Madad, le fonds européen qui soutient réfugiés syriens et communautés hôtes

Venir en aide aussi bien aux réfugiés qu’à la communauté hôte, tel est le but du Fonds fiduciaire régional de l’Union européenne en réponse à la crise syrienne, plus connu sous l’appellation Madad. Depuis sa création en 2014, le fonds a versé 1,6 milliard de dollars pour soutenir les Syriens déplacés à l’intérieur de leur pays ou réfugiés au Liban, en Jordanie, en Turquie, en Égypte, en Irak et dans les Balkans. Ces aides bénéficient aussi aux populations des États qui les accueillent, réduisant la pauvreté des régions rurales et aidant à préserver la cohésion sociale.

Au Liban par exemple, au cours des premiers mois de la crise en 2011, les réfugiés syriens ont été accueillis à bras ouverts par les habitants. Mais alors que leur séjour se prolongeait et que les aides n’étaient destinées qu’aux Syriens dans des régions dépourvues de tout, la grogne est vite montée. Ce sont des projets et des programmes financés par des donateurs tels que l’Union européenne et mis en place par des institutions onusiennes et internationales qui ont aidé à calmer la situation et encouragé la population locale à accepter la présence de réfugiés syriens.

Aujourd’hui, grâce à Madad, dans des régions pauvres et reculées de la Békaa et du Akkar, des Libanais bénéficient d’aides en matière de santé, d’aides à la scolarisation et de projets d’infrastructure.

« Personne n’œuvre pour l’implantation des réfugiés dans ce pays, assure Christina Lassen, chef de délégation de l’UE au Liban. Nous venons en aide aussi bien aux Libanais qu’aux Syriens. »

Au Liban, depuis la création du projet Madad en 2014, l’Union européenne a versé 520 millions d’euros pour venir en aide aux réfugiés et à la communauté hôte. Rien que durant l’été 2018, 165 millions d’euros ont été alloués dans le cadre de ce fonds au Liban. 100 millions d’euros seront utilisés pour l’éducation formelle et informelle des enfants syriens. Cela inclut également la réhabilitation des écoles publiques qui accueillent ces réfugiés. 52 millions d’euros seront consacrés à assurer la protection sociale et le soutien aux réfugiés ainsi qu’aux communautés hôtes, et 13 millions d’euros seront alloués pour venir en aide aux Palestiniens de Syrie qui se sont réfugiés au Liban.

Avec cette enveloppe et les projets qu’il finance, Madad est le plus important programme d’aides européennes au Liban.

(Lire aussi : L’UE s’engage pour la santé et l’éducation des réfugiés au Liban)

Projets pilotes

Les projets sont mis en place en coordination avec plusieurs ministères libanais. Selon les personnes en charge de divers volets de Madad au sein de la Commission européenne à Beyrouth, notamment en matière d’éducation, de santé, d’intégration sociale et d’infrastructure, les projets pilotes qui sont en train de voir le jour aideront le gouvernement libanais, en temps voulu, à adopter les bonnes politiques de développement dans divers domaines.

En ce qui concerne l’infrastructure par exemple, divers villages aux quatre coins du Liban bénéficient actuellement de la création de réseaux d’eau potable fiables. Le travail se fait conjointement avec les municipalités et l’Office des eaux dans les régions données. Une nouveauté, des compteurs sont installés pour chaque maison qui reçoit l’eau désormais. Ce genre de projets responsabilise aussi bien les municipalités que les habitants en matière de consommation et du degré de propreté de l’eau.

Dans le cadre de la santé, le projet assure notamment un soutien aux dispensaires reconnus par le ministère de la Santé et aidant les Libanais les plus démunis. Dans le cadre de sa politique de santé, l’État libanais dépense d’importantes sommes d’argent pour la couverture de l’hospitalisation et des traitements en milieu hospitalier de maladies graves comme le cancer. Madad, de son côté, privilégie la prévention. Ce qui, sur le long terme, coûterait moins cher à l’État.

Sur le plan social, la coopération se fait avec les centres sociaux relevant du ministère des Affaires sociales qui accueillent aussi bien des Libanais vulnérables que des réfugiés syriens. Grâce au fonds Madad, plus de dix mille foyers libanais dont les membres vivent dans l’indigence absolue reçoivent désormais des aides financières, à travers des cartes bancaires électroniques alimentées tous les mois, tout à fait comme l’assistance versée aux réfugiés syriens. Ce chiffre sera revu à la hausse quand des données plus élaborées sur les ménages libanais enregistrés auprès du ministère des Affaires sociales seront disponibles.

En ce qui concerne l’éducation, grâce au projet Madad, plus d’une centaine d’écoles publiques ont été réhabilitées dans toutes les régions et présentent désormais des bibliothèques, des cours de récréation adaptées aux enfants ainsi que du matériel informatique qui n’existait pas auparavant. La scolarisation des enfants se fait grâce au projet RACE mis en place par le ministère de l’Éducation et l’Unicef. Environ 160 000 enfants syriens, âgés entre 5 et 12 ans, sur 220 000 présents au Liban, fréquentent l’école publique, la plupart suivant des cours l’après-midi. Des dizaines de milliers d’enfants qui ne fréquentent pas l’école bénéficient de l’éducation informelle grâce à un projet intitulé « Back to the Future », ouvert aussi aux Libanais qui ont besoin de cours de rattrapage pour réintégrer l’école.

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