La tension est montée d'un cran samedi à la frontière entre le Liban et Israël après des tirs israéliens qui n'ont pas fait de victimes, alors que l'Etat hébreu mène depuis mardi une opération visant à détruire des tunnels percés par le Hezbollah et qui infiltrent son territoire. L'armée israélienne a également annoncé en début de soirée la découverte d'un nouveau tunnel "offensif".
Des soldats israéliens, actuellement déployés le long de la ligne bleue dans le cadre de cette opération, ont ouvert le feu samedi contre trois individus suspectés, selon eux, d'appartenir au Hezbollah. Les tirs israéliens n'ont pas fait de victimes.
"Trois personnes, visiblement des membres du Hezbollah, ont été repérées en tentant de s'approcher de poches situées au niveau nord et est du mur de sécurité (israélien)", a affirmé cet après-midi sur Twitter le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee. "Les forces (israéliennes) ont ouvert le feu en direction de ces personnes conformément aux procédures standards d'opération, et ces dernières se sont enfuies. Les travaux (d'excavation) se poursuivent normalement, a-t-il ajouté. (...) Ceux qui tentent de s'approcher des forces israéliennes et de saboter leurs efforts le font au péril de leur vie", a prévenu le responsable israélien.
Un porte-parole de l'armée israélienne a indiqué à l'AFP que l'incident de samedi s'est déroulé près de Yiftah, au sud de la ville de Metoulla à proximité de laquelle a été découvert le tunnel partant du Liban. L'armée israélienne a considéré que les trois personnes tentaient d'arracher des détecteurs placés au sol par les soldats israéliens afin de repérer les tunnels.
De son côté, l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), a rapporté samedi que des soldats israéliens ont tiré en l'air après avoir été surpris par une patrouille des services de renseignement de l'armée libanaise. Ces soldats israéliens se seraient retrouvés coincés dans un épais brouillard et auraient été surpris par la présence d'une patrouille libanaise effectuant une tournée de routine dans la région de Mays el-Jabal, le long de la frontière.
(Lire aussi : Tunnels du Hezbollah : Pris en faute, le Liban tarde à réagir)
Mardi, l'armée israélienne avait lancé son opération "Bouclier du Nord", après avoir annoncé avoir découvert des tunnels du Hezbollah sur son territoire. La Force intérimaire des Nations Unies au Liban (Finul) avait confirmé, après s'être rendue de l'autre côté de la ligne bleue, l'existence d'un tunnel partant d'une maison du village libanais de Kfar Kila. Vendredi, le ministre israélien des Renseignements, Israel Katz, avait affirmé que si cela s'avérait nécessaire, Israël n'hésiterait pas à étendre son opération du côté libanais de la ligne de démarcation entre les deux pays.
Réagissant à ces développements, le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, a assuré samedi que la troupe "restera toujours en alerte pour remplir sa mission de maintien de la sécurité, sur le territoire libanais tout comme à la frontière".
"L'armée restera toujours en alerte pour remplir son rôle de maintien de la sécurité, sur le territoire libanais tout comme à la frontière, et elle se distingue par sa forte volonté d'accomplir la mission qui lui a été confiée", a lancé le général Aoun lors d'une tournée à l'aéroport international de Beyrouth.
En début de soirée, le porte-parole arabophone de l'armée israélienne a annoncé la découverte d'un nouveau tunnel qu'il attribue au Hezbollah.
"Découverte d'un nouveau tunnel terroriste offensif qui s'étend du Liban vers Israël et qui a été creusé par le Hezbollah terroriste", a écrit Avichay Adraee. Il a ensuite ajouté que le tunnel en question "a violé la Ligne bleue" mais est "sous contrôle israélien" et ne "constitue pas de danger". "Le tunnel a été miné. Quiconque essaie d'y entrer se met en danger", a-t-il prévenu, affirmant que les soldats israéliens effectuaient parallèlement "des inspections" dans ce tunnel. Avichay Adraee a enfin fait "assumer au gouvernement libanais la responsabilité de ce tunnel au Liban".
Le porte-parole de la Finul, Andrea Tenenti, a confirmé samedi soir avoir été informé par Israël de la découverte du deuxième tunnel au sud de la Ligne bleue. "En coopération avec les différentes parties, une équipe de la Finul se rendra sur le site (du deuxième tunnel) le plus tôt possible afin de vérifier les faits", a-t-il fait savoir.
Le Hezbollah n'a jusque-là pas commenté directement les derniers développements. Jeudi, le parti chiite et son allié politique, Amal, avaient affirmé que "la résistance est prête à empêcher l’ennemi (israélien) de parvenir à ses fins", préconisant la nécessité de rester "alerte face aux tentatives de l’ennemi israélien de provoquer le Liban".
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé à sanctionner le Hezbollah, exhortant le conseil de sécurité de l'ONU à prendre des mesures. "Nous pensons que le Hezbollah devrait être condamné avec force et universellement pour cet acte d'agression", a clamé M. Netanyahu, pointant également du doigt l'Iran, parain du Hezbollah, et le Liban. "Ils laissent leur territoire être utilisé dans un acte d'agression contre un Etat voisin, et ils laissent leurs citoyens être utilisés comme des pions", a-t-il ajouté à propos du Liban.
Le Kremlin a indiqué samedi que M. Netanyahu avait contacté par téléphone le président russe Vladimir Poutine pour discuter de l'opération de destruction du tunnel. M. Poutine a "souligné la nécessité d'assurer la stabilité le long de la ligne séparant Israël et le Liban", selon l'ambassade russe en Israël.
Le Hezbollah est la seule faction libanaise à avoir maintenu ses armes après la guerre civile du Liban (1975-1990).
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commentaires (11)
Mais n importe quoi qu est ce qu’il faut pas entendre
Bery tus
13 h 15, le 09 décembre 2018