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À La Une - automobile

Affaire Carlos Ghosn: Paris rappelle la "présomption d'innocence"

Le fils du PDG de Renault, Anthony Ghosn, affirme que son père pourrait être libéré avec pour "seule condition" de signer des aveux rédigés en japonais, qu'il ne comprend pas.

Carlos Ghosn lors d'une conférence de presse à Paris, en France, le 15 septembre 2017. REUTERS/Philippe Wojazer/File Photo

Le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a rappelé dimanche que le PDG de Renault, Carlos Ghosn, bénéficiait toujours de la présomption d'innocence, mais a demandé à Renault des précisions au sujet des rémunérations de cadres dirigeants.

"Je ne dispose pas d'éléments qui me permettent de demander le départ de Carlos Ghosn" de la présidence du groupe français Renault, a répété le ministre de l'Economie, invité de l'émission "Le Grand Rendez-Vous" sur Europe 1, organisée avec CNews et Les Echos. "La position de l'Etat est constante depuis le début", a-t-il souligné, "il y a une présomption d'innocence", un principe qui "n'est pas négociable" dans une démocratie. "Une gouvernance a été mise en place, elle fonctionne, si Carlos Ghosn devait être durablement empêché, nous en tirerions des conséquences, mais nous n'en sommes pas là aujourd'hui", a poursuivi M. Le Maire.

Le conseil d'administration de Renault a confié en novembre "à titre provisoire" la direction exécutive au numéro deux du groupe Thierry Bolloré, qui dispose depuis des "mêmes pouvoirs" que Carlos Ghosn.

Toutefois, le ministre de l'Economie a expliqué dimanche avoir demandé des précisions à Renault au sujet des rémunérations de certains cadres dirigeants, face à des interrogations soulevées par le syndicat français CGT.

"J'ai écrit à la direction de Renault pour demander tous les éléments d'information et de transparence sur ces rémunérations", a indiqué M. Le Maire, précisant avoir envoyé son courrier vendredi par l'intermédiaire du représentant de l'Etat au conseil d'administration de Renault, Martin Vial, le patron de l'Agence des Participations de l'Etat (APE). "Je veux savoir à qui ces rémunérations ont été versées, si elles ont bien été déclarées, si elles correspondent à un service rendu et donc si l'administration de Renault, les actionnaires, ont bien été informés de ces rémunérations", a-t-il détaillé.

La CGT du constructeur automobile Renault avait dénoncé, dans un courrier adressé mi-décembre à Bercy, l'opacité qui entoure la société Renault Nissan BV (RNBV), holding néerlandaise chapeautant l'alliance du groupe français avec son homologue japonais Nissan.


(Lire aussi : Le parquet examine les liens entre Carlos Ghosn et un homme d'affaires saoudien)


"Des aveux en japonais"

Le fils du PDG de Renault, Anthony Ghosn, a déclaré dans un entretien à l'hebdomadaire français le Journal du dimanche (JDD), que  Carlos Ghosn pourrait être libéré avec pour "seule condition" de signer des aveux rédigés en japonais, qu'il ne comprend pas.

Affirmant que son père est "prêt à se défendre de façon vigoureuse" devant un tribunal de Tokyo mardi prochain, Anthony Ghosn explique que "la seule condition de sa sortie est une confession". "Le paradoxe, c'est que la confession qu'on lui demande de signer est écrite exclusivement en japonais", or "il ne parle pas cette langue", précise son fils. Depuis son incarcération, il peut "dire au procureur qu'il conteste ce qu'on lui reproche, ou au contraire avouer et être libéré. Depuis sept semaines, sa décision a été assez claire", souligne-t-il.

"Je n'ai pas de nouvelles directes de lui, j'en ai par ses avocats japonais. Il est en bonne forme. Il est prêt à se défendre de façon vigoureuse, et est très concentré sur l'objectif de répondre aux accusations lancées contre lui. Il est surtout très calme", affirme le jeune homme de 24 ans qui s'exprime pour la première fois dans la presse.

Cette audience "va être très importante", ajoute-t-il. "Pour la première fois, il pourra s'exprimer sur les faits qu'on lui reproche, donner sa vision. Je pense que tout le monde sera assez surpris en entendant sa version de l'histoire. Jusqu'à maintenant, on a seulement entendu l'accusation. Il aura dix minutes pour s'exprimer" et "il ne lâchera rien", poursuit Anthony Ghosn. Pour comparaître, "il portera sa tenue de prisonnier et sera menotté", précise-t-il au JDD.

En garde à vue depuis plus d'un mois et demi dans une prison de la capitale japonaise, M. Ghosn doit, à sa demande, comparaître mardi à 10H30 locale (01H30 GMT), ce qui obligera le procureur à clarifier publiquement le motif de sa détention prolongée. Selon son fils, "il résiste, même s'il a perdu une dizaine de kilos en mangeant trois bols de riz par jour. Les conditions ne sont pas très saines. Mais il prend tout ça comme un challenge" (un défi) et "il lit des livres qu'on lui fait passer presque chaque jour".

M. Ghosn, père de quatre enfants, arrêté le 19 novembre et détenu depuis, est contraint au silence, et ses avocats, qui ne peuvent pas assister aux interrogatoires et n'ont pas accès aux pièces du dossier, ne s'expriment pour ainsi dire pas.

"Le procureur a le droit de l'interroger à n'importe quel moment, deux ou trois fois par jour. Il peut venir tôt le matin et tard le soir. Les interrogatoires durent une ou deux heures", explique encore Anthony Ghosn. Selon lui, "les ambassadeurs sont venus, bien sûr, ainsi que ses avocats. Ces derniers peuvent lui rendre visite deux heures par jour sauf le dimanche et les jours fériés".

Interrogé sur le fait que ses avocats n'aient "pas encore accès au dossier complet du procureur", Anthony Ghosn confirme: "la défense ne peut pas avoir une vision complète du dossier".

Carlos Ghosn a été inculpé le 10 décembre pour minoration illégale de ses revenus dans des rapports annuels de Nissan remis aux autorités boursières. Le 21 décembre, alors qu'il pouvait être théoriquement libéré sous caution, il a été remis en garde à vue pour de nouvelles charges. Il est soupçonné d'avoir fait couvrir par Nissan des pertes sur des investissements personnels pendant la crise de 2008.



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commentaires (6)

Je pense qu'ils ne connaissent pas ce que veut dire Democracie ( Δημοκρατία ) ils doivent apprendre le grec

Eleni Caridopoulou

16 h 25, le 07 janvier 2019

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Commentaires (6)

  • Je pense qu'ils ne connaissent pas ce que veut dire Democracie ( Δημοκρατία ) ils doivent apprendre le grec

    Eleni Caridopoulou

    16 h 25, le 07 janvier 2019

  • Des aveux en japonais ? Ou est le respect des sacro saints droits de La Défense ? N’oublions pas que les japonais sont hyper nationalistes et qu’en terme de discrimination et de xénophobie ils n’ont rien à envier aux pires régimes totalitaires ...il n’y a qu’à se pencher notamment, sur leur exactions durant le seconde guerre mondiale...

    L’azuréen

    11 h 33, le 07 janvier 2019

  • Je ne m'y connais nullement en droit nippon, mais est-ce légal de signer des aveux pré-écrits dans une langue qu'on ne connaît pas? Ses avocats ne peuvent-ils pas en demander la traduction au préalable?

    Tina Chamoun

    11 h 28, le 07 janvier 2019

  • Signer en japs des aveux pour espérer être libéré ? C'est la loi au Japon pays CRUEL et au dessus de tout soupçon.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 25, le 07 janvier 2019

  • JE REPETE QUE C,EST LA REVANCHE DE L,ECHEC DES JAPS SUR LE SUCCES DE GHOSN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 51, le 07 janvier 2019

  • S'il avait perdu 10 kg en prison la France et le Liban peuvent porter plainte contre le Japon à l'ONU pour torture et traitement inhumain.

    Shou fi

    01 h 39, le 07 janvier 2019

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