Le "meurtre odieux" du journaliste saoudien Jamal Khashoggi est impensable "sans le soutien des États-Unis", a déclaré mercredi le président iranien Hassan Rohani en conseil des ministres.
"Je ne pense pas qu'un pays ose faire une telle chose sans le soutien des États-Unis", a déclaré M. Rohani dans une allocution retransmise par la télévision d'État iranienne.
Avant la disparition de M. Khashoggi, "il était impensable que nous puissions être témoins d'un tel crime en bande organisée. Qu'un crime ou un meurtre soit commis dans l'ombre, c'est une possibilité, mais qu'une institution en vienne à planifier un meurtre odieux, c'est un problème très important", a-t-il ajouté.
"Le groupe tribal qui dirige cette nation (l'Arabie saoudite) a une marge de sécurité qui consiste à compter sur les États-Unis. C'est cette superpuissance qui les soutient", a encore déclaré le président iranien.
M. Rohani n'a pas prononcé le nom de Jamal Khashoggi mais a fait référence à sa personne en parlant d'un "journaliste critique".
La disparition de M. Khashoggi, tué le 2 octobre au consulat saoudien à Istanbul, a suscité une vague d'opprobre internationale contre l'Arabie saoudite, grand rival sunnite de l'Iran chiite.
Depuis les premières accusations turques imputant le meurtre du journaliste à Riyad, le 6 octobre, les dirigeants iraniens étaient restés presque muets sur cette affaire qui ébranle l'autorité du prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane.
La première réaction officielle iranienne est tombée lundi par la voix du chef de l'Autorité judiciaire, l'ayatollah Sadegh Larijani. Celui-ci a estimé que le "meurtre abominable" de M. Khashoggi allait "révéler davantage la nature des Saouds, du système monarchique d'Arabie saoudite" et du prince Ben Salmane.
(Lire aussi : Meurtre Khashoggi : Trump évoque une possible implication de MBS)
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, a, lui, affirmé mercredi sur Twitter que "pour détourner (l'attention) des unes de la presse sur la brutalité saoudienne à Istanbul et au Yémen, le secrétaire américain au Trésor (...) sanctionne l'Iran pour 'avoir soutenu' des talibans anti-Iran."
M. Zarif fait référence aux sanctions financières annoncées mardi par les États-Unis et l'Arabie saoudite, ainsi que cinq autres pays du Golfe, contre des talibans afghans et deux responsables iraniens accusés de les soutenir financièrement.
L'annonce de ces sanctions a été faite par le Trésor américain dans un communiqué publié à Riyad, où s'était rendu le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, pour une réunion du Centre contre le financement du terrorisme (TFTC).
L'Arabie saoudite et Bahreïn ont également annoncé avoir classé comme "terroristes" les Gardiens de la Révolution et l'influent général Ghassem Soleimani, qui commande leurs opérations extérieures.
"L'assassinat de Khashoggi [...] a conduit les dirigeants de l'Arabie saoudite à prendre des mesures irréfléchies", a réagi le général Mohammad Saleh Jokar, officier de liaison des Gardiens de la Révolution au Parlement iranien. Cela, "afin de détourner l'attention de l'opinion publique", a-t-il dit, cité par l'agence de presse Mehr.
Un autre officier des Gardiens de la Révolution, le général Esmaïl Kossari, a lui aussi accusé Riyad de chercher à "détourner l'attention de l'opinion publique mondiale", selon Mehr.
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22 h 13, le 24 octobre 2018