Rechercher
Rechercher

Les Gilets jaunes aux Tuileries : derrière le symbole

Rue de Rivoli, samedi, des Gilets jaunes s’attaquent, dans un air saturé de gaz lacrymogènes, à une grille du jardin des Tuileries. Une imposante grille, de celles qui font le cachet et l’identité de Paris. Lances en fer forgé surmontées de pointes dorées. Des dizaines de mains, gantées, l’agrippent, la malmènent, la bousculent d’avant en arrière.

Il y a 226 ans, le 10 août 1792, ce sont devant ces mêmes grilles que se massent des sans-culottes. Depuis l’affaire de Varennes, c’est au Palais des Tuileries, derrière ces grilles, que sont assignés à résidence Louis XVI et sa famille. Au terme d’une journée d’affrontements sanglants entre les Gardes suisses chargés de la protection de la famille royale, et les insurgés, ces derniers s’emparent du palais des Tuileries. Louis XVI et sa famille, eux, sont emprisonnés au donjon du Temple. La monarchie française s’effondre.

Retour au samedi 1er décembre 2018. Les manifestants s’acharnent sur la grille des Tuileries. Elle finit par céder et tombe sur les manifestants. Coincés, écrasés sous ces lances de métal, plusieurs d’entre eux sont grièvement blessés.

C’est là que s’arrête toute tentation de dresser un parallèle avec la période révolutionnaire française, car cette grille qui tombe, du mauvais côté, constitue un symbole fort de l’impasse dans laquelle se trouve un mouvement dont on s’échine et s’écharpe à cerner ce et ceux qu’il représente.

Fidèle à l’air du temps, c’est sur les réseaux sociaux, formidable caisse de résonance, qu’il est né. Après l’annonce par le gouvernement d’une hausse des taxes sur le carburant -résultat d’une volonté de convergence fiscale entre les carburants, d’une hausse des cours du brut et d’un engagement dans la lutte contre le réchauffement climatique-, une parfaite inconnue, Jacline Mouraud, poste sur Facebook une vidéo, le 18 octobre, dans laquelle elle interpelle le président Macron : « Mais qu’est ce que vous faites du pognon des Français ? », lance-t-elle, dénonçant la « traque aux conducteurs ». La vidéo est vue plus de 6 millions de fois.

Naît de ce coup de gueule, sur un terreau fertile, une mobilisation protéiforme portant une foule de revendications, dans un cahier de doléances comme une agrégation de peurs, de frustrations et d’angoisses légitimes. Problème, il n’y a pas de leaders forts et désignés pour porter ces revendications. Et lorsqu’une délégation put enfin être formée, le 26 novembre dernier, elle fut rapidement contestée, puis dissoute.

En l’absence de leader, le risque est aussi, pour cette opposition qui a éclos en marge des clivages politiques traditionnels, d’être récupérée. De fait, l’opposition politicienne à Macron, de l’extrême gauche à l’extrême droite, s’est engouffrée dans les brèches du mouvement. L’opportunité était trop belle. En face, le pouvoir compte sur un pourrissement, potentiellement accéléré par les explosions intolérables de violence des deux derniers samedi, notamment à Paris.

Contestation, désespoir populaire et fracture avec la classe politique au pouvoir… Des ingrédients qui ne sont pas sans évoquer une autre impasse, celle dans laquelle se trouve la tentative de contestation portée par la société civile libanaise contre un pouvoir incompétent. Qu’on se souvienne du mouvement de protestation, en 2015, lors de la crise des déchets, qui s’était éteint après des dérapages violents portant, là, la patte de certaines parties au pouvoir.

De ce magma légitime de colère et de revendications tous azimuts ressort, après les dérives violentes inacceptables, le sentiment d’un terrible gâchis. Et des Français au bout du rouleau laissés sur le pavé.

Samedi, place de l’Étoile, des manifestants et des CRS se sont affrontés autour de la tombe du soldat inconnu, symbole sacré, matérialisation du deuil et de l’hommage de la nation à tous ceux qui ont été pulvérisés par l’Histoire.

Aujourd’hui, un peu partout dans le monde, l’Histoire s’accélère, pour cause de mondialisation, de changement climatique, d’une explosion des développements technologiques. Autant de phénomènes qui engendrent angoisses, fractures et décrochages au sein des populations et des nations. Autant de phénomènes qui pulvérisent des pans entiers de sociétés.

Une réponse forte, globale au sens d’une approche transversale des problèmes et enjeux, qui oblige à repenser le lien, la solidarité, la politique fiscale et la notion de justice sociale, est urgente.


Rue de Rivoli, samedi, des Gilets jaunes s’attaquent, dans un air saturé de gaz lacrymogènes, à une grille du jardin des Tuileries. Une imposante grille, de celles qui font le cachet et l’identité de Paris. Lances en fer forgé surmontées de pointes dorées. Des dizaines de mains, gantées, l’agrippent, la malmènent, la bousculent d’avant en arrière. Il y a 226 ans, le 10 août...

commentaires (1)

les fers de lance des troubles de 1968 qui ont dispoé de façon regrettable du president de Gaulle se trouvent aujourd'hui dans le parlement européen et complètement font partis du système même qu'ils avaient contibuer à briser! Les gilets jaunes doivent bien penser leurs actions pour s'assurer de ne pas finir avec des avantages moindres de ceux qu'ils ont actuellement.

Wlek Sanferlou

23 h 09, le 02 décembre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • les fers de lance des troubles de 1968 qui ont dispoé de façon regrettable du president de Gaulle se trouvent aujourd'hui dans le parlement européen et complètement font partis du système même qu'ils avaient contibuer à briser! Les gilets jaunes doivent bien penser leurs actions pour s'assurer de ne pas finir avec des avantages moindres de ceux qu'ils ont actuellement.

    Wlek Sanferlou

    23 h 09, le 02 décembre 2018

Retour en haut