La population iranienne traverse une période délicate en raison de la pression exercée par les Etats-Unis et des difficultés économiques, a déclaré le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, dans un discours diffusé jeudi par la télévision publique. Ali Khamenei s'exprimait devant des dizaines de milliers de membres de miliciens islamiques ("bassidjis") et de responsables des Gardiens de la révolution réunis dans un stade à Téhéran.
Les relations entre l'Iran et les États-Unis sont au plus bas depuis que le président américain Donald Trump s'est retiré de l'accord de juillet 2015 encadrant le nucléaire iranien et a rétabli un certain nombre de sanctions contre l'Iran.
"La situation du pays, de la région et du monde est délicate, en particulier pour nous, les Iraniens", a déclaré Ali Khamenei. "Délicate en ce que, d'une part, nous avons les cris des puissances et les politiciens arrogants de l'Amérique impérialiste (...) et d'autre part, parce que les problèmes économiques du pays et le resserrement des moyens de subsistance d'une grande partie des personnes en situation de faiblesse dans le pays."
L'Iran doit mettre une claque aux Etats-Unis et mettre en échec les sanctions, a déclaré Ali Khamenei dans son discours. "Avec la bonté de Dieu, nous mettrons les sanctions en échec. Et l'échec des sanctions est l'échec de l'Amérique", a déclaré Ali Khamenei. "Et l'Amérique doit recevoir une nouvelle gifle du peuple iranien avec l'échec des sanctions."
Le rial iranien a perdu environ 75% de sa valeur depuis le début de 2018.
Les autorités américaines ont annoncé de nouvelles sanctions contre le secteur pétrolier iranien pour le 4 novembre. Mercredi, la Cour internationale de justice (CIJ), saisie par Téhéran, a ordonné aux Etats-Unis de suspendre certaines sanctions contre l'Iran visant des importations "à des fins humanitaires".
La décision de la Cour a été accueillie comme une "victoire" par l'Iran, mais Washington a indiqué n'avoir aucune intention de suivre l'avis des juges de La Haye en annonçant mettre fin au "traité d'amitié" irano-américain de 1955 sur la base duquel l'Iran avait présenté sa plainte à la CIJ. Le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif a réagi à cette abrogation unilatérale en qualifiant Washington de "régime hors la loi".
L'Iran et les Etats-Unis ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980.
Le guide suprême iranien a par ailleurs affirmé qu'il n'autoriserait "jamais" que l'Iran soit livré à ses ennemis. "Faire courir l'idée, conformément aux souhaits de l'ennemi, qu'il n'y a pas d'autre solution que de se livrer à l'ennemi, c'est la pire des trahisons vis-à-vis de la nation iranienne, et cela n'arrivera pas", a déclaré l'ayatollah Khamenei. "Avec l'aide de Dieu, tant que je suis vivant et en capacité, et avec votre aide, je n'autoriserai jamais qu'une telle chose arrive".
Le terme "ennemi" englobe généralement pour l'Iran l'ensemble des ennemis du pays et de l'islam, au premier rang desquels les Etats-Unis, qualifiés de "Grand Satan" par les autorités iraniennes.
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commentaires (4)
"...avec la bonté de DIEU...nous mettrons les sanctions en échec...etc...." Eh bien, pour éviter "le resserrement des moyens de subsistance" on vous conseille vivement d'arrêter de dépenser des millions au Yémen, en Syrie, au Liban via le Hezbollah, et même en France, pour des projets qui ne concernent en rien votre peuple, que vous prétendez guider "suprêmement" ! Vous constaterez alors que votre peuple vivra beaucoup mieux, "avec l'aide de DIEU" ! Irène Saïd
Irene Said
15 h 03, le 04 octobre 2018