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"Gilets jaunes" : le gouvernement français espère la fin de la crise

La cinquième journée de manifestations, samedi, a marqué "la fin d'un cycle de mobilisation", selon un sondeur.

Des "gilets jaunes " sur le rond-point des Gaulois à Saint-Beauzire, le 15 décembre 2018, dans le centre de la France. AFP / Thierry Zoccolan

Le gouvernement français espérait dimanche que la forte baisse de la mobilisation des "gilets jaunes" la veille sonne le clap de fin de ce mouvement social inédit, commencé il y a un mois et qui a secoué la présidence d'Emmanuel Macron.

La cinquième journée de manifestations a réuni samedi moitié moins de personnes dans les rues françaises que les semaines précédentes, marquant, selon Jérôme Sainte-Marie, sondeur à l'institut français Pollingvox, "la fin d'un cycle de mobilisation".

"Une étape est derrière nous, certainement, et je pense que c'est l'intérêt de tout le monde qu'il en soit ainsi, y compris des +gilets jaunes+", a déclaré dimanche le ministre français de l'Education, Jean-Michel Blanquer.

Depuis le 17 novembre, les "gilets jaunes" - ces Français modestes se plaignant d'une fiscalité excessive et d'un pouvoir d'achat insuffisant - bloquent rond-points et axes routiers à travers la France.

Plusieurs zones de péages du sud du pays ont à nouveau été touchées par des incendies et dégradations dans la nuit de samedi à dimanche.

Si tous les blocages ne se lèveront pas en un jour, le gouvernement français ne cache pas son soulagement. "Le temps du dialogue est venu", a souligné samedi le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand.


(Lire aussi : "On est toujours en galère": des "gilets jaunes" témoignent)


"Les ronds-points doivent être libérés et la sécurité de tous redevenir la règle", a ajouté le ministre français de l'Intérieur Christophe Castaner.

Mais pas question de crier victoire et encore moins de conclure à une quelconque défaite des "gilets jaunes" qui ont obtenu bien plus que les syndicats ou partis d'opposition avant eux.

Annulation d'une taxe sur le carburant, gel des tarifs de l'électricité et du gaz, hausse de 100 par mois pour les salariés payés au salaire minimum, annulation d'une hausse d'impôt sur les petites retraites... la liste des concessions arrachées au président Macron est longue.

Richard Ferrand a encouragé les gilets jaunes à s'exprimer lors des prochaines élections, notamment aux européennes de mai 2019. "Qu'ils s'organisent, qu'ils fassent une plateforme de propositions et qu'ils aillent aux élections", a déclaré ce proche du Président.

Mais certains partis en place espèrent les ramener dans leur giron. Le chef de file de la France insoumise (gauche radicale) Jean-Luc Mélenchon a estimé dimanche que le mouvement des "gilets jaunes" lui donnait "entièrement raison", jugeant qu'il reprenait "70%" de son programme de la présidentielle 2017.

L'ancien candidat socialiste à la présidentielle et fondateur de Générations, Benoît Hamon, a lui dit craindre que la présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, rafle la mise et soit élue à la tête de l'Etat en 2022. La dirigeante d'extrême droite est "hélas dans notre pays l'alternative la plus immédiate pour les Français qui appartiennent aux classes populaires", a-t-il déclaré, ajoutant: "Que ce soit elle la solution, c'est notre échec collectif".

Le RN (ex-FN, 21%) et La République en Marche de M. Macron (20%) arrivent largement en tête des intentions de vote pour les élections européennes, selon un récent sondage.


(Lire aussi : Du Liban à la Serbie : les "Gilets jaunes" français inspirent)


"Risque de reprise"
Après quatre samedis de manifestations à Paris et en régions, dont trois émaillés de spectaculaires violences et dégradations, "ça s'apaise, mais ce qui reste de tout ça c'est une détestation très forte d'Emmanuel Macron", estime Hervé le Bras, de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).

La popularité du président est tombée à 23% de "satisfaits" (-2 points), contre 76% de "mécontents" (+3 points), selon un sondage publié par l'hebdomadaire Journal du Dimanche.

Emmanuel Macron "sera désormais obligé d'avoir une attitude plus attentive avec les corps intermédiaires, les syndicats ou les maires, et même directement au contact avec les Français", souligne le sondeur français Jean-Daniel Levy, de Harris Interactiv.

Après la contestation de la taxe carbone, les revendications des "gilets jaunes" se sont rapidement élargies à la question globale du pouvoir d'achat avant de déborder sur d'autres thèmes. Samedi, les manifestants étaient nombreux à réclamer l'organisation d'un référendum d'initiative citoyenne, comme en Italie ou en Suisse.

Pour Jérôme Sainte-Marie, l'exécutif a vraiment intérêt à tenir ses promesses. "Si jamais les mesures concernant le pouvoir d'achat ne sont pas appliquées, il y a un risque de reprise de mobilisation très important. Car les gens ont pris conscience de leur pouvoir", dit-il.

L'essoufflement du mouvement est également vécu comme un soulagement pour l'économie française et notamment pour les petits commerces, qui, à l'approche des fêtes, ont fortement souffert de la mobilisation. Le président de la Confédération des commerçants de France a estimé samedi que le mouvement représentait "une véritable catastrophe" pour eux, avec une baisse du chiffre d'affaires comprise entre "40% et 70%".



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