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Liban - Libertés

Ziad Zeidane relâché sous caution d’élection de domicile

Un apaisement se profile à l’horizon entre l’activiste et le conseiller médiatique du mohafez de Beyrouth Ziad Chbib, Fadi Baghdadi, auteur de la plainte pour diffamation déposée contre lui.

L’activiste Ziad Zeidane. Photo tirée de sa page FB

Lundi à 21h, après toute une journée d’interrogatoire, le bureau de lutte contre la cybercriminalité au sein des FSI a, sur ordre du parquet, relâché sous caution d’élection de domicile Ziad Zeidane, l’activiste affilié au « Mouvement beyrouthin », un groupe qui se consacre notamment à la lutte contre la corruption. Le bureau avait convoqué l’activiste à 9h pour l’entendre au sujet d’un commentaire écrit la veille sur Facebook. M. Zeidane y annonçait qu’il allait publier le soir même des documents compromettants liés à des malversations attribuées au mohafez de Beyrouth, Ziad Chbib, et à son conseiller, Fadi Baghdadi. Mais ayant reçu quelques heures plus tard un appel de la police, le militant n’est pas passé à l’action. Le bureau de lutte contre la cybercriminalité a agi sur injonction du parquet, après une plainte déposée par M. Baghdadi.

Interrogé par L’Orient-Le Jour sur les détails de sa confrontation avec les agents du bureau, Ziad Zeidane affirme que ceux-ci se sont saisis de son téléphone portable pour retrouver les données qu’il détenait dans un fichier et les supprimer. Il tient à préciser que ces agents ne l’ont soumis à aucun moyen de pression, le traitant avec « beaucoup de correction » et de « manière fraternelle ». M. Zeidane affirme en outre qu’il lui a été demandé de dire pourquoi il voulait publier les documents qui se trouvent en sa possession. « Je suis beyrouthin, et il s’agit du mohafez de Beyrouth », a-t-il répondu, invoquant « la protection de l’intérêt général ».


(Pour mémoire : Le lanceur d’alerte de corruption convoqué hier reste injoignable)


« Sommes mirobolantes »
« Leur objectif était de s’emparer des informations et de se renseigner sur leurs origines et sources », poursuit l’activiste, soulignant qu’ « ils ont pu se procurer les preuves et savoir l’identité de la personne qui m’a fourni les documents ».

Interrogé sur la teneur de ces informations, M. Zeidane indique qu’il s’agit d’abord « de décisions de la municipalité de Beyrouth engageant des sommes mirobolantes ». L’activiste note dans ce cadre qu’il voulait demander à M. Chbib dimanche soir, via une vidéo sur FB, pourquoi il n’a jamais répondu au journaliste Salem Zahran qui lui avait demandé, voilà plusieurs mois, de justifier l’utilisation de ces sommes. À ce sujet, la municipalité de Beyrouth avait adressé lundi une mise au point à L’OLJ, indiquant que « toutes les décisions administratives et financières (prises au sein de la municipalité) sont conformes aux règlements en vigueur et sont à caractère public », et soulignant que « rien n’empêche qu’elles soient publiées ». « Cependant, l’utilisation hors contexte et de manière détournée de ces informations pour diffamation et dans le but de tromper l’opinion publique est une autre affaire », indique la municipalité.

L’autre objet de dénonciation de M. Zeidane est « l’infraction au règlement intérieur régissant les promotions au sein de la garde municipale ». « Dans le but de promouvoir Fadi Baghdadi, sapeur-pompier et en même temps conseiller médiatique du mohafez de Beyrouth, celui-ci l’avait transféré il y a quelques jours du régiment des sapeurs-pompiers à celui des gardes, au sein duquel une session d’examen doit bientôt s’ouvrir pour permettre aux lauréats d’accéder au grade d’officiers ». « Or, la loi dispose qu’un garde doit avoir 10 ans d’ancienneté pour avoir le droit de participer à cet examen », indique le militant, s’indignant qu’ « un nouveau venu dans le bataillon puisse y accéder aussi vite ».

À la question de savoir quels sont les facteurs qui auraient favorisé sa remise en liberté, M. Zeidane affirme qu’il a été relâché sur ordre du procureur général près la cour d’appel, Ziad Abou Haïdar. A-t-il signé un engagement de ne plus publier des informations compromettantes sur les réseaux sociaux ? « Je me suis engagé à ne diffamer personne », répond-il, estimant toutefois que les publications dont il est accusé « ne constituent nullement une diffamation ». Il souligne en outre que, alors qu’il était encore interpellé, une délégation des familles de Beyrouth s’est rendue dans l’après-midi auprès de M. Chbib, qui aurait promis de pousser Fadi Baghdadi à retirer sa plainte. Toujours selon l’activiste, des négociations seraient même en cours pour organiser une réunion entre lui-même et le mohafez afin que ce dernier lui dévoile le sort des sommes engagées.

Contacté par L’OLJ, le conseiller du mohafez aux affaires sociales et aux questions liées aux familles beyrouthines, Sami Bleik, affirme qu’il n’y a pas à proprement parler des négociations directes en ce sens. « Le mohafez m’a simplement demandé d’intervenir pour rapprocher les points de vue et contenir la situation », indique-t-il, soulignant que M. Chbib « est soucieux de résoudre les conflits entre les fils de Beyrouth ». Le conseiller ne se prononce pas sur un éventuel retrait de la plainte de Fadi Baghdadi, affirmant que ce dernier cherche d’abord à « recouvrer sa dignité qui a été bafouée ». Il indique que Ziad Zeidane n’était pas le seul activiste à avoir été interpellé dans cette affaire, mentionnant les noms de Abdel Karim Kambris et Chafic Badre, qui ont été relâchés sous caution d’élection de domicile en même temps que M. Zeidane.


Pour mémoire

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