Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s'en est pris jeudi sans le nommer au leader druze Walid Joumblatt qui avait déclaré la semaine dernière que les fermes de Chebaa n'étaient pas libanaises, affirmant que la résistance, ainsi que l’État libanais, avaient la responsabilité de libérer ce territoire. Dans un discours prononcé lors d'une cérémonie marquant le troisième anniversaire de l'assassinat du commandant du Hezbollah en Syrie, Moustapha Badreddine, le leader chiite a également réitéré ses menaces contre Israël en cas d'une nouvelle offensive militaire contre le Liban.
Moustapha Badreddine, assassiné à Damas en mai 2016, est considéré par l'accusation dans le procès de l'affaire Rafic Hariri, devant le tribunal spécial pour le Liban (TSL), à La Haye, comme étant le "cerveau" de l'attentat ayant coûté la vie à l'ancien Premier ministre, le 14 février 2005 à Beyrouth. Le TSL doit livrer son verdict dans les mois qui viennent.
"Les États-Unis, ainsi que l'Europe et certains pays du Golfe, essaient de créer les conditions pour justifier le lancement d'une offensive israélienne contre le Liban. Aux Libanais, je dis : ne laissez personne vous intimider car vous n'êtes pas faibles. Le Liban est fort et son pouvoir réside dans le triptyque armée-peuple-résistance. Je le redis, toute force israélienne qui entrera au Liban-Sud sera détruite sous les yeux du monde", a déclaré le leader chiite.
"Il s'agit d'un nouvel épisode d'une guerre d'intimidation psychologique menée dans le but de contraindre l’État libanais à faire des concessions en faveur d'Israël sur les dossiers des frontières maritimes et terrestres, ainsi que celui des fermes de Chebaa", a-t-il estimé. "Certains disent que les fermes de Chebaa ne sont pas libanaises. La question de la souveraineté sur le territoire libanais doit être tranchée par l’État libanais, qui doit mettre les moyens de libérer ses territoires. A partir du moment où l’État libanais, le gouvernement et le Parlement décrètent que les fermes de Chebaa sont libanaises, alors elles sont libanaises. Pour la résistance, la question est tranchée. Elle est engagée par la décision de l’État libanais. La résistance porte, aux côtés de l’État, la responsabilité de libérer ces territoires occupés", a-t-il poursuivi.
"Ceux qui croyaient à la libanité des fermes de Chebaa et qui n'y croient plus, et qui disent aujourd'hui que ce territoire n'est pas libanais, parlent dans le vide et tiennent des propos qui n'ont pas de valeur. Ceux qui ont changé d'avis ne font ni avancer, ni retarder quoi que ce soit", a lancé Hassan Nasrallah.
La semaine dernière, M. Joumblatt avait affirmé dans une interview à Russia Today qu’après la libération du Liban-Sud, en l’an 2000, "des officiers libanais ont entrepris, en collaboration avec la Syrie, de modifier les cartes géographiques pour faire en sorte que les fermes de Chebaa et Wadi el-Aassal (à la frontière avec le Golan) soient intégrés au territoire libanais, afin de garder le prétexte d’une terre occupée qu’il fallait libérer à tout prix". "Les fermes de Chebaa ne sont pas libanaises. En théorie, c’est nous qui les occupons", avait-il dit.
Les propos du leader du Parti socialiste progressiste ont provoqué la colère des ténors du camp de la résistance, dont son rival sur la scène druze, le chef du Parti démocratique libanais Talal Arslane, qui n’ont pas tardé à réagir en s’en prenant violemment à M. Joumblatt. Mardi, le ministre de la Défense Elias Bou Saab avait affirmé que "la libanité des fermes de Chebaa et des collines de Kfar Chouba est inscrite dans la déclaration ministérielle", ajoutant que toute personne qui pense autrement est invitée à débattre de cette question en Conseil des ministres".
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Budget : Nasrallah lance un appel aux banques
Sur un autre dossier, Hassan Nasrallah a appelé les formations représentées au gouvernement à mener les discussions autour du budget pour l'exercice 2019 en Conseil des ministres et à les éloigner des polémiques dans les médias. "Ce genre de polémiques risque de compliquer l'approbation du budget", a-t-il déclaré, estimant que "le texte du budget ne contient pas la plupart des mesures d'austérité qui ont filtré ces derniers jours". "Il y aura des mesures d'austérité mais certains doivent prendre leurs responsabilités", a-t-il ajouté, appelant notamment les banques libanaises à faire preuve de "responsabilité nationale". "Les banques doivent prendre part à la solution concernant le service de la dette et la baisse des taux d'intérêts".
Le gouvernement libanais examine depuis mardi un projet de budget présenté par le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, qui prévoit une politique d'austérité suscitant la colère dans la rue. Plusieurs formations politiques représentées au gouvernement, dont le Hezbollah, ont affirmé qu'elles refuseraient que ces mesures d'austérité touchent les classes les plus défavorisées.
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Il y a plusieurs semaines, des propos du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, concernant une éventuelle réduction des salaires des fonctionnaires avait provoqué des tensions et les employés de la fonction publique avaient observé un jour de grève, mi-avril, afin de protester contre toute mesure en ce sens. Le président Michel Aoun, le Premier ministre Saad Hariri et le président du Parlement, Nabih Berry, ont ensuite tenté d'apaiser les tensions en affirmant qu'il ne s'agissait que d'"idées" ou encore de "rumeurs". Les fonctionnaires ont entamé aujourd'hui une grève qui se poursuivra jusqu'à samedi.
Mercredi, des centaines de personnes ont manifesté leur colère contre les responsables libanais à l'appel de divers syndicats et mouvements de gauche, à l'occasion de la fête du Travail du 1er mai.
La veille, mardi, les militaires retraités avaient investi en masse des secteurs névralgiques du pays, paralysant leur fonctionnement et occasionnant pour l’État plusieurs millions de dollars de manque à gagner, après avoir interdit l’accès des fonctionnaires au port de Beyrouth, à la Banque centrale et au ministère des Finances. Ce sit-in, le deuxième du genre organisé par les militaires retraités, veut mettre en garde contre toute éventuelle réduction des compensations et indemnités ou atteinte aux droits et acquis des vétérans de l'armée libanaise.
Sur un autre plan, Hassan Nasrallah a souligné que le groupe État islamique, "qui sert le projet américano-saoudien", "continue de constituer une menace". "Ne pensez pas que Daech est éliminé. Des commandos suicide pourraient encore frapper en Syrie et en Irak", a-t-il déclaré.
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commentaires (10)
faut etre juste la ! au lieu de palabrer stupidement sur la"nationalite" de chebaa, ghjar et pt't de nouveaux lopins de terre non encore delimites, voyons voir - essayons donc de definir la citoyennete libanaise du liban LIBANAIS ! ni syrien, ni palestinien, ou saoudien, iranien ou autre ! DES LORS qu'on se retouvera a une definition vraie et commune, chebaa, la reconnaissance de assad ou pas ..... PAS IMPORTANTS POUR UN SOU !
Gaby SIOUFI
16 h 12, le 03 mai 2019