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Liban - Coopération

L’UE s’engage pour la santé et l’éducation des réfugiés au Liban

Environ 500 000 personnes pourraient bénéficier d’un programme de financement de santé, lancé récemment par l’UE, pour faciliter l’accès aux soins des plus démunis.

Christina Lassen (au centre) et Ghassan Hasbani (à sa gauche) entourés des représentants des différents organismes au centre Karagheusian.

« Dès mon arrivée au Liban, j’ai vraiment bien été prise en charge médicalement par le centre Karagheusian, à Bourj Hammoud », témoigne une jeune réfugiée syrienne, qui fait référence à un centre ayant reçu des fonds alloués par l’Union européenne. Cette femme fait partie des 500 000 personnes qui devraient bénéficier de soins quasi gratuits et d’une prise en charge médicale efficace grâce à un programme de financement européen lancé le 13 juin, au cours d’une cérémonie organisée au centre Karagheusian. L’objectif de ce programme est d’assurer l’accessibilité des personnes aux soins de santé. Il s’adresse aussi bien aux réfugiés qu’aux Libanais et aux personnes « vulnérables », comme les personnes en état de malnutrition ou d’invalidité permanente, et s’étalera sur une durée de deux ans.

Avec un budget de 32 millions d’euros, il va permettre aux patients d’avoir gratuitement accès à une consultation, à l’imagerie médicale, aux diagnostics et tests en laboratoire, ainsi qu’aux médicaments de première nécessité et services de santé psychiatrique. L’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) estime à 100 000 les admissions hospitalières de réfugiés pour l’année 2018 seulement. L’agence ne couvre, toutefois, que les interventions d’urgence extrême.
La santé génésique – dont les soins anténataux et postnataux – la chirurgie mineure et l’ophtalmologie sont les secteurs dans lesquels des efforts seront particulièrement fournis dans le cadre du programme.

En parallèle, des campagnes de sensibilisation à l’hygiène et à la santé seront menées afin de prévenir la propagation de maladies. Pour la mise en œuvre, seront impliqués non seulement des professionnels en psychothérapie, psychiatrie et management, mais aussi des volontaires.Le projet a été initié dans le cadre du fonds fiduciaire européen et turc « Madad » créé en 2014 pour répondre à la crise des réfugiés syriens au Liban, en Jordanie, en Irak, en Égypte, en Turquie et dans les pays des Balkans occidentaux. Jusqu’à aujourd’hui, plus d’un milliard et demi d’euros ont été levés dans le cadre de ce fonds pour être investis dans les domaines de la santé, de l’éducation, et de l’intégration économique et sociale des réfugiés. « Madad » permet aussi l’accès à une aide psychosociale pour tenter de pallier aux traumatismes de l’expérience de la guerre et de l’exil. Concrètement, il finance des projets pour l’accès à l’eau potable et est impliqué dans l’effort de déminage. Les réfugiés syriens constituent la plus importante population réfugiée issue d’un conflit d’une seule génération, et l’afflux massif vers le Liban a nécessité une organisation de taille de la part des autorités. Le Liban est le pays où la concentration per capita de réfugiés est la plus importante au monde. Étant donné que la majorité d’entre eux vit sous le seuil de pauvreté et que l’afflux a eu des conséquences économiques sur la population locale, ce programme est particulièrement nécessaire.

La gestion du programme par des ONG
International Medical Corps et le HCR sont les organismes qui ont récemment lancé le programme au centre Howard Karagheusian. Alors que le premier est spécialisé dans l’aide médicale d’urgence et dans la formation du personnel soignant local, le second distribue au maximum de personnes le minimum requis pour vivre : nourriture, combustibles, matériaux d’isolation et médicaments.
 « L’objectif principal est de fournir un accès aux soins à un maximum de personnes », a déclaré Ghassan Hasbani, ministre sortant de la Santé, lors de la cérémonie, tout en soulignant que ce programme s’adresse aussi aux ressortissants libanais. La représentante du HCR, Mireille Girard, a rappelé que le Liban fait face à une crise majeure. Depuis 2011, quelque 1,3 milliard d’euros ont été alloués par la Commission européenne au Liban (chiffres d’avril 2018), à la fois pour répondre à la crise des réfugiés syriens et pour apporter une assistance bilatérale. Celle-ci se concentre sur le développement économique et social, l’investissement dans des infrastructures décentes et le soutien à la société civile.

Les fonds versés par la Commission européenne servent aussi à favoriser l’accès à l’éducation pour les réfugiés qui ont fui la Syrie et pour les communautés hôtes libanaises dans le besoin. Construction et rénovation d’infrastructures scolaires, amélioration des services de transport, formation des éducateurs, accès à l’enseignement supérieur, le leitmotiv de l’Union européenne consiste à éviter une « génération perdue ». Plus de 400 000 réfugiés syriens au Liban sont en effet des enfants âgés de 3 à 14 ans, dont la moitié n’a pas accès à l’éducation, ce qui fait d’eux de potentielles cibles d’exploitation, de mariages précoces ou encore de violences. Avec ces mesures, l’Union européenne compte à long terme pouvoir faire de la région un partenaire économique viable, avec des individus formés qui contribueront au développement local et international. Depuis le début de la crise des réfugiés, le travail des ONG est continu. Il a d’ailleurs été salué par l’ambassadrice de l’Union européenne Christina Lassen : « Vous faites une vraie différence pour tant de personnes. »

Des initiatives de la société civile existent aussi pour la formation des réfugiés. Dans les camps, certains particuliers donnent des cours de littérature ou de « vivre-ensemble » pour se familiariser avec les us et coutumes du pays d’accueil. En attendant que les conflits cessent, beaucoup nourrissent l’espoir de rentrer dans leur pays d’origine pour reconstruire une nouvelle société, et ceci passera par l’éducation. Parallèlement aux efforts fournis dans la formation et dans la santé, certains décident d’apporter un soutien psychologique aux réfugiés : la clé pour éviter une « génération perdue » pourrait bien avant tout être celle de la résilience et de la reconstruction individuelle.


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