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Liban - Lutte anticorruption

Le Hezbollah se pose en champion... mais sans embarrasser ses alliés

Le parti chiite mène ses enquêtes secrètement, mais n’est pas prêt à dénoncer publiquement les responsables.

Le secrétaire général du Hezbollah. Capture d’écran

Placée à la tête des priorités du nouveau gouvernement, la lutte contre la corruption fait désormais l’objet d’une concurrence et d’une surenchère entre les différents camps politiques qui s’évertuent à tour de rôle de dénoncer un fléau qui a achevé de gangréner l’État.

Après les tirades publiques au Parlement lors du vote de confiance au gouvernement, axées sur la nécessité d’éradiquer le mal et de s’attaquer aux réformes, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s’est mis de la partie en annonçant samedi la détermination du Hezb à s’attaquer le plus sérieusement possible à ce dossier, loin de la très grosse polémique sur ses armes et sur sa participation à la guerre en Syrie aux côtés de Bachar el-Assad. « Les préparatifs en vue de la bataille contre la corruption et la dilapidation ont commencé au sein du parti ». « Nous voulons protéger les deniers publics et empêcher les voleurs et les cupides de voler cet argent », a déclaré Hassan Nasrallah dans un discours télévisé prononcé à l’occasion de la « commémoration annuelle des grands martyrs du parti ».

La déclaration du leader chiite survient au lendemain des propos alarmants formulés vendredi par Hassan Fadlallah, député du Hezbollah, qui avait affirmé que « le Liban se trouve dans une situation catastrophique et dangereuse ». Évoquant les clôtures des comptes budgétaires des précédents exercices que le ministère des Finances vient de finaliser, il a ajouté que les documents disponibles « peuvent conduire plusieurs personnes en prison ».

Lancé par le Hezbollah à la veille des législatives de mai 2018, le slogan de la lutte contre la corruption aurait été aussitôt suivi de la mise en place d’un mécanisme global et d’une équipe de travail qui planche depuis, et de manière de plus en plus accélérée ces derniers mois, sur la constitution d’une base de données lui permettant de pointer du doigt les fuites, la dilapidation et les détournements de fonds au sein de l’État. Un travail effectué dans « la plus grande discrétion », comme le confirme une source proche du parti chiite, mais « qui ne vise pas pour autant à dénoncer publiquement, du moins pour le moment, les malversations constatées ».


(Lire aussi : Corruption : Le Liban, un pays "à surveiller", estime Transparency International)


Mettre la pression
Hassan Nasrallah a d’ailleurs pris soin de rassurer samedi, ceux parmi ses alliés notamment, en affirmant que son parti « n’a pas l’intention d’ouvrir la voie à la diffamation et porter atteinte à la réputation des personnes. C’est à la justice de se prononcer », a-t-il souligné, renvoyant la balle dans le camp du ministre concerné. Des propos qui en disent long sur la volonté déclarée du parti à rouvrir les vieux dossiers entachés de corruption et à restituer à l’État les fonds ayant été usurpés, comme l’a promis le secrétaire général dans sa dernière intervention. Dans les milieux proches du parti, on affirme toutefois qu’en dépit du sérieux dont fait montre le Hezbollah en matière de lutte contre la corruption, il n’est pas disposé à affronter ses partenaires politiques qui pourraient être pointés du doigt, encore moins à les embarrasser.

Dans ces milieux, on fait même état d’une réunion qui aurait eu lieu entre de hauts représentants du Hezbollah avec le président du Parlement Nabih Berry sur cette question. Les échanges se seraient conclus par une entente autour du principe selon lequel “ce qui est fait est fait”, l’accent devant être désormais mis à partir d’aujourd’hui sur un contrôle plus serré des dépenses publiques.

Le secrétaire général y a fait vaguement allusion en insistant samedi sur la nécessité de renforcer le dispositif légal susceptible d’empêcher la corruption et de réhabiliter le rôle des instances de contrôle qui, selon lui, pourraient stopper ce fléau dans une large proportion. Selon une source proche du parti, le Hezbollah va opter en parallèle pour une politique de dissuasion dans certaines administrations et fera en sorte de mettre la pression sur ceux parmi les responsables qui protègent les personnes ou fonctionnaires corrompus au sein de l’État, pour qu’ils ne puissent plus bénéficier d’une couverture politique.

À ceux qui reprochent au parti de vouloir jouer au justicier et de « voir la paille dans l’œil de ses voisins mais pas la poutre dans le sien », la source répond que le Hezbollah a commencé, dès à présent, à faire le ménage en son sein, en déférant devant le tribunal interne des partisans accusés de fraude et de corruption.


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Placée à la tête des priorités du nouveau gouvernement, la lutte contre la corruption fait désormais l’objet d’une concurrence et d’une surenchère entre les différents camps politiques qui s’évertuent à tour de rôle de dénoncer un fléau qui a achevé de gangréner l’État. Après les tirades publiques au Parlement lors du vote de confiance au gouvernement, axées sur la...

commentaires (14)

c'est bien que le hezb rend visite au leader du mouvement Amal en premier c'est la ou le mal commence

EL KHALIL ABDALLAH

19 h 19, le 18 février 2019

Tous les commentaires

Commentaires (14)

  • c'est bien que le hezb rend visite au leader du mouvement Amal en premier c'est la ou le mal commence

    EL KHALIL ABDALLAH

    19 h 19, le 18 février 2019

  • Le Hezbollah est un état dans l'état

    Eleni Caridopoulou

    16 h 20, le 18 février 2019

  • pas de precipitation la ! HN est passible d'echec tonitruant- ceci voulant croire en ses bonnes intentions- au cas ou l'experience de ses patrons iraniens dans ce domaine sera son livre de chevet, son credo.

    Gaby SIOUFI

    13 h 31, le 18 février 2019

  • C'est mon rêve d'enfance de voir la corruption disparaître de mon pays. De voir démantelées toutes les constructions illégales de manière à revoir la mer que j'observais gamin. Mon rêve de rentrer dans un restaurant et d'avoir le droit et la liberté de na pas nuire à ma santé par le tabac passif de mon je m'enfoutiste voisin.Mon rêve de voir la justice de mon pays régner sur tout le territoire. Le rêve reste permis. On ne sait jamais.

    Citoyen

    12 h 53, le 18 février 2019

  • La lutte contre la corruption est un slogan facile à déployer en tous sens et en tous lieux. Commencez par demander à tous les élus et les anciens élus depuis 2009 de la Nation : "Min ayn laka haza ?" D'où vient l'argent pour acheter des terrains par dizaines, des immeubles par dizaines, des comptes dans des banques offshore par dizaines, des signes extérieurs de la richesse par dizaines, des voitures les plus chères par dizaines, des yachts par dizaines, des dépenses électorales par des dizaines de millions... La démagogie a ses limites.

    Un Libanais

    12 h 29, le 18 février 2019

  • Haha c’est magnifique .. tribunal pour interne donc du parti donc forcément chiite pour des crimes envers tous les libanais !! Ben super mais alors se sera un super grand pied de nez au ministère de la justice libanaise

    Bery tus

    10 h 27, le 18 février 2019

  • JUSQU,ICI LE HEZBOLLAH SE COMPORTE EN LIBANAIS. CE QU,IL PEUT AVANCER ET PROUVER AIDERA L,ETAT A ASSAINIR TOUT LE SECTEUR PUBLIC... SANS AUCUNE EXCEPTION !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 18, le 18 février 2019

  • Dossier délicat, le hezb libanais de la résistance ne veut pas ajouter de la confusion à la confusion , ce qui importe à présent c'est de tracer la route de l'avenir. Si déjà la pratique de la corruption venait à se réduire ou disparaître cela serait un grand pas . En tout cas le hezb résistant libanais a balayé devant sa porte, que vont faire les autres ?

    FRIK-A-FRAK

    08 h 51, le 18 février 2019

  • Inféoder toute une communauté à la volonté d’un pays étranger, accepter ses subsides qui se chiffrent par millions, cela s’apelle quoi? Corruption! Charité bien ordonnée commence par soi-meme, M. Nasrallah! Rendez aux Iraniens leur argent et aux Libanais leur amour-propre. Mes consitoyens chiites ne sont pas des mercenaires. Georges Tyan

    Lecteurs OLJ 3 / BLF

    08 h 42, le 18 février 2019

  • "...il n'est pas disposé à affronter ses partenaires politiques qui pourraient être pointés du doigt, encore moins à les embarrasser...et...ce qui est fait est fait..." ! Nous y voilà, c'était trop beau pour être vrai, cette lutte contre la corruption clamée haut et fort. Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 41, le 18 février 2019

  • Incroyable ce principe de "ce qui est fait est fait" (le fait accompli): la corruption n'est-elle pas illégale? Comment les personnes soupçonnées de corruption pourraient-elles échapper à la justice et ne pas avoir à rendre compte de leurs actes et ne pas être condamnées à de lourdes peines financières et de prison? Quant à l'existence d'un "tribunal interne" au Hezbollah, c'est tout aussi énorme: l'Etat n'a pas (non plus) le monopole de la justice? La journaliste a-t-elle vérifié toutes ces infos? Ces infos méritent une investigation plus fouillée quand même, c'est trop gros.

    Marionet

    08 h 37, le 18 février 2019

  • une entente autour du principe selon lequel “ce qui est fait est fait”... Ca ne va pas non? Qu'est-ce que c'est que ce principe? On est vraiment pionier en terme de justice dans ce pays... En plus, le Hezbollah a commencé, dès à présent, à faire le ménage en son sein, en déférant devant le tribunal interne des partisans, voire des sympathisants accusés de fraude et de corruption! Pourquoi pas les deferer devant un vrai tribunal? C'est du n'importe quoi...

    Fadi Chami

    06 h 53, le 18 février 2019

  • Ha ha ha! Quand le ridicule et l'ordinaire se côtoient!

    Nicolas Rubeiz

    04 h 57, le 18 février 2019

  • Deux remarques: "on fait même état d’une réunion qui aurait eu lieu entre de hauts représentants du Hezbollah avec le président du Parlement Nabih Berry sur cette question. Les échanges se seraient conclus par une entente autour du principe selon lequel “ce qui est fait est fait”. Suivez mon regard! Que celui qui se sent morveux, se mouche. "le Hezbollah a commencé, dès à présent, à faire le ménage en son sein, en déférant devant le tribunal interne des partisans, voire des sympathisants accusés de fraude et de corruption." Non seulement le Hezb a sa propre armee. Ses services d'assistances sociales propres. De plus il a sa propre justice. Vous m'avez dit qu'il y a un etat libanais???

    sancrainte

    00 h 22, le 18 février 2019

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