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À La Une - France

"Gilets jaunes" : des concessions jugées insuffisantes pour apaiser la colère

"Cette fois, il a répondu", titre le quotidien Le Parisien. "Je vous ai un peu compris", ironise en revanche Libération (gauche): la presse était mardi matin à l'image des réactions contrastées des "gilets jaunes".

Des "gilets jaunes" écoutent le discours télévisé du président français, Emmanuel Macron, le 10 décembre 2018 dans un restaurant près d'Orléans, en compagnie du député Richard Damos. Photo AFP / GUILLAUME SOUVANT

Le mouvement des "gilets jaunes" ne semblait pas s'éteindre mardi, malgré les mesures annoncées par Emmanuel Macron la veille pour apaiser la colère de ces Français modestes, mobilisés depuis plus de trois semaines pour plus de justice sociale.

A la quatrième semaine de ce mouvement inédit, les "gilets jaunes" - bien qu'un peu moins nombreux - poursuivaient leurs opérations de blocages et manifestations sur les routes et les ronds-points à travers la France, avec plus de 10.000 manifestants mobilisés, selon le ministère de l'Intérieur.

Le Premier ministre Edouard Philippe a défendu mardi devant les députés les mesures déclinées par Emmanuel Macron, les décrivant comme "massives". "Nous voulons aller vite, nous voulons aller fort", a-t-il martelé.
Hausse de 100 euros par mois pour les salariés payés au salaire minimum, annulation de la hausse d'une taxe sur les petites retraites (sous 2.000 euros mensuels), défiscalisation des heures supplémentaires... Ces nouvelles concessions ne semblaient toutefois pas avoir fait retomber la colère.



"La plupart des +gilets jaunes+ ont bien compris que ce n'était que du vent, donc on ne lâchera pas", tranchait Charlène, une trentenaire sans emploi de Rennes (ouest). "On sera là tous les jours, à Noël, au Nouvel an, tant que ça ne bougera pas, on restera là !".
"Le vrai sujet, c'est la répartition des richesses", expliquait de son côté Jérôme, depuis un rond-point de Saint-Etienne (centre-est). Cet étudiant aurait aimé entendre le président Macron annoncer le rétablissement de l'impôt sur la fortune ou encore l'abandon de la baisse des charges accordées aux entreprises. "20 milliards gaspillés", affirme-t-il.

D'autres accueillaient plus positivement les annonces présidentielles, telle Jacline Mouraud, une porte-parole des "gilets jaunes" réputée modérée. Cette dernière a appelé à "une trêve", en saluant "des avancées, une porte ouverte" du pouvoir, s'attirant une série de messages haineux sur les réseaux sociaux.

Plus largement, les Français étaient partagés sur l'opportunité d'une poursuite du mouvement. Selon une enquête de l'institut de sondages Odoxa, une courte majorité de Français (54%) souhaitait lundi soir que les actions des "gilets jaunes" se poursuivent, contre 66% il y a trois semaines.


(Lire aussi : Gilets jaunes : le récit d'un samedi sous tension en images)

Éviter un nouveau samedi noir 
Depuis le début du mouvement le 17 novembre, cinq personnes ont été tuées en marge des rassemblements, 1.407 blessées dont 46 grièvement et le gouvernement essaye à tout prix d'éviter une cinquième journée de manifestations nationales samedi.

D'autant qu'une fronde lycéenne contre des réformes dans l'éducation se poursuivait mardi, avec 450 lycées perturbés sur un total de plus de 2.000, et que les intermittents du spectacle ont annoncé leur intention de rejoindre le mouvement des gilets jaunes.

Après les représentants du secteur bancaire et les députés de la majorité, M. Macron recevra mercredi les grandes entreprises appelées à "participer à l'effort collectif" par le versement d'une prime de fin d'année défiscalisée.

Le leader du parti de gauche radicale la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a apporté son soutien à un "acte V" de la mobilisation samedi.
Plus prudente, la présidente du parti d'extrême-droite en France, Marine Le Pen a demandé aux "gilets jaunes" "d'analyser en conscience les propositions du président pour déterminer s'il est allé assez loin".
"Nos compatriotes qui resteront mobilisés samedi doivent se démarquer totalement de ces casseurs et de ces actes de saccage", a de son côté prévenu un responsable du parti d'opposition de droite, Les Républicains, Christian Jacob.
Les députés de gauche ont quant à eux lancé une procédure à l'Assemblée nationale pour faire tomber le gouvernement. Cette motion de censure, qui sera soumise au vote jeudi, n'a toutefois aucune chance d'aboutir car elle n'est soutenue que par une minorité des députés.


(Lire aussi : Les « gilets jaunes » s’invitent au sommet climatique de Katowice)


Plus de justice fiscale 
Côté syndicats, les annonces ont été diversement appréciées.
Le leader du syndicat modéré CFDT, Laurent Berger, y a vu "un vrai geste sur le pouvoir d'achat des ménages les plus modestes", mais dénonce l'absence de mesure de "justice fiscale".
Emmanuel Macron "n'a rien compris de la colère qui s'exprime", a condamné le syndicat CGT.
Pour le Medef (patronat), les mesures annoncées viennent "répondre aux attentes exprimées, sans pénaliser la compétitivité des entreprises".

Chiffrées à environ 10 milliards d'euros, ces mesures promettent toutefois de creuser le déficit public français, qui devrait passer au-dessus de la barre des 3% exigée par Bruxelles. Un dérapage "strictement temporaire", a assuré le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, du parti présidentiel, mais que la Commission européenne suivra "avec attention" selon le Commissaire européen à l'Economie Pierre Moscovici.

"Si les règles sont les mêmes pour tous", le déficit français va poser "problème", a de son côté épinglé le vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio, alors que Bruxelles a recalé le projet de budget 2019 du gouvernement populiste italien. "Ce que les gilets jaunes revendiquent en France, nous l'avons dans notre programme de gouvernement", a-t-il ajouté.


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Le mouvement des "gilets jaunes" ne semblait pas s'éteindre mardi, malgré les mesures annoncées par Emmanuel Macron la veille pour apaiser la colère de ces Français modestes, mobilisés depuis plus de trois semaines pour plus de justice sociale.
A la quatrième semaine de ce mouvement inédit, les "gilets jaunes" - bien qu'un peu moins nombreux - poursuivaient leurs opérations de blocages...

commentaires (1)

Au dela de la politique ,c est la personne de Macron qui ne passe pas et aucune proposition meme allant dans le bon sens ne va satisfaire les gilets jaunes qui souhaitent un changement de locataire a l Elysee.

HABIBI FRANCAIS

12 h 14, le 11 décembre 2018

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Commentaires (1)

  • Au dela de la politique ,c est la personne de Macron qui ne passe pas et aucune proposition meme allant dans le bon sens ne va satisfaire les gilets jaunes qui souhaitent un changement de locataire a l Elysee.

    HABIBI FRANCAIS

    12 h 14, le 11 décembre 2018

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