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Liban - crise

Gouvernement : la médiation de Bassil menacée d’enlisement

Le chef du CPL devrait, en principe, s’entretenir avec les députés sunnites prosyriens prochainement.

Gebran Bassil s’exprimant à Nahr el-Kalb. Photo ANI

La médiation menée par le chef du CPL et ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, en sa qualité d’émissaire présidentiel, pour faciliter la formation du gouvernement, est menacée d’impasse, ou du moins d’enlisement. Dans le cadre de ses efforts lancés il y a une semaine pour aider le Premier ministre désigné, Saad Hariri, à défaire « le nœud sunnite » empêchant encore son cabinet de voir le jour, M. Bassil devrait, en principe, s’entretenir aujourd’hui ou prochainement avec les six députés sunnites prosyriens qui demandent de prendre part à l’équipe ministérielle.

Forts de l’appui du Hezbollah, Abdel-Rahim Mrad (Békaa-Ouest), Fayçal Karamé (Tripoli), Adnane Traboulsi (Beyrouth), Kassem Hachem (Marjeyoun-Hasbaya), Walid Succarié (Baalbeck-Hermel) et Jihad Samad (Minié-Denniyé) continuent d’insister pour ce qu’ils appellent leur « droit » à intégrer la future équipe ministérielle, en dépit de l’opposition catégorique du président de la République, Michel Aoun, mais aussi (et surtout) du Premier ministre désigné. Le chef de l’État avait profité d’une rencontre avec les médias à l’occasion du second anniversaire de son accession à la présidence, le 31 octobre dernier, pour mettre les points sur les i à ce sujet : selon lui, les députés en question ne forment pas un bloc parlementaire unifié. Ils n’ont donc pas le droit de plaider pour une représentation gouvernementale.

Pour en revenir à la médiation de Gebran Bassil, et selon l’agence locale al-Markaziya, il devrait rencontrer les parlementaires concernés aujourd’hui au Parlement et devrait en profiter pour leur demander de dresser une liste de ministrables sunnites gravitant dans l’orbite du 8 Mars. L’un des noms proposés devrait prendre part au prochain gouvernement et relèverait du lot du chef de l’État. Les mêmes milieux vont jusqu’à faire valoir que M. Bassil envisagerait de mettre fin à sa médiation si les parlementaires en question ne répondaient pas favorablement à ses demandes.


(Lire aussi : Gouvernement : un nœud, trois phases et beaucoup de complications..., le décryptage de Scarlett HADDAD)


Cela fait dire à certains observateurs que cette proposition est une preuve que le bras de fer dans lequel les députés sunnites prosyriens sont engagés ne les oppose pas à Saad Hariri, mais à Michel Aoun. D’autant que le chef du gouvernement devrait obtenir, dans son propre lot, un ministre chrétien, en échange de quoi le chef de l’État s’est vu accorder un sunnite. On rappelle aussi que M. Hariri a déjà fait une importante concession en accordant un sunnite de son propre lot à l’ancien Premier ministre Nagib Mikati, comme il l’avait confirmé lors de sa conférence de presse tenue mardi dernier à la Maison du Centre.

Quoi qu’il en soit, une source proche de M. Bassil confie à L’Orient-Le Jour que la date et le lieu de l’entretien n’ont pas encore été fixés. Il est néanmoins probable qu’il se tienne au Parlement, indique la même source, assurant que M. Bassil n’entend aucunement freiner ses efforts en vue de la mise sur pied du cabinet.

Mais les milieux proches du chef du Courant patriotique libre semblent soucieux de souligner que le ministre sunnite en question ne devrait pas relever de la quote-part de Michel Aoun, encore moins de celle du CPL. D’où l’importance d’une éventuelle rencontre entre Saad Hariri et ses concurrents. Et c’est pour cet objectif que le chef de la diplomatie déploie actuellement ses efforts, ajoute-t-on.

De même, un proche de Fayçal Karamé indique à L’OLJ qu’aucun rendez-vous n’a été définitivement fixé entre M. Bassil et les députés sunnites en question, même si Abdel-Rahim Mrad est entré en contact avec M. Bassil durant le week-end écoulé. À en croire la même source, les députés formant la « Rencontre consultative » sunnite campent toujours sur leur position : l’un d’eux devrait être nommé ministre. Une façon pour eux de répondre à l’initiative Bassil, d’où la possible impasse.

En face, le courant du Futur, lui aussi, persiste et signe : Saad Hariri refuse d’intégrer un de ses opposants sunnites à son équipe en cédant un ministère de son lot. C’est ce qu’affirme à L’OLJ un proche du Premier ministre, rappelant que le problème n’est que chez le Hezbollah qui devrait s’employer à le régler tout comme il l’a provoqué.


(Lire aussi : Gouvernement : le Hezbollah accentue les pressions « sunnites » sur Hariri)


Geagea : Tributaire de l’Iran
En attendant l’issue des contacts de Gebran Bassil, le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, préfère interpréter la léthargie gouvernementale actuelle sous un angle régional. S’exprimant, par vidéo, lors d’une conférence organisée par le département d’Amérique du Nord au sein du parti, M. Geagea a déclaré que le nœud sunnite est « provoqué », soulignant que « depuis l’entrée en vigueur des sanctions américaines renforcées contre l’Iran, le 4 novembre, la République islamique est sur la défensive, d’où le blocage des processus de formation des gouvernements aussi bien au Liban qu’en Irak ». « La mise sur pied du cabinet est tributaire de l’Iran. S’il pense que le blocage est à son avantage, il persistera. Mais si Téhéran estime qu’il ne pourra pas en tirer des bénéfices politiques, il facilitera la genèse du cabinet », a encore dit Samir Geagea.

Plus tôt dans la journée, Gebran Bassil avait, a contrario, assuré depuis Nahr el-Kalb que le processus gouvernemental n’est lié à aucune donnée extérieure.


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commentaires (12)

apres beaucoup, beaucoup trop de va et vient, de suggestions, de tentatives de mediation , RIEN TOUJOURS RIEN. REFLECHISSEZ Y UN MOMENT. SERAIT VENU LE TEMPS DE RE-ECRIRE NOTRE CONSTITUTION D'UNE FACON ET EN UNE LANGUE QUI NE PRÉSENTERAIENT A AUCUNE "INTERPRÉTATION " PERSONNELLE ?

Gaby SIOUFI

08 h 55, le 23 novembre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (12)

  • apres beaucoup, beaucoup trop de va et vient, de suggestions, de tentatives de mediation , RIEN TOUJOURS RIEN. REFLECHISSEZ Y UN MOMENT. SERAIT VENU LE TEMPS DE RE-ECRIRE NOTRE CONSTITUTION D'UNE FACON ET EN UNE LANGUE QUI NE PRÉSENTERAIENT A AUCUNE "INTERPRÉTATION " PERSONNELLE ?

    Gaby SIOUFI

    08 h 55, le 23 novembre 2018

  • Mr Bassil a beaucoup d’humour quand il dit que le processus gouvernemental n’est soumis à aucune donnee extérieure..,il devrait se recycler en humoriste.

    L’azuréen

    18 h 53, le 19 novembre 2018

  • QUE LE PRESIDENT ET LE PREMIER MINISTRE SIGNE LE DECRET COMME IL ETAIT PREVU ( LES NOMS DE HB PEUVENT MEME RESTER LES MEMES POUR NE PAS ATTENDRE DE NOUVEAUX NOMS)ET VOYONS SI IL OBTIENT LA MAJORITE DES VOIX AU PARLEMENT CELA SUFFIT D'ETRE A LA MERCI DE TOUT ET UN CHACUN SI HB ENLEVE SES MINISTRES ON LES REMPLACERA PAR D'AUTRES CHIITES UNE FOIS POUR TOUTE

    LA VERITE

    16 h 24, le 19 novembre 2018

  • Cette histoire de médiation ressemble à celle d'un oncle malade d'une maladie très grave. Au lieu que sa famille immédiate ne le remette a des spécialistes pour le sauver, decide de créer un comité des voisins et du village pour résoudre sa maladie. Le temps de décider qui est in et qui est out l'oncle trepasse et son héritage vas a tout les voisins qui ont quand même fait partie de la conversation...sa femme et ses enfants vous dites? Ils ont immigrés. Et Bassil dans tout ça? Parent ou voisin?

    Wlek Sanferlou

    13 h 12, le 19 novembre 2018

  • " selon lui, les députés en question ne forment pas un bloc parlementaire unifié. Ils n’ont donc pas le droit de plaider pour une représentation gouvernementale." Très bien! Mais qui s'est arrogé "le droit" de fermer les portes du Parlement pendant 30 mois pour, finalement, "élire" le président désigné par notre "wali al faqih"? Ils n'ont pas le droit. certes. mais tout le monde finira par obéir au diktat du sayyed...

    Georges MELKI

    11 h 51, le 19 novembre 2018

  • David-Gebran Bassil, plein de bonne volonté louable...ne se rend pas compte quels Goliath il prétend affronter, le pauvre ! Un Goliath aux multiples têtes extérieures et intérieures, ces dernières soumises aux dictats des premières, non-libanaises... Quant à beau-papa...il est tranquille et confortable dans son palais de Baabda du "Liban nouveau et fort", tout en regardant de là-haut son pays pateaugeant dans le marasme économique qui empire chaque jour... Merci, notre pays va de mieux en mieux, grâce à vous, MESSIEURS LES RESPONSABLES ! Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 21, le 19 novembre 2018

  • Ahhhh quand les FL demandaient un ministre de la quote part du président l’on entendait les faucons du CPL et de la présidence refuser catégoriquement ... maintenant c’edt Une chose demander par Bassil même !! Je comprend plus de pays ...mais les libanais le peuple n’est pas mieux ... il faut arrêter de mettre tous les pbs sur le gouvernement... nous les libanais sommes coupable tout autant ...et vous allez les voire se baigner à éden bay

    Bery tus

    09 h 50, le 19 novembre 2018

  • Bassil devrait s'entretenir avec ces élus sunnites , et devrait trouver une solution pour leur intégration dans le gouvernement de ce nouveau Liban fort et indépendant. There is no way out . Merci Bassil .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 30, le 19 novembre 2018

  • Le bleu de travail d'un ministre est un costume & cravate, normalement. Ce type de photos a le potentiel de resurgir 50 ou 100 ans plus tard.

    Shou fi

    08 h 07, le 19 novembre 2018

  • Il est amusant Bassil quand il dit que le processus gouvernemental n’est lié à aucune donnée extérieure. Il y a peu de temps il accusait l’Arabie Saoudite et Trump du retard. Quoiqu’il fasse, Bassil aura du mal a justifié trois ministres Sunnites à Hariri et trois ministres Sunnites aux autres (1 x President, 1 x Mikati, 1 x indépendants du 8 Mars)? Le “culpit” c’est la quota du Président qu’il faudrait abolir. C’est une hérésie inconstitutionnelle qui a vu le jour à Doha. De plus, pourquoi faut il donner des ministères au President alors qu’il n’a plus les moyens de tenir les promesses de son mandat: l’économie s’engoufre, une pauvreté qui s’élargit, une dette galopante, la corruption à tous les niveaux, et un miséreux dossier de l’électricité… Et il nous reste quatre ans de plus à tirer!

    Zovighian Michel

    05 h 30, le 19 novembre 2018

  • Marchands de tapis de la république bananière... je t'enlève, tu me donnes, en contrepartie de quoi, tu enlèves au voisin... et ainsi de suite... Pur scandale! Et dire que nous voulons bâtir une société «renouvelée». Il faudra un jour balayer tout ce beau monde, pour laisser place nette aux espoirs d'une société, dont les jeunes, hélas, désemparés et désabusés continuent de quitter le pays.

    Christian Samman

    01 h 39, le 19 novembre 2018

  • LE BLOCAGE INITIE PAR LA MILICE EST PERSIQUE ! EN REPONSE AUX SANCTIONS QUI FONT TRES MAL...

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 34, le 19 novembre 2018

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