"L'homme en charge de la politique monétaire du pays", à savoir le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, "est frustré par la lenteur dans la mise en place des réformes" par le Liban. C'est par cette affirmation que débute un article de la chaîne américaine CNBC, signé Natasha Turak et publié lundi.
"En plus de l'instabilité qui frappe la région et le blocage politique au niveau de la formation du prochain gouvernement (libanais), de nombreux rapports affirment que le pays de quatre millions d'habitants se dirige vers une crise bancaire", écrit CNBC. "Le gouverneur de la Banque centrale estime que ces rapports sont exagérés", ajoute la chaîne. "Toutefois, il considère que des progrès plus rapides au niveau des réconciliations politiques et de la transparence économique sont cruciaux pour permettre au pays d'aboutir à une meilleure infrastructure, à de meilleurs investissements et à la création d'emplois dans le secteur privé".
"Les marchés veulent de la visibilité. Ils veulent voir les décisions prévues par la conférence de Paris (CEDRE) exécutées", a affirmé Riad Salamé, dans un entretien à CNBC, réalisé par la journaliste Hadley Gamble à Beyrouth. "L'économie a besoin d'une infrastructure fraîche afin de générer de la croissance et créer des emplois. Les Libanais espèrent obtenir cela si un nouveau gouvernement voit le jour", a ajouté M. Salamé.
En avril dernier s'était tenue en France une conférence d'aide au Liban, qui avait pour objectif de soutenir le pays à travers une série d'investissements, à condition que celui-ci exécute une série de réformes, un objectif pour lequel le Premier ministre désigné Saad Hariri s'est engagé dans le cadre du prochain gouvernement. Onze milliards de dollars de prêts et dons ont été consacrés au Liban dans le cadre de cette conférence.
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La livre libanaise "restera stable"
Sur le plan monétaire, Riad Salamé a répété à CNBC que la livre libanaise "restera stable". "La Banque centrale et le secteur bancaire local ont les moyens de maintenir l'objectif d'une monnaie stable vis-à-vis du dollars", a expliqué Riad Salamé.
Au niveau politique, le gouverneur de la BDL a affirmé toutefois que "nous devons attendre la formation du gouvernement afin que le budget de 2019 soit voté pour voir comment le Liban va gérer sa dette à l'avenir". "Les réformes fiscales sont importantes afin d'assurer la durabilité du Liban, mais ces réformes ne peuvent être mises en place par la Banque centrale, elle doivent être mises en place par le gouvernement", a-t-il ajouté.
"Cela est en effet frustrant car nous sommes dans une période où toute la région fait face à des défis, et où les Libanais s'attendent à un meilleur environnement économique afin qu'ils puissent trouver des emplois", a lâché Riad Salamé.
"Il y a des questions politiques qui nous dépassent, il y a des luttes de pouvoir qui ne sont pas uniquement le fruit d'ambitions d'ordre interne, il y a une situation politique régionale qui affecte notre pays. Mais je pense qu'il y a un besoin de faire des efforts afin de ne pas décevoir les attentes de la population", a estimé M. Salamé.
Le gouverneur de la BDL reste cependant optimiste, note CNBC : "Une fois qu'un accord politique sera obtenu, se traduisant par la formation d'un gouvernement, les efforts commenceront, je crois, en vue de stimuler l'économie et investir dans l'infrastructure. Et la chose la plus urgente est de mettre un terme à l'accroissement du secteur public tout en améliorant le secteur privé afin qu'il devienne plus productif", a-t-il souligné.
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Mais Riad Salamé conclut sur une note moins rassurante. "La situation politique, la situation sécuritaire... C'est une région où il y a des problèmes d'ordre politique et des guerres qui se déroulent. Nous ne savons pas comment cela va se terminer".
Le Premier ministre désigné Saad Hariri n'a toujours pas réussi à former son gouvernement, une mission dont il a été mandaté il y a plus de trois mois. Les tensions autour de la répartition des portefeuilles ministériels entre les forces politiques est la raison principale du blocage.
Vendredi dernier, le ministre libanais sortant des Finances, Ali Hassan Khalil avait affirmé que la situation monétaire et financière du Liban était "saine", alors que plusieurs responsables tirent la sonnette d'alarme à ce sujet. Le jour d'avant, le président du Parlement, Nabih Berry, avait affirmé que "la situation économique est dangereuse", soulignant toutefois que cela n'est pas le cas de la situation monétaire. Le chef du Législatif avait mis en garde concernant la situation économique du pays, ajoutant que le Liban était "aux soins intensifs".
Les organisations internationales, agences de notation et autres observateurs s’inquiètent régulièrement de la forte exposition des banques à la dette publique et l’absence de réformes concrètes lancées par l’État pour contrôler son endettement. Riad Salamé avait déclaré début août que le Liban ne prévoyait pas pour le moment de lancer un nouveau "swap" (opération d’échange de titres de dette). La dernière transaction de ce type entre le ministère des Finances et la BDL a été finalisée en mai et portait sur un montant de 5,5 milliards de dollars d’obligations du Trésor en livres échangées pour un montant équivalent d'eurobonds à des conditions avantageuses pour l’État.
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Lire l'intégralité de l'article de CNBC ici
Ces derniers temps, chacun, du premier responsable de ce pays, à tous les autres...exprime ses: frustrations regrets souhaits etc., "pour faire bien"... Mais aucun n'entreprend une action positive et courageuse pour sauver ce pays de la catastrophe grandissante. Par contre, certains sont les champions des twitters incendiaires et accusateurs envers les autres, pensant peut'être que c'est ainsi qu'ils assument leurs responsabilités envers leur patrie ! Irène Saïd
08 h 55, le 12 septembre 2018