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Liban - Gouvernement

Vers une « normalisation » par la remise à flot du cabinet sortant ?

Nabih Berry convoque le bureau de la Chambre pour préparer une séance plénière prochaine.

Saad Hariri. Andreas Solaro/AFP

En dépit de sa promesse de « trancher la question gouvernementale » cette semaine, rien ne prête à croire que le Premier ministre Saad Hariri pourrait voir son gouvernement mis sur pied prochainement. On en veut pour preuves les signes d’un long blocage qui n’en finissent pas de s’accumuler, à l’heure où tous les protagonistes concernés par le processus gouvernemental campent sur leurs positions traditionnelles et semblent loin de faire des concessions à même de faciliter la tâche à M. Hariri.

C’est ainsi qu’il conviendrait d’interpréter les propos tenus samedi soir par le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah dans un entretien accordé à la chaîne al-Mayadeen. Loin de vouloir œuvrer dans le sens d’un déblocage de la crise actuelle, le dignitaire chiite a reconnu que les tractations ministérielles butent encore sur l’obstacle sunnite né de l’insistance des six députés sunnites du 8 Mars à prendre part au futur cabinet, ainsi que sur une éventuelle révision du partage des portefeuilles ministériels. Mieux encore : tout en se félicitant du caractère « sérieux » de la toute nouvelle phase de tractations, lancée la semaine dernière, le numéro un du parti chiite s’est contenté d’appeler à « prier » pour que les efforts actuels débouchent sur la formation d’une nouvelle équipe ministérielle.

Des propos que les milieux chiites démocrates interprètent comme un message direct à Saad Hariri, mais aussi et surtout au leader du Courant patriotique libre Gebran Bassil. Il s’agissait pour Hassan Nasrallah de réitérer son attachement à ce que la Rencontre consultative (regroupant les parlementaires sunnites hostiles à Saad Hariri) soit représentée au sein du cabinet. Son ministrable devrait même faire partie de la quote-part du chef de l’État, expliquent à L’Orient-Le Jour des milieux chiites hostiles au parti de Hassan Nasrallah. Et d’ajouter : ce qui importe le plus au Hezbollah est de faire barrage à toute solution qui accorderait le tiers de blocage au tandem Baabda-CPL. Ainsi, et en dépit de son intégration à la quote-part du président de la République, le ministrable en question serait plus proche du Hezbollah. Il sera donc question d’un « tiers de blocage à temps partiel », comme le soulignent certains milieux politiques.

Outre les propos de Hassan Nasrallah, le président de la Chambre Nabih Berry s’est invité à nouveau dans la partie, en lançant un autre signe de blocage. S’il n’a jamais caché son ras-le-bol face à la léthargie gouvernementale qu’il estime injustifiée, il est passé hier à l’action en convoquant le bureau de la Chambre à une séance prévue demain à midi. Les députés devraient saisir l’occasion pour préparer l’ordre du jour d’une séance plénière qui devrait avoir lieu prochainement.


(Lire aussi : Hariri ne se récusera pas, mais pourrait prendre des décisions courageuses d’ici la fin du mois)


Suicide politique

Il est évident qu’un paysage politique aussi brumeux n’est pas sans susciter des interrogations autour des options que pourrait choisir Saad Hariri pour « trancher la question gouvernementale » comme il l’avait promis il y a près d’une semaine. Dans les milieux proches de la Maison du Centre, une chose désormais est sûre : il n’est pas question que le Premier ministre jette l’éponge. Loin de là. On en veut pour preuve la dernière phase de négociations qu’il a lancée et dans le cadre de laquelle il s’est entretenu avec Nabih Berry et Gebran Bassil, ainsi qu’avec le leader des Forces libanaises Samir Geagea, à Paris, comme le soulignent à L’OLJ des proches du Premier ministre désigné, assurant que M. Hariri est conscient de l’ampleur des conséquences fâcheuses de son éventuelle démission. Les choses oscillent donc entre une mise sur pied du cabinet selon une mouture qui serait présentée à Michel Aoun et la redynamisation de l’équipe démissionnaire. Une option qui semble désormais de plus en plus probable, en dépit de l’opposition qu’expriment les milieux de Baabda, cités par notre correspondante Hoda Chedid, dans la mesure où la priorité devrait être accordée à la formation du gouvernement.

Cette éventualité de remise à flot du cabinet sortant, plusieurs sources politiques contactées par L’OLJ ne semblent pas l’exclure. D’autant que l’éventuelle démission de Saad Hariri représenterait un « suicide politique » face aux pressions effectuées par le camp du 8 Mars, qui ne débloquera le processus que lorsqu’il sera sûr que le futur cabinet sera taillé à sa mesure, à l’heure où il fait face à de sévères sanctions américaines.

À cela, certains opposants à la ligne politique actuelle ajoutent le « besoin pour Saad Hariri de calmer les appréhensions de la rue sunnite après les élections législatives et l’entrée en vigueur du compromis politique élargi qui a donné le coup d’envoi au sexennat de Michel Aoun », pour reprendre les termes d’un analyste politique contacté par L’OLJ. Perçue sous cet angle, la détermination de M. Hariri de tenir bon face aux desiderata du Hezbollah est une sorte d’assurance politique dont il a besoin pour éviter son « suicide politique ».

Il n’en reste pas moins que le besoin de trancher la question ministérielle devient de plus en plus urgent à l’heure où la communauté internationale ne fait qu’accentuer ses pressions sur le chef du gouvernement désigné pour former son cabinet. De source bien informée, on apprend dans ce cadre que la communauté internationale semble établir un lien entre les aides accordées au Liban dans le cadre de la conférence de Paris (CEDRE) et la mise sur pied d’une équipe dirigée par Saad Hariri personnellement. D’autant plus que l’Occident voit d’un très mauvais œil le Liban graviter dans l’orbite iranienne.

Sauf que certaines personnalités hostiles à Saad Hariri et à ses choix politiques, depuis la mise sur pied de l’entente de 2016, estiment via L’OLJ que la meilleure façon de briser la léthargie actuelle réside en une démission du Premier ministre. D’autant que la rue sunnite est déçue par ses choix qui ont permis aux proches du chef de l’État de prendre en main les négociations gouvernementales, ajoute-t-on dans ce qui sonne comme une critique implicite adressée à Gebran Bassil. On croit savoir aussi que s’il venait à claquer la porte, Saad Hariri pourrait bien quitter le pays.

Le tiers de blocage

En attendant la décision du Premier ministre, les tractations continuent de faire face aussi bien à l’obstacle sunnite qu’à l’insistance de Gebran Bassil et de son parti de détenir le tiers de blocage. Sur ce plan, un tweet posté hier par Jihad el-Samad, député de Denniyé et membre de la Rencontre consultative sunnite, semble particulièrement significatif. « Le tiers de blocage vise à torpiller l’accord de Taëf », a-t-il écrit, s’adressant à MM. Hariri et Bassil.



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En dépit de sa promesse de « trancher la question gouvernementale » cette semaine, rien ne prête à croire que le Premier ministre Saad Hariri pourrait voir son gouvernement mis sur pied prochainement. On en veut pour preuves les signes d’un long blocage qui n’en finissent pas de s’accumuler, à l’heure où tous les protagonistes concernés par le processus gouvernemental...

commentaires (5)

ENCORE FAUT-IL QU-ILS SE METTENT D,ACCORD MEME SUR CETTE ULTIME OPTION...

JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

18 h 57, le 29 janvier 2019

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • ENCORE FAUT-IL QU-ILS SE METTENT D,ACCORD MEME SUR CETTE ULTIME OPTION...

    JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

    18 h 57, le 29 janvier 2019

  • Même pas honte!

    Christine KHALIL

    18 h 14, le 29 janvier 2019

  • Qui n'avance pas recule . Donc le pessimisme est toujours de rigueur sauf si un miracle se produit .

    Antoine Sabbagha

    17 h 13, le 29 janvier 2019

  • par contre la vie au liban prouve etre tout le contraire de toute logique , meme celle scientifique. Pour avancer il FAUT perdre toute notion d'equilibre et accepter l'inacceptable

    Gaby SIOUFI

    16 h 38, le 29 janvier 2019

  • " La vie, c’est comme la bicyclette : il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. " Albert Einstein

    FAKHOURI

    16 h 14, le 29 janvier 2019

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