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Liban - crise

Gouvernement : le Hezbollah continue de distiller le chaud et le froid

Bassil propose de « nouvelles formules » qui « n’apportent rien de nouveau », selon les milieux du Premier ministre.


Le chef du CPL entame de nouveaux efforts pour régler la crise gouvernementale. Photo d’archives/« L’OLJ »

C’est à ne plus rien y comprendre. La formation du gouvernement fait l’objet, depuis plusieurs jours, d’une valse d’informations contradictoires qui laissent planer des doutes sur une sortie prochaine de la crise.

D’un côté, on affirme que les pourparlers en vue d’une solution, repris en main cette fois-ci par le chef du CPL, Gebran Bassil, vont bon train et pourraient aboutir incessamment à une conclusion heureuse. D’un autre, on affiche un pessimisme désabusé, aucune solution tangible n’ayant suffisamment mûri pour sortir le pays de cet imbroglio.

Dans les milieux proches de M. Bassil où l’on évoque un déblocage dans les cinq prochains jours, on affiche un optimisme certain que partageait, il y a quelques jours encore, et d’une manière plus mesurée, le Hezbollah.

Le vice-président du conseil politique du parti chiite, Mahmoud Kmati, avait fait miroiter, mardi, lors de sa visite à Bkerké, l’espoir de voir naître le gouvernement « prochainement ». Une attitude qui se fonderait sur le fait que l’ensemble des protagonistes concernés font preuve de « sérieux », mais aussi sur la reprise de l’initiative du déblocage après les fêtes « qui a suscité un climat positif », comme le souligne un responsable du parti qui reconnaît toutefois que les tractations « n’ont toujours pas abouti ».

La source faisait allusion aux efforts déployés depuis quelques jours par M. Bassil qui, dit-on, tente de mettre les bouchées doubles pour parvenir à une solution. Les pourparlers, qui ont repris en force dès le premier jour de la nouvelle année, sont destinés à trouver une issue à la représentation des six députés sunnites formant la Rencontre consultative, par un ministre qui serait exclusivement intégré à leur bloc et exprimerait uniquement les prises de position formulées par ce groupe. Une condition « incontournable », affirment en chœur les six députés sunnites.


(Lire aussi : Lendemains de bouffe, le billet de Gaby NASR)


Ces derniers persistent et signent en affichant leur refus de tout scénario semblable à celui qui avait propulsé, sur les devants de la scène, Jawad Adra, que le CPL a voulu compter en définitive parmi ses rangs en l’incluant dans son bloc, le Liban fort, faisant ainsi échouer la première tentative de règlement de la crise.

Dans une prise de position aussi inédite que surprenante, le Hezbollah serait disposé, semble-t-il, à faire pression sur ses alliés sunnites. Des les milieux du parti chiite, on laisse entendre désormais que la condition rédhibitoire d’un ministre issu de la Rencontre consultative qui ne relèverait aucunement du bloc du Liban fort « n’est pas nécessairement justifiée ». « Il y a eu des précédents comme la présence de représentants du Tachnag au sein du bloc jadis connu sous le nom du bloc du Cchangement et de la Réforme, ou encore d’Élie Skaff (décédé), qui assistaient aux réunions du bloc sans pour autant en devenir des membres à part entière », souligne un responsable du parti.

Ce revirement laisse croire que le Hezbollah pourrait intervenir de manière plus directe auprès de ses alliés sunnites pour les amener à arrondir les angles et à accepter que leur représentant au sein du gouvernement soit compté dans la part du chef de l’État. Pour certains observateurs, une éventuelle intervention du Hezbollah dans cette médiation relèverait cependant d’un marché peu réaliste que le parti chiite espère conclure en facilitant la tâche à M. Bassil. En contrepartie, selon l’agence al-Markaziya, ce dernier serait appelé à visiter la Syrie pour inviter son président à prendre part au sommet économique arabe, prévu à Beyrouth le 20 janvier, inaugurant ainsi un début de normalisation des relations avec Damas. On n’est pas sorti de l’auberge...


(Lire aussi : Tant de légèreté !, Citoyen grognon de Anne-Marie EL-HAGE)


« Pas de Jawad Adra bis »
Dans les milieux proches de M. Bassil, on assure qu’il n’est plus question à ce stade d’un « Jawad Adra bis », le CPL ayant « tiré les leçons de l’échec précédent ». Même si les tractations que mène le chef du CPL sont entourées d’une discrétion absolue, on indique toutefois dans ses milieux que M. Bassil a déjà fait véhiculer auprès de ses interlocuteurs cinq différentes solutions dont trois auraient « retenu l’attention des principaux pôles politiques avec lesquels M. Bassil s’est entretenu ». Parmi les trois propositions, une formule d’un gouvernement de 30, et une autre de 32, « qui tient compte de l’équité de la représentation, avec toutefois quelques retouches afin d’éviter qu’elle soit rejetée, cette fois-ci, par Saad Hariri », le Premier ministre désigné, confie une source proche de M. Bassil. La formule de 32 ministres, qui inclut théoriquement deux ministres issus des minorités, avait été rejetée il y a près d’un mois par M. Hariri qui ne voulait pas consacrer un précédent en intégrant un ministre alaouite dans sa quote-part.

On n’en saura pas plus sur les détails de ces formules, à part le fait que le nom de l’ancien président de la municipalité de Saïda, Abdel Rahman el-Bizri ( proche du 8 Mars), est revenu en force, se substituant ainsi aux trois noms proposés par la Rencontre consultative, à savoir Osman Majzoub (proche de Fayçal Karamé), Hassan Mrad et Taha Naji.

Il reste à voir si les six députés sunnites, qui émettent à tour de rôle des sons de cloche différents à ce propos, accepteront d’avaliser le nom de M. Bizri. D’une part, l’un d’entre eux, Walid Sukkariyé, évoque, dans un entretien accordé hier matin à la Voix du Liban, la « disposition de son bloc à avancer de nouveaux noms », ce qui laisserait la porte ouverte notamment à la candidature de M. Bizri. D’autre part, un membre proche du même bloc, qui a voulu garder l’anonymat, affirme qu’il n’en est rien, soulignant que la déclaration de M. Sukkariyé avait eu lieu avant que les six députés ne se concertent et tranchent : « Il y a déjà trois noms qui sont suggérés plus ceux des six députés concernés. Aucun nouveau nom ne sera plus suggéré », confie la source sur un ton affirmatif. Par conséquent, aucun outsider, en l’occurrence M. Bizri, ne sera toléré par les membres de ce bloc qui se plaignent au passage de se voir complètement marginalisés par les tractations en cours, n’ayant été ni notifiés ni informés des propositions que tente de promouvoir le chef du CPL.

Des propositions qui ne semblent d’ailleurs pas avoir enchanté outre mesure le Premier ministre désigné, Saad Hariri, si l’on en croit ses milieux où l’on estime que les idées avancées par le chef du CPL « n’apportent rien de nouveau, puisqu’elles ont déjà été suggérées il y a quelques mois sans qu’elles aboutissent pour autant ».


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C’est à ne plus rien y comprendre. La formation du gouvernement fait l’objet, depuis plusieurs jours, d’une valse d’informations contradictoires qui laissent planer des doutes sur une sortie prochaine de la crise. D’un côté, on affirme que les pourparlers en vue d’une solution, repris en main cette fois-ci par le chef du CPL, Gebran Bassil, vont bon train et pourraient aboutir...

commentaires (8)

Justement ce sont les "bouchées doubles" de l'hôte du Palais Bustros qui entravent la formation du nouveau gouvernement. Trop de cuisiniers ratent la ratatouille. Retirez la mouche du coche du CPL qui n'a rien à voir dans cette cuisine de galets et tout marchera avec la bénédiction divine du Hezbollah et de ses tuteurs de la rive-est du Golfe arabo-persique.

Un Libanais

17 h 36, le 04 janvier 2019

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Commentaires (8)

  • Justement ce sont les "bouchées doubles" de l'hôte du Palais Bustros qui entravent la formation du nouveau gouvernement. Trop de cuisiniers ratent la ratatouille. Retirez la mouche du coche du CPL qui n'a rien à voir dans cette cuisine de galets et tout marchera avec la bénédiction divine du Hezbollah et de ses tuteurs de la rive-est du Golfe arabo-persique.

    Un Libanais

    17 h 36, le 04 janvier 2019

  • LE PREMIER MINISTRE OFFICIEL GEBRAN BASSIL FAIT BEAUCOUP DE BRUIT EN FAISANT SEMBLANT QU'IL FORME UN GOUVERNEMENT EN ATTENDANT LES ORDRES VIA L'IRAN. ET LE PREMIER MINISTRE OFFICIEUX SAAD HARIRI NE COMPREND RIEN DANS CE DOMAINE. IL ATTEND LUI AUSSI LES ORDRES, MAIS VIA L'ARABIE SAOUDITE. YALLAH ON DANSE LE DABKÉ....HIZZI YA NAWAHEM KHASRIKI EL HARIRI, KHALLI ......MA AL HAWA YSIIR.

    Gebran Eid

    14 h 19, le 04 janvier 2019

  • Pourvu que la distillation ne produise de l'alcool...pas bon pour le hezb.

    Wlek Sanferlou

    14 h 03, le 04 janvier 2019

  • LE HEZBOLLAH MENE LA DANSE. IL NE VEUT PAS DE TIERS DE DECISION - NON DE BLOCAGE - AUX MAINS DU CHEF DE L,ETAT. NAIFS CEUX QUI NE VEULENT PAS ENCORE LE COMPRENDRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 40, le 04 janvier 2019

  • Au fait, pourquoi avoir élu un chef de l'Etat libanais, désigné un premier ministre libanais après des élections libanaises, pour laisser le Hezbollah pro-Iran et qui admet ouvertement et sans honte prendre ses ordres de ce pays, résister par tous les moyens à l'indépendance de notre pays, le Liban, et imposer ses volontés en tout ? Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 21, le 04 janvier 2019

  • Il faut se rendre à l'évidence: ce que veut le Hezbollah finira toujours par se réaliser....A l'instar de l'Iran, c'est notre "wali-al-faqih" qui dirige le pays: les autres responsables n'ont qu'à obtempérer. A bon entendeur, salut!

    Georges MELKI

    06 h 47, le 04 janvier 2019

  • Le Hezbollah affiche de l'optimisme pour montrer patte blanche au Cardinal Raï. Ce n'est pas à Bassil de composer le gouvernement ni dans la forme ni dans le fond. Il a dépassé les limites de ses prérogatives en se comportant à la fois comme President de la Republique et Premier Ministre. Le problème vient de la quota de ministres assignés au President que Bassil considère être les siens. Le President était chef de parti, son remplaçant est devenu le chef du parti, et a eux deux ils doublent la taille de leur vrai pouvoir au depend des autres factions politiques. D'ou le déséquilibre et le malaise qui vient avec la minorité de blocage. À force de se comporter en "malin", Bassil fait du tord au Liban, au mandat, et à Taëf. La quota du President est une hérésie inconstitutionnelle nait a Doha et il faut s'en débarrasser.

    Zovighian Michel

    04 h 42, le 04 janvier 2019

  • C'est celui qui détient le mixeur qui peut décider de la température de la douche. Avant le bain de jouvence.

    FRIK-A-FRAK

    01 h 12, le 04 janvier 2019

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