Gina Haspel, directrice de la CIA, a pris connaissance d'un enregistrement sonore effectué lors du meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, à l'occasion de sa visite en Turquie cette semaine, a appris jeudi l'agence Reuters auprès de deux sources turques. La CIA et les services de renseignement turcs se sont refusés à tout commentaire sur cette information. De retour d'Istanbul, la directrice de la CIA, Gina Haspel, informera ce jeudi le président Donald Trump de l'évolution de l'enquête, a toutefois annoncé la porte-parole de la Maison blanche, Sarah Sanders.
Selon deux sources turques, Gina Haspel a pris connaissance, lors de sa visite en Turquie, d'un enregistrement sonore effectué lors du meurtre de Jamal Khashoggi.
Le quotidien américain Washington Post, dans lequel écrivait Jamal Khashoggi, a également rapporté l'information, citant des sources proches du dossier, tout en écrivant que l'enregistrement en question pourrait être "celui de l'interrogatoire et du meurtre". Une source anonyme informée de l'enregistrement audio a qualifié celui-ci de preuve "forte" en estimant que cela "pourrait mettre la pression sur Washington afin qu'il tienne Riyad pour responsable du meurtre de Jamal Khashoggi", ajoute le quotidien. "Cela fait que la balle est dans le camp de Washington", a dit au Washington Post Bruce Riedel, ex-responsable au sein de la CIA et chercheur à la Brookings institution. "
Le journal proche du pouvoir turc Sabah avait déjà rapporté mercredi que les services de renseignement d'Ankara avaient partagé avec la directrice de la CIA des éléments qualifiés de "preuves".
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Riyad a reconnu que Jamal Khashoggi avait été tué le 2 octobre au consulat saoudien d'Istanbul, mais a nié toute préméditation. Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammad ben Salmane a qualifié mercredi d'"incident hideux" le meurtre du journaliste, sa première réaction publique à cette affaire qui a suscité un tollé international et écorné l'image du royaume saoudien.
Mercredi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau promis de tout faire pour que les responsables et les commanditaires de l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi répondent de leurs actes.
Dans son discours qui a capté l'attention à travers le monde mardi, M. Erdogan s'est efforcé de donner des détails sur les préparatifs des tueurs, afin d'accréditer la thèse d'une opération soigneusement préparée. La veille, il avait dit que les agents saoudiens avaient effectué des repérages dans une forêt près d'Istanbul et dans une ville du nord-ouest de la Turquie avant le meurtre, suggérant qu'ils cherchaient un lieu où cacher le corps. En outre, le circuit de vidéosurveillance du consulat avait été "désactivé" le matin du meurtre, avait poursuivi le président turc, confirmant des informations publiées ces derniers jours par les médias turcs. M. Erdogan n'a toutefois pas précisé sur quels éléments il basait ses affirmations, ne mentionnant à aucun moment d'éventuels enregistrements audio ou vidéo dont la presse turque et certains responsables turcs font état depuis le début de l'enquête.
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Le président américain, Donald Trump, a, lui, estimé mercredi que le prince héritier saoudien dirigeait de facto le royaume et pouvait difficilement ne pas être au courant de l'assassinat du journaliste saoudien, dédouanant dans le même temps son père, le roi Salmane.
Âgé de 59 ans, Jamal Khashoggi, un éditorialiste qui collaborait avec le Washington Post, a été tué le 2 octobre dans le consulat de son pays à Istanbul où il s'était rendu pour obtenir des documents administratifs en vue de son mariage. Après avoir nié la mort du journaliste, le gouvernement saoudien a avancé plusieurs versions contradictoires, évoquant notamment une "rixe" ayant mal tourné. Riyad soutient désormais que le journaliste a été tué au cours d'une opération "non autorisée" dont MBS n'était pas informé.
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Depuis la nuit des temps les détendeurs du pouvoir ont toujours eu recourt à la liquidation des opposants et les meneurs du contre-pouvoir. C’était souvent une concurrence entre Elite et même en famille ; et pour la population c’était leur dernier souci. Le monde à changer depuis qu’on demande au peuple de se mouiller au nom de la légitimité du pouvoir. Entre-temps dans les pays où la notion du pouvoir du peuple n’existe pas, la mondialisation a introduit l’opinion publique universelle pour mettre au pas les pouvoirs absolu.
11 h 55, le 26 octobre 2018