Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, mandaté par le chef de l'Etat Michel Aoun pour dénouer le "noeud sunnite" qui fait obstacle à la naissance du gouvernement, a renvoyé lundi dos à dos le Premier ministre désigné, Saad Hariri, et les députés sunnites pro-8 Mars qui réclament un portefeuille ministériel, à l'issue d'une rencontre avec ces derniers.
"Nous avons eu une rencontre franche et avons fait des remarques pour parvenir à une solution", a déclaré le ministre sortant des Affaires étrangères à l'issue de la réunion au domicile beyrouthin d'Abdel Rahim Mrad, l'un de ces parlementaires. "La base populaire que représente la minorité sunnite doit être reconnue", a ajouté M. Bassil, demandant "aux parties concernées par le problème de le résoudre entre eux" et soulignant que le président Aoun n'était pas une partie au conflit.
"Nous sommes déterminés à ce que l'un de nous soit représenté dans le prochain gouvernement", a de son côté déclaré M. Mrad à l'issue de cette rencontre qui s'est achevée par un déjeuner. "Nous voulons arriver à convaincre le Premier ministre désigné de faire des concessions", a-t-il ajouté.
(Lire aussi : Gouvernement : la médiation de Bassil menacée d’enlisement)
"Obstacles injustifiés"
Le bloc parlementaire du Courant du Futur, qui s'est réuni sous la direction de Saad Hariri, a, lui, affiché son mécontentement par rapport aux propos de M. Bassil et aux revendications des députés sunnites pro-8 Mars. "Le bloc considère que les obstacles auxquels la formation du gouvernement doit faire face sont injustifiés", a souligné le bloc dans un communiqué. "Le Premier ministre désigné a fourni tous les efforts possibles pour permettre la formation du gouvernement et les propos qu'il a tenus lors de ses dernières interventions, et notamment lors de sa conférence de presse (de mardi dernier, NDLR) constituent une réponse suffisante aux déclarations et campagnes visant à lui faire porter la responsabilité du retard de la formation du cabinet", poursuit ce texte.
Les députés du Futur ont souligné que "la mouture du futur gouvernement est prête, selon la volonté de la plupart des formations politiques, à l'exception de la formation qui insiste à imposer ses conditions pour la représentation du groupe des six députés sunnites".
Le Hezbollah pro-iranien soutient la revendication des six députés sunnites prosyriens qui réclament un portefeuille ministériel, ce que le Premier ministre désigné Saad Hariri refuse, accusant le parti chiite d'utiliser cette revendication pour bloquer la naissance d'un cabinet.
Dans la journée, le mufti de la République libanaise, cheikh Abdel Latif Deriane, avait estimé que l'obstacle à la formation du gouvernement qui se fait attendre depuis près de six mois n'était "pas sunnite, mais politique", affichant son soutien au Premier ministre désigné Saad Hariri.
Dimanche, le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, avait estimé que "la mise sur pied du cabinet est tributaire de l’Iran" alors que quelques heures plus tôt, M. Bassil avait, a contrario, assuré que le processus gouvernemental n’est lié à aucune donnée extérieure.
Lire aussi
Gouvernement : le Hezbollah accentue les pressions « sunnites » sur Hariri
Médiation gouvernementale : le « Bassil nouveau » est arrivé !, le décryptage de Scarlett Haddad
Gouvernement : l’obstructionnisme devient la règle du jeu
Gouvernement : pour les sunnites anti-haririens, l’intercession de Bassil doit passer par eux
commentaires (7)
qui ne voyait pas cela venir, parlant de gb&oncle ?
Gaby SIOUFI
08 h 49, le 23 novembre 2018