Une année de plus à balancer dans les égouts. Geste machinal devenu traditionnel, venant clôturer à la fois 365 jours de baffes et la grande bouffe du réveillon.
Plus personne n’est dupe : la République bananière n’a plus de bananes, son économie est en déconfiture, et son gouvernement court toujours derrière ses affaires courantes dans le néant intégral. Quant au Mollasson du Sérail, il léchouille un peu tout le monde entre deux génuflexions devant Mongénéral du Château. Jacquerie locale ou pas, entente nationale ou zut, ce n’est donc pas demain la veille que la nouvelle brochette ministérielle verra le jour.
Tel un joueur de bonneteau en grève, le patron du Futuroscope est en rupture de combinaisons et a cessé d’en balancer aux gueux haletants. Pour l’heure, il se tâte et hésite entre une poignée d’experts diplômés et un caravansérail de politiciens imbuvables. Équipe resserrée ou équipage d’affamés? Le suspense est insoutenable, surtout pour ceux qui ont gobé ses promesses de champagne et de caviar et ont fini dans la tisane et les petits pois.
Depuis quelque temps en tout cas, la classe politique secoue un hochet tout frais et met en musique une nouvelle sérénade : la mise sur pattes d’une équipe dite de « technocrates ». Comprendre : une quinzaine d’hominidés broutant peu ou prou auprès des mêmes patrons communautaires, mais en moins analphabètes. Les Libanais en rêvent comme si ces nouveaux cobayes allaient être parachutés de nulle part, n’émargeant sur aucune fiche de paie, vierges et nimbés, suspendus dans l’espace et le temps. Si pareils bipèdes devaient exister on le saurait. Mais les fantasmes locaux ont la vie dure. Les nouveaux venus n’auraient qu’une seule mission domestique : se pencher exclusivement sur les grandes et petites misères quotidiennes des gens. Holà, manants ! Attrapez ces bas morceaux et remerciez vos bons maîtres !
Pour l’heure et malgré le froid, le patron du parti barbu s’échauffe et le seigneur du Château surchauffe. Le premier, grand champion de l’index levé, virtuose du virage sur l’aile, n’était-ce pas dès le départ un grand malentendu ? Et le second qui ne s’en aperçoit que maintenant, un grand malentendant ?
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (6)
L'hôte du palais Bustros, la mouche du coche du châtelain qui a dépassé le record des voyages d'Ibn-Battûta et de Sindibad-le-Marin réunis, n'a-t-il pas de place parmi cette bande de spadassins de la République topinambourienne ?
Un Libanais
16 h 40, le 04 janvier 2019