Joumblatt : Le Hezbollah ne peut pas confisquer ma décision indéfiniment

« Le printemps arabe se poursuit », a affirmé hier le chef du PSP, Walid Joumblatt, dans une émission spéciale sur la LBCI, citant en exemple ce qui se passe en Algérie et au Soudan, où des peuples prennent la parole et s’expriment. En contraste, le leader du PSP s’est dit désenchanté de ce qui se passe au Moyen-Orient.

Il a laissé éclater son amertume, en particulier, au sujet du cours que suivent les choses en Syrie, dont il a comparé « le régime inhumain et despotique » à celui d’Israël. « Les sionistes provoquent des exodes au même titre que le régime syrien », a-t-il dit, assurant que le grand rêve arabe s’est évanoui avec la disparition de Nasser et de Arafat, et que son père déjà, Kamal Joumblatt, avait refusé de « rejoindre la grande prison syrienne », ce qui lui a coûté la vie. L’Iran et le Hezbollah ont rempli le vide laissé par les Arabes, et ont repris le flambeau de la défense de la Palestine, a enchaîné M. Joumblatt, mitraillé de questions. « Certes, a-t-il dit en substance, je conçois que la population du Liban-Sud ait pu considérer que le Hezbollah la défend, mais je rêve d’un Liban où le dédoublement du pouvoir aura disparu, ou il n’y aura plus qu’un seul pouvoir exécutif. »

« Nous avons le droit de rêver, a renchéri le leader druze. Le Hezbollah ne peut confisquer ma libre décision indéfiniment. Il doit s’ouvrir aux critiques, il doit apprendre à écouter. » Certes, une guerre peut hypothétiquement éclater à tout moment, a répondu en substance M. Joumblatt à l’une des questions posées, mais ne crois pas que (Benjamin) Netanyahu va s’y aventurer. Il tentera au préalable d’anéantir toute opposition à Gaza.

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Sans illusions

Le Liban est-il au bord de l’effondrement ? À cette question, M. Joumblatt répond par la négative, ajoutant que l’argent de la conférence dite CEDRE est « une bonne occasion, à condition qu’il soit utilisé à bon escient ». Toutefois, il a affirmé ne pas se faire d’illusions sur la possibilité qu’une société politique corrompue soit capable de s’autocorriger.

Sur les richesses gazières du Liban, M. Joumblatt a regretté que le Liban n’en ait pas la pleine maîtrise. Au sujet des ressources du bloc dont une partie lui est disputée par Israël, il a répondu, laconiquement : « On nous a proposé de négocier directement… ce qui n’est pas dans nos possibilités. »

M. Joumblatt a par ailleurs, une fois de plus, « maudit » la théorie de « l’alliance des minorités ». Il a dit continuer à croire au Liban, mais pas celui de la ségrégation communautaire et des « communautés protégées ». Il a félicité d’autre part la ministre de l’Intérieur, Raya el-Hassan, pour avoir rouvert le débat sur le mariage civil, tout en rêvant d’une classe politique capable de « casser » l’emprise des communautés sur l’état civil.

Sur le plan personnel, M. Joumblatt a affirmé qu’il continue d’être actif politiquement, en attendant que son fils Taymour ait « trouvé sa place d’avenir », comme il a assuré qu’il continuera de résister aux « chauves-souris » qui l’attaquent sournoisement sous le couvert de l’obscurité. Le Liban de l’avenir, il le voit dans une juste redistribution des richesses du pays, et notamment une nette indépendance de l’industrie vis-à-vis de la classe commerçante, la protection de l’agriculture et le développement d’industries légères, en particulier de l’industrie informatique.

Enfin, reprenant une vieille proposition de l’ancien chef de gouvernement Saëb Salam, M. Joumblatt a dit, sans se faire d’illusions, un « pourquoi pas » à l’idée d’une alternance des communautés à la tête des trois présidences, rappelant que sous le mandat français se sont succédé à la tête de l’État des présidents grecs-orthodoxes, maronites et même un protestant.

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