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Moyen Orient et Monde - COP24

Les « gilets jaunes » s’invitent au sommet climatique de Katowice

La récente crise en France est une occasion de parler de « transition écologique juste », qui n’exempterait personne.

Un activiste protestant contre les énergies fossiles à Katowice, qui accueille la COP24. Agencja Gazeta/Grzegorz Celejewski via Reuters Attention Editors

Alors que la deuxième semaine – très politique – s’ouvrait hier au sommet sur le climat de l’ONU à Katowice, ville minière de Pologne, il y a eu plusieurs occasions de parler des manifestations des « gilets jaunes » en France. Il faut rappeler que ce mouvement de colère avait été enclenché par une taxe sur le carburant (taxe carbone) qui visait à réduire la consommation d’énergie dans les véhicules, dans le cadre des mesures prises par le gouvernement français en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans ce pays. Mais ce n’est pas la seule raison d’aborder ce sujet en marge des négociations sur le climat : l’affaire pose le problème de la « transition écologique juste », en d’autres termes celle qui s’inscrit dans le cadre du « renforcement de la cohésion sociale, de la réduction des inégalités et des alternatives souhaitables aux salariés qui voient leurs activités menacées » par d’éventuelles mesures contre le changement climatique (source : site du Réseau action climat – France). D’autant plus que les déclarations du président américain Donald Trump sur la crise des gilets jaunes l’ont lié à la crise climatique, quand celui-ci a tweeté récemment que « l’accord de Paris ne marche pas si bien pour Paris »…

Hier, la question a été posée à l’ancien ministre français Laurent Fabius, ancien président de la COP21 à Paris en 2015, lors d’une conférence de presse conjointe avec l’actuel président de la COP24, le ministre polonais de l’Environnement Michal Kuntyka, et l’ancien président de la COP20 à Lima, Manuel Pulgar-Vidal. M. Fabius a insisté sur le fait qu’une transition écologique juste doit être maintenue. Il a rappelé que cette notion avait été incluse dans le préambule de l’accord de Paris, même si elle était, en ce temps-là, principalement dirigée vers l’adaptation du monde de l’emploi à cette transition. Sans aborder l’analyse de ce qui a provoqué la rupture en France, il a mis en évidence la nécessité de choisir des mesures adaptées aux sociétés et qui ne doivent en aucun cas être mises en application dans des conditions injustes. L’ancien ministre a également mis l’accent sur la nécessité de diriger les investissements vers le développement respectueux de la lutte contre le changement climatique, avec un mécanisme pour assurer la transparence du processus.


(Lire aussi : Cri unanime à la COP24 : « Nous n’avons plus de temps ! »)

Ambition climatique et acceptabilité sociale

Interrogée sur la question par L’Orient-Le Jour, Lucile Dufour, de CAN France (société civile), estime que « l’ambition climatique (de réduire les émissions de manière plus significative) ne peut se faire sans acceptabilité sociale, et cette dernière peut, à son tour, renforcer et accélérer la transition écologique ». « Le défi, poursuit-elle, est de savoir comment les pays vont prendre en main cette question de transition juste. »

Revenant plus particulièrement au cas de la France, elle souligne que « ce que nous attendons du gouvernement, c’est qu’il reconnaisse que des erreurs ont été commises, et qu’il annonce comment il compte mettre en place la taxe carbone de manière à assurer son acceptation par la population ». « Après tout, ajoute Lucile Dufour, la taxe carbone a été instaurée sans problème dans d’autres pays. Il faut axer les efforts sur des mesures à court terme, comme l’aide aux ménages les plus vulnérables, et des mesures qui aient un effet à plus long terme, comme le changement de modes de transport par exemple. »

(Lire aussi : Écologie, économie: à jamais ennemies ?)


Rachel Cleetus, de l’Union des scientifiques concernés, un groupe de la société civile, livre à L’OLJ sa propre lecture des récents événements en France. « Un tel mouvement prouve que les mesures de réduction des émissions ne doivent pas se limiter à des mesures punitives dans l’accès aux ressources, dit-elle. Ces actions doivent respecter la justice sociale et répondre à une vision globale du problème. » Elle ajoute qu’il y a plusieurs facteurs à prendre en compte dans les actions contre le changement climatique, comme l’accès aux énergies propres qui ne sont pas assurées dans tous les pays, ou encore la nécessaire transition à garantir à ceux dont le travail pourrait être affecté par la réduction de l’exploitation du charbon par exemple. « Plus qu’une simple transition technologique, il faut une véritable transition professionnelle afin d’inclure tout le monde dans la voie des énergies propres, ou encore la réduction de consommation de l’énergie », dit-elle.

Quant aux arguments présentés pour dénigrer les mesures prises en vue de la réduction des émissions, conformément aux engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris, l’experte ne leur accorde aucun crédit. « Ce sont de faux prétextes, affirme-t-elle. Prenez l’exemple des mesures prises par l’administration Trump pour réhabiliter l’exploitation du charbon aux États-Unis (après les mesures restrictives prises par l’administration précédente), sous prétexte de protéger les droits des employés de ce secteur. Elles n’ont en aucune façon empêché le déclin de cette activité dans ce pays, étant donné que celle-ci est liée à d’autres facteurs que le droit des travailleurs. » Dans le cadre d’un sommet principalement axé sur l’élaboration d’une feuille de route en vue de l’application de l’accord global sur le climat, et la hausse des ambitions des pays en ce qui concerne la réduction de leurs émissions, la « transition écologique juste » est plus que jamais au cœur des débats.



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