session plénière.
Le budget aurait dû en principe être adopté avant son année d’exécution – ou au maximum à la fin du mois de janvier 2019. L’autorisation accordée début mars par le Parlement pour permettre à l’État de se financer selon la règle du douzième provisoire expire, elle, le 31 mai.
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commentaires (6)
Nous avons donc une équipe de 30 ministres, dont 9 sont des "ministres d'Etat", nommés uniquement pour satisfaire les exigeances de telle communauté ou de tel parti. Très probablement sans avoir vérifié auparavant se ces ministres d'Etat sont compétents pour le poste attribué... D'ailleurs, on n'entend jamais parler d'eux, ni de leurs projets ou réalisations ! On les voit juste sur la sempiternelle photo des réunions du gouvernement...autour de l'immense table. Alors, 9 ministres-bibelots plus ou moins inutiles à la bonne marche de notre pays, cela représente quel montant du BUDGET 2019 ??? Irène Saïd
Irene Said
18 h 18, le 21 mai 2019