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À La Une - disparition

Le patriarche Sfeir, un "artisan déterminant de paix" au Liban, salue le pape

Les hommages et condoléances, tant sur le plan national qu'international, se poursuivent.

Le patriarche émérite Nasrallah Sfeir, le 16 juin 2010. AFP / Lionel BONAVENTURE

Le patriarche émérite maronite Nasrallah Boutros Sfeir, décédé dans la nuit de samedi à dimanche à trois jours de son 99e anniversaire, a été "un artisan déterminant de rassemblement, de paix et de réconciliation" au Liban, a souligné mardi le pape François.

Le cardinal Sfeir était connu pour son opposition farouche à la présence syrienne au Liban et pour son engagement en faveur de la réconciliation entre druzes et chrétiens. Depuis dimanche, les hommages et condoléances, tant sur le plan national qu'international, se poursuivent et deux jours de deuil officiel ont été décrétés mercredi et jeudi, jour des funérailles du dignitaire.

"Homme libre et courageux, le cardinal Sfeir exerça sa mission dans un contexte troublé, et fut un artisan déterminant de rassemblement, de paix et de réconciliation. Ardent défenseur de la souveraineté et de l'indépendance de son pays, il restera une grande figure de l'histoire du Liban", écrit le souverain pontife dans un télégramme de condoléances publié mardi.  Le pape argentin souligne avoir "appris avec tristesse" le décès de celui qui dirigea de nombreuses années l'Eglise Patriarcale d'Antioche des Maronites avec "autant de douceur que de détermination".  Il fut "un pasteur sage et engagé qui a su manifester l'amour de Dieu au peuple qui lui avait été confié", a-t-il encore commenté.

Mgr Sfeir avait été élu en 1986 chef de la plus grosse communauté chrétienne du Liban, alors déchiré par une guerre civile meurtrière (1975-1990) opposant communautés religieuses et milices. "Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient", il avait été nommé cardinal de l'Eglise catholique en 1994 par le pape Jean-Paul II. Il avait présenté sa démission au Vatican en 2011 à l'âge de 90 ans.



(Lire aussi : « Musulmans et chrétiens admiraient le patriarche Sfeir, c’était un vrai patriote »)



"Une page brillante de l'histoire du Liban"
Mardi, le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, s'est rendu à la tête d'une délégation de Dar el-Fatwa, au siège du patriarcat de l'Eglise maronite, à Bkerké (au nord de Beyrouth), afin de présenter ses condoléances pour la disparition du patriarche émérite. "Le patriarche Sfeir a marqué une page brillante de l'histoire du Liban", a-t-il déclaré. "Nous nous tenions toujours à ses côtés pour assurer la sauvegarde de la paix nationale et l'unité des Libanais", a-t-il ajouté.

De son côté, le patriarche grec orthodoxe d'Antioche et de tout l'Orient, Jean X Yazigi, a également salué la mémoire du patriarche Sfeir, "pôle chrétien dont la première et ultime obsession était de préserver l'essence du Liban, basée sur le vivre-ensemble".

Le patriarche maronite actuel, Mgr Béchara Raï, a par ailleurs reçu l'ambassadeur syrien à Beyrouth, Ali Abdelkarim Ali, venu présenter ses condoléances. Mgr Raï a également reçu le cheikh akl druze Naïm Hassan et l'ambassadeur iranien, Mohammad Jalal Firouznia.

Le sous-secrétaire d’État américain pour le Proche-Orient, David Satterfield, qui est arrivé aujourd'hui à Beyrouth, s'est lui aussi rendu au siège patriarcal afin de rendre hommage au patriarche maronite émérite. "Nous sommes venus présenter nos condoléances au nom de tout le peuple américain pour la disparition du grand cardinal Nasrallah Sfeir", a déclaré M. Satterfield à l'issue de sa réunion avec le patriarche maronite, Béchara Raï. "C'était un grand homme, patriote durant sa vie et dans son travail, et tout ce qu'il accomplissait, il le faisait pour tous les Libanais et pour son pays. Il était à l'affût de tous les défis auxquels a fait face le Liban et a affronté l'hégémonie (syrienne) sur le pays afin de sauvegarder la paix et l'indépendance de sa patrie", a également dit le responsable américain. "Il a tout notre respect, et nous rendons hommage à son âme. Nos condoléances à tous les Libanais", a conclu M. Satterfield.



(Lire aussi : Le Chouf pleure le « patriarche de la réconciliation »)




Préparatifs du dernier adieu
Par ailleurs, les préparatifs vont bon train pour aménager le grand parvis du siège patriarcal maronite de Bkerké, où une foule historique est attendue dès mercredi pour les obsèques du cardinal Sfeir, décédé dont l’inhumation est prévue jeudi à 17 heures. Selon le responsable à l’information du patriarcat, Walid Ghayad, le convoi funéraire doit transférer la dépouille mortelle de Nasrallah Sfeir de l’Hôtel-Dieu à Bkerké. Le convoi, qui s’élancera à 10 heures, ne fera pas d’arrêts, mais ralentira toutes les fois qu’il verra un attroupement de fidèles sur son parcours.

Un accueil populaire sera réservé à la dépouille patriarcale à la grille d’entrée du patriarcat, a précisé M. Ghayad. Conduit par Mgr Raï, le cortège funéraire franchira ensuite la distance qui le sépare de la grande église, où des messes s’enchaîneront jusqu’à minuit. Par déférence, il est demandé aux fidèles de ne pas prendre la dépouille en photo. Les personnalités désireuses d’assister jeudi aux obsèques ont été priées d’entrer en contact dès aujourd’hui avec le siège patriarcal, et il est demandé que seuls les drapeaux libanais et celui du patriarcat maronite soient brandis.

Pour ce qui est de la circulation, des navettes seront organisées dès aujourd’hui au départ de certains points fixes, sur toutes les routes menant au siège patriarcal. Il ne sera donc pas possible de l’atteindre par la route, sinon aux convois officiels et autorisés. Les points de départ et d’arrivée de navettes sont : le Casino du Liban, le stade Fouad Chéhab, le nouveau port de Jounieh, l’USEK, le sérail de Jounieh, le couvent de Bzoummar, le collège des Apôtres (pour les religieux exclusivement) et les pères paulistes, à Harissa, pour le clergé.



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