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Liban - crise

Gouvernement : pour les sunnites anti-haririens, l’intercession de Bassil doit passer par eux

Le chef du CPL a défendu devant le mufti Deriane le principe d’un Premier ministre et d’un président de la République « forts ».

M. Bassil s’entretenant avec le mufti en présence de Tarek el-Khatib. Photo Dalati et Nohra

Après avoir dit son mot, et tracé les lignes rouges qu’il refuse de voir transgressées, le Premier ministre désigné Saad Hariri a laissé entendre indirectement, lors de sa conférence de presse mardi, que s’il ne détenait pas la solution miracle pour sortir de la crise, il n’empêcherait pas pour autant qu’elle provienne d’une tierce partie. Comprendre que l’initiative de médiation engagée depuis plusieurs jours par le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, pour résoudre le nœud des sunnites anti-haririens qui réclament une représentation au sein du gouvernement est la bienvenue mais qu’il reste à voir quels en seront les tenants et aboutissants.

Hier, M. Bassil a poursuivi sa tournée auprès des responsables pour aplanir le terrain et rapprocher les points de vue, testant ses propositions auprès de ses interlocuteurs. La dernière en date, selon des sources proches du CPL, serait d’intégrer un sunnite à la quote-part allouée au président du Parlement, Nabih Berry, qui renoncerait à l’un des trois ministres chiites qui lui sont réservés. À son tour, le chef de l’État devra renoncer au ministre sunnite compté dans sa part, pour prendre à la place un chiite.

« Cette formule ne sera pas acceptée par le Hezbollah, qui refusera toute solution qui se ferait à ses dépens, à moins que M. Berry, s’il est d’accord, ne puisse les convaincre du contraire », commente Kassem Kassir, un journaliste proche des milieux du parti chiite.

Évitant d’évoquer la teneur de l’entretien qu’il avait eu il y a trois jours avec M. Bassil, encore moins les détails de la nouvelle proposition véhiculée par le chef du CPL – et qui selon certains observateurs serait un simple ballon d’essai à ce stade – le président du Parlement, via les députés qui l’ont rencontré à Aïn el-Tiné lors de sa réunion hebdomadaire du mercredi, a souligné avoir informé le chef du CPL de son point de vue sur différentes idées sur lesquelles se baser pour résoudre le « nœud sunnite ».

L’un des six députés sunnites pro-8 Mars Kassem Hachem, également présent à la réunion, a appelé Saad Hariri, qui s’était qualifié la veille de « père » de la communauté sunnite au Liban, à traiter de manière équitable « tous ses fils » en attribuant dans son gouvernement un ministère aux parlementaires anti-haririens.

« Le père doit être juste envers tous ses fils, a lancé M. Hachem. Donc lorsque Saad Hariri se qualifie lui-même de “père” de la communauté sunnite, il doit faire preuve d’équité en ce qui concerne notre représentation au sein du futur gouvernement », a ajouté M. Hachem, élu sur la liste d’Amal au Liban-Sud.

Dans un entretien express accordé à L’Orient-Le Jour, M. Hachem, considéré comme faisant partie de l’aile « modérée » au sein du groupe des six sunnites anti-haririens, n’a pas commenté l’information distillée par les milieux aounistes sur un éventuel échange de ministres entre le chef du législatif et le président.

« Il y a eu plusieurs propositions. À ce jour, il n’y a pas encore de formule définitive », s’est contenté de dire le député, qui a salué au passage la « flexibilité » qu’a démontrée M. Hariri durant sa conférence de presse.

« Au départ, M. Hariri avait refusé le principe même d’échange des ministres avec le chef de l’État notamment, ce qui ne semble plus être le cas aujourd’hui », a-t-il dit, saluant la décision annoncée par le Premier ministre d’intégrer un ministre proche de Nagib Mikati, ancien chef de gouvernement.

C’est un son de cloche plus radical qu’on entend toutefois chez le député sunnite du même bloc, Walid Succariyé, proche du Hezbollah, qui s’est montré intraitable sur la revendication formulée par les députés de son camp.

« Nous représentons la communauté sunnite et refusons par conséquent d’être intégrés au lot chiite qui revient à M. Berry. Nous refusons tout autant d’être représentés par un ministre que concéderait le chef de l’État sur sa quote-part », dit-il, en réponse à la proposition d’échange entre MM. Berry et le chef de l’État comme issue envisageable.


(Lire aussi : Hariri met directement le Hezbollah en cause dans le blocage)


Les sunnites « de la résistance »

M. Succariyé a également refusé de parler de « souplesse » dans la récente position exprimée par M. Hariri – il évoque plutôt une « manœuvre orchestrée » par le Premier ministre – et continue d’accuser ce dernier de vouloir monopoliser la représentation de la rue sunnite, même si M. Hariri entend intégrer un ministre proche de M. Mikati, ce qui, selon lui, ne résout pas la problématique de la représentation des sunnites anti-haririens.

« Toute notre bataille est destinée à décrocher une reconnaissance de notre existence en tant que groupe sunnite, allié à la résistance, qui est à distinguer de celui que représente M. Hariri, voire de M. Mikati, qui reste après tout le seul sunnite à l’intérieur de son groupe parlementaire (qui comprend un maronite, un alaouite et un grec-orthodoxe) », dit-il à L’OLJ, signalant au passage que la Rencontre de concertation sunnite dont il fait partie regroupe, elle, six sunnites.

Dans les milieux de M. Mikati, on tient à rappeler à qui veut l’entendre que l’accord entre M. Hariri et l’ancien chef de gouvernement d’intégrer au cabinet un ministre qui relève de ce dernier « a été convenu il y a près de quatre semaines, soit bien avant que l’obstacle des sunnites du 8 Mars ne se révèle ». Par conséquent, « il n’y a pas lieu de lier les deux situations », souligne une source proche de l’ancien Premier ministre.


(Lire aussi : « Hassan Nasrallah se trouve en confrontation avec tout le monde »)


Un gouvernement « fort »

Entre-temps, le chef du CPL a poursuivi sa tournée auprès des responsables pour tenter de débloquer la situation. Après un entretien avec le mufti de la République Abdellatif Deriane à Dar el-Fatwa où il s’est rendu, M. Bassil a souligné la nécessité de rendre justice à toutes les parties, sans toutefois que cela se fasse dans la contrainte, encore moins aux dépens des prérogatives du Premier ministre et du chef de l’État, rejoignant sur ce point la position exprimée la veille par M. Hariri.

« Ce gouvernement d’union nationale doit englober tout le monde, loin de la contrainte et de l’injustice. Nous voulons un gouvernement fort et un Premier ministre fort. Nous n’accepterons rien d’autre que cela. Car un Premier ministre faible veut dire un État faible, des institutions faibles et un président de la République faible. Tout ce qui porte atteinte au Premier ministre nous porte atteinte », a affirmé M. Bassil dans un sursaut de solidarité avec M. Hariri.

Réagissant à cette visite, Fayçal Karamé, député de Tripoli, a affirmé qu’« avant de se rendre chez le mufti, M. Bassil devrait s’entretenir avec nous ». Il est rejoint par le député Jihad el-Samad, qui a indiqué que les « sunnites indépendants (les sunnites pro-8 Mars), ne sont pas concernés par les initiatives de M. Bassil tant qu’ils ne nous a pas consultés ».


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commentaires (6)

Honte , honte . Aujourd'hui ils ont montré un documentaire sur le Liban ( sud ) sur la RAI TV. Italienne c'était vraiment une honte, ça fait prendre la fuite aux touristes . Ils n'ont pas montre les beaux paysages de notre pays.

Eleni Caridopoulou

20 h 47, le 18 novembre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • Honte , honte . Aujourd'hui ils ont montré un documentaire sur le Liban ( sud ) sur la RAI TV. Italienne c'était vraiment une honte, ça fait prendre la fuite aux touristes . Ils n'ont pas montre les beaux paysages de notre pays.

    Eleni Caridopoulou

    20 h 47, le 18 novembre 2018

  • Donc pour résumer car il faut appeler les choses par leur nom: nous avons 6 collaborateurs ou mandataires iraniens anti haririens qui veulent rentrer dans un gouvernement libanais présidé par Hariri en cours de formation . Pour synthétiser encore , on dit à hariri : non mais c’est normal et simple comme bonjour , ils sont contre toi , tais toi et tu dois les faire rentrer chez toi . Simple clair net normal ... presque tranquille

    L’azuréen

    13 h 32, le 15 novembre 2018

  • hahahaha ! du diable s'ils ont honte ces 6 la ! par exemple l'honorable Succarye -surtout lui- qui clame haut et fort refuser d' "etre" integre dans le clan des chiites ! comme s'il aurait jamais reussi a etre elu n'etait ce "son appartenance " a ce clan et aux partisans de hezbollah en particulier.

    Gaby SIOUFI

    11 h 04, le 15 novembre 2018

  • C'est quand même étonnant de voir que quand des sunnites expriment ouvertement leur attachement à la résistance, certains trouvent ça suspect et interventionniste . Faisons là à l'envers, si des chiites devaient se trouver dans la même situation , cad voulant rejoindre le groupe de la collaboration avec les 14 Mars donc anti résistance du hezb libanais, que diraient ces libanais qui voient le diable partout ? Les sunnites pro résistance existent , ils sont là et ont droit à participer à la vie politique du Liban nouveau en marche et fort . Vous savez quoi , ils ne sont pas les seuls sunnites pro résistance, d autres sunnites dans d autres pays , usurpé ou pas existent bel et bien .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 03, le 15 novembre 2018

  • "...tout ce qui porte atteinte au Premier ministre nous porte atteinte..." du bla-bla hypocrite pour la galerie venant de la part de celui qui en coulisses fait tout le contraire pour contenter ses alliés ! Jusqu'à quand ce cinéma honteux et dégradant pour notre pays va-t-il continuer ? Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 28, le 15 novembre 2018

  • C,EST LE BORDEL ! DOMMAGE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 23, le 15 novembre 2018

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