Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Éclairage

Trump contre l’Iran, mais sans le reste du monde

Malgré son isolement, le président américain possède plusieurs atouts pour mettre son plan en action.

Donald Trump présidait hier le Conseil de sécurité de l’Onu. Don EMMERT/AFP

À l’international, Donald Trump n’a plus qu’une seule obsession : l’Iran. Considérant que la crise avec la Corée du Nord est en voie d’être réglée depuis sa rencontre avec Kim Jong-un à Singapour en juin dernier, le président américain a changé de cible et adresse désormais toutes ses menaces à la République islamique. Il l’a fait lundi lors de son discours devant l’Assemblée générale des Nations unies. Puis il a enfoncé le clou hier, en présidant une réunion du Conseil de sécurité sur la non-prolifération des armes de destruction massive. L’objectif est clair : le locataire de la Maison-Blanche veut faire plier l’Iran, comme il pense avoir fait plier la Corée du Nord, et veut entraîner toutes les grandes puissances dans ce projet.

Donald Trump n’a cessé de critiquer l’accord nucléaire signé entre l’Iran et les 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne) depuis son accession au pouvoir. « Dans les années qui ont suivi la signature de l’accord, l’agression de l’Iran n’a fait qu’augmenter », a-t-il encore matraqué hier. Il a décidé en mai dernier de faire sortir les États-Unis de cet accord et de rétablir les sanctions contre la République islamique. Il a assuré hier que les sanctions rétablies seraient « pleinement » en vigueur début novembre et seront suivies par de nouvelles mesures punitives « plus dures que jamais, pour contrer l’ensemble du comportement malveillant de l’Iran », accusé une nouvelle fois de déstabiliser le Moyen-Orient.


(Lire aussi : Trump, les droits de l’homme et le deux poids, deux mesures)


Sans surprise, le président américain s’est retrouvé isolé dans sa rhétorique belliciste face aux membres du Conseil de sécurité et cosignataires de l’accord. Premier à s’exprimer, le président français Emmanuel Macron a réaffirmé la position de son pays et de l’Union européenne sur ce dossier. « Nous devons bâtir ensemble une stratégie de long terme pour la gestion de cette crise qui ne peut se réduire à une politique de sanctions et de confinement », a-t-il affirmé. Sur la même lancée, la Première ministre britannique Theresa May a pour sa part affirmé que l’accord « demeure le meilleur moyen d’empêcher l’Iran de développer une arme nucléaire et nous sommes engagés à le préserver aussi longtemps que l’Iran continuera à appliquer complètement ses engagements ». La position européenne n’a pas bougé d’un iota depuis un an : s’ils sont d’accord avec M. Trump sur la nécessité d’encadrer les activités balistiques et la politique régionale de l’Iran, les Européens considèrent que le JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action) est une réussite qu’il faut sauvegarder. L’attitude jusqu’au-boutiste de Donald Trump pourrait pousser les Européens, qui cherchent aujourd’hui à trouver un compromis acceptable pour Washington, à faire bloc aux côtés des Russes et des Chinois pour critiquer l’unilatéralisme américain.

« Le fait que les États-Unis se soient retirés de l’accord constitue une menace pour le Traité de non-prolifération », a martelé le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Si on ne sauve pas le pacte de 2015, « nous pourrions être confrontés à une montée des tensions dans l’ensemble du Moyen-Orient », a-t-il averti. En 2015, l’accord avec l’Iran « avait été obtenu de haute lutte », a renchéri le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi. Il représente « une victoire pour le multilatéralisme, il contribue à la paix et à la stabilité au Moyen-Orient » et « avait été entériné à l’unanimité par le Conseil de sécurité », a-t-il insisté, tout en admettant qu’« aucun accord international n’est parfait ».


(Lire aussi : Proche-Orient : "J'aime bien la solution à deux Etats", déclare Trump)


Carotte et bâton

Réitérant la même tactique qu’avec la Corée du Nord, Donald Trump veut utiliser la carotte et le bâton pour conclure un meilleur « deal » avec l’Iran. Il dénonce et menace la République islamique tout en lui proposant de s’asseoir autour de la même table. Une ambivalence que le président iranien Hassan Rohani n’a pas manqué de relever : « Il est paradoxal que les États-Unis ne cherchent même pas à cacher leur plan visant à renverser le gouvernement alors même qu’ils l’invitent à des pourparlers. » Devant l’Assemblée générale annuelle de l’ONU à New York, Hassan Rohani a accusé mardi Washington de vouloir « renverser » le régime de Téhéran malgré ses propositions de dialoguer. Le président iranien a qualifié d’« absurde » la position de Donald Trump qui avait un peu plus tôt, au pupitre de l’ONU, appelé le monde à « isoler » le régime iranien « corrompu ».

Si certains des cadres de l’administration Trump, à l’instar de John Bolton (conseiller à la Sécurité nationale) et de Mike Pompeo (secrétaire d’État), cachent à peine leur souhait de renverser le régime iranien, l’occupant du bureau Ovale semble, lui, plus intéressé par un règlement bilatéral de la crise qui reviendrait à imposer ses conditions à Téhéran. « L’administration Trump soutient qu’elle n’applique pas une politique de “regime change”. Ils soutiennent que le but est le changement de politique par le régime, non pas le changement du régime. Mais la perception de Téhéran est qu’il n’y a pas de différence entre les deux », explique à L’Orient-Le Jour Naysan Rafati, spécialiste de l’Iran à l’International Crisis Group.


(Lire aussi : Trump, les droits de l’homme et le deux poids, deux mesures)


« Indirectement face »

Malgré son isolement au Conseil de sécurité, le président américain possède toutefois plusieurs cartes dans sa manche pour étrangler Téhéran. Les Européens cherchent à mettre en place un mécanisme pour contourner les sanctions américaines, mais il tarde à se mettre en place et plusieurs grandes entreprises, dont Total, ont déjà quitté le marché iranien. Donald Trump peut également compter sur le soutien de ses alliés régionaux, Israël, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui partagent sa volonté d’endiguer la « menace » iranienne. Les États-Unis ont, de plus, récemment assuré par la voix de Mike Pompeo qu’ils allaient rester en Syrie jusqu’à ce que les Iraniens et leurs obligés quittent le territoire. « De plus en plus, l’Iran et les États-Unis se font indirectement face sur plusieurs théâtres régionaux comme la Syrie, le Yémen ou l’Irak », confirme Naysan Rafati. Washington ne manque vraisemblablement pas de moyens pour mettre en place son plan d’action.




Lire aussi

Affrontement frontal à l'ONU entre Trump et Rohani

Une lecture iranienne des sanctions américaines et de leurs conséquences

Trump veut « iraniser » la stratégie utilisée pour Pyongyang


À l’international, Donald Trump n’a plus qu’une seule obsession : l’Iran. Considérant que la crise avec la Corée du Nord est en voie d’être réglée depuis sa rencontre avec Kim Jong-un à Singapour en juin dernier, le président américain a changé de cible et adresse désormais toutes ses menaces à la République islamique. Il l’a fait lundi lors de son discours devant...

commentaires (2)

UNE FOIS LES SANCTIONS APPLIQUEES LE MONDE OBLIGATOIREMENT VA SUIVRE ! LES DETOURS DONT L,U.E. ETRANGEMENT SE FAIT LE PORTE PAROLE ET LE CHAMPION VONT ECHOUER LAMENTABLEMENT !

LA LIBRE EXPRESSION

06 h 34, le 27 septembre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • UNE FOIS LES SANCTIONS APPLIQUEES LE MONDE OBLIGATOIREMENT VA SUIVRE ! LES DETOURS DONT L,U.E. ETRANGEMENT SE FAIT LE PORTE PAROLE ET LE CHAMPION VONT ECHOUER LAMENTABLEMENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 34, le 27 septembre 2018

  • La solution est un changement de regime a Teheran...tout le monde le souhaite...et surtout le peuple iranien...au lieu d essayer de coutourner les sanctions us,l Europe devrait aider a appliquer l estocade finale afin que ce regime criminel s effondre une fois pour toutes...

    HABIBI FRANCAIS

    05 h 56, le 27 septembre 2018

Retour en haut