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Liban - crise

Gouvernement : une nouvelle initiative Hariri... sauf escalade présidentielle ?

Les FL déterminées à faire face à un « cabinet taillé à la mesure de Gebran Bassil ».

Melhem Riachi remettant à Michel Aoun l’invitation à la messe en hommage aux martyrs de la Résistance libanaise. Photo Dalati et Nohra

Comme prévu, le Premier ministre désigné Saad Hariri a échoué à former son gouvernement avant la fête d’al-Adha. Et rien ne prête à croire qu’il parviendra à le mettre sur pied prochainement. Et pour cause : les nœuds empêchant encore le futur cabinet de voir le jour n’en finissent pas de se compliquer. Même si certains optimistes s’attendent à une possible initiative politique de la part de M. Hariri à partir de la semaine prochaine, à l’heure où des proches de Baabda ont laissé entendre que Michel Aoun pourrait intervenir personnellement dans les tractations gouvernementales à partir du 1er septembre prochain.

Il s’agit surtout de la querelle opposant le Courant patriotique libre aux Forces libanaises autour de leurs quotes-parts gouvernementales respectives. Dans une interview accordée mercredi soir à la MTV, Samir Geagea avait accusé le chef du CPL Gebran Bassil de tenter de réduire le poids ministériel des FL pour en amoindrir l’influence au sein de la future équipe.

Des propos qui avaient suscité la colère des aounistes, dont plusieurs députés et ministres sortants se sont employés à répondre à M. Geagea, tout en l’accusant d’entraver le processus gouvernemental afin de mettre en échec le régime. C’est dans ce cadre que s’inscrivent les propos tenus hier par Mario Aoun, député CPL du Chouf. Dans un entretien accordé à la Voix du Liban 93,3, M. Aoun a estimé que « le processus de formation du cabinet est devenu embêtant et lent parce que certaines parties campent sur leurs positions et ne sont pas prêtes à faire des sacrifices ». « Les obstacles sont liés à des protagonistes qui œuvrent pour la mise en échec du régime actuel », a-t-il ajouté. Une allusion à peine voilée au parti de Samir Geagea que la formation de Gebran Bassil accuse de ne pas soutenir la présidence, comme le stipule l’accord de Meerab conclu entre les deux partis le 18 janvier 2016.


(Lire aussi : Gouvernement : Bassil et Geagea plus que jamais à couteaux tirés)


Citées par le quotidien al-Akhbar (proche du Hezbollah), des sources au sein du CPL ont été encore plus loin, accusant Samir Geagea de « porter atteinte aux prérogatives du chef de l’État » et « de prendre le processus de formation du gouvernement en otage, conformément à des ordres extérieurs qu’exécute aussi le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt ». Les aounistes auraient ainsi accusé implicitement l’Arabie saoudite de s’ingérer dans les tractations gouvernementales en appuyant tacitement Meerab et Moukhtara.

Des propos que les milieux FL se contentent de placer dans le cadre d’une campagne par laquelle « Gebran Bassil viserait à renvoyer la balle du gouvernement dans le camp de Meerab et de Moukhtara », pour reprendre les termes d’un cadre FL contacté par L’Orient-Le Jour. Selon ce proche de M. Geagea, « M. Bassil est responsable des entraves empêchant le cabinet de voir le jour, dans la mesure où il tente d’amoindrir le poids des FL et du PSP ». « Nos rapports avec le chef de l’État sont bons », assure par ailleurs ce cadre FL, notant que le ministre sortant de l’Information, Melhem Riachi, s’est entretenu hier à Baabda avec Michel Aoun. Il en a profité pour lui remettre une invitation à la messe pour le repos de l’âme des martyrs de la Résistance libanaise, prévue le 9 septembre prochain.

Assurant que Riyad n’intervient pas dans les négociations gouvernementales, le cadre FL déclare sans détour que M. Bassil « voudrait un gouvernement taillé à sa mesure ». « Mais nous ne lui permettrons pas d’atteindre ce but », affirme-t-il.


(Lire aussi : Hariri sera-t-il « écarté du jeu » ?)


Le nœud sunnite… de nouveau

Il est vrai que des efforts sont déployés pour franchir les obstacles druze et chrétien. D’autant qu’à l’instar des FL et du CPL, les Marada et la Coalition nationale qu’ils parrainent continuent à plaider pour leur représentation gouvernementale. S’exprimant lors d’un meeting du département des jeunes Marada, Tony Frangié, député de Zghorta, a mis en garde contre « des tentatives de marginaliser » son parti et son bloc parlementaire, appelant à une formation rapide du cabinet Hariri. Mais il n’en reste pas moins que le nœud sunnite – né de l’insistance des députés sunnites ne gravitant pas dans l’orbite haririenne en vue d’une représentation ministérielle – empêche lui aussi l’équipe Hariri de voir le jour. Six de ces députés se sont réunis hier au domicile de Fayçal Karamé, député de Tripoli. Il s’agit, outre M. Karamé, de Abdel Rahim Mrad (Békaa-Ouest), Jihad el-Samad (Denniyé), Walid Succariyé (Baalbeck-Hermel), Kassem Hachem (Marjeyoun) et Adnane Traboulsi (Beyrouth). À l’issue de la réunion, les parlementaires concernés ont souligné dans un communiqué que « le nœud sunnite n’est que l’affirmation du droit d’une large frange des sunnites qui ont élu des députés n’appartenant pas au courant du Futur, à une représentation gouvernementale ». « L’occultation du nœud sunnite montre que le Premier ministre désigné ne se soucie pas des droits de cette communauté », ajoute le texte avant de poursuivre : « Le Premier ministre, qui n’a discuté des droits d’aucune autre communauté, insiste pour un monopole partisan (au sein de la communauté sunnite) qui n’est pas en harmonie avec la réalité populaire, ni avec les objectifs d’un gouvernement dit d’union nationale (…) »

En dépit de cette nouvelle escalade verbale de la part de ses détracteurs, les proches de Saad Hariri persistent et signent : le gouvernement ne verra pas le jour si le Premier ministre ne met pas sur pied une mouture dont il serait pleinement convaincu. Contactée par L’OLJ, une source au sien du courant du Futur confie que M. Hariri pourrait opter pour une nouvelle initiative politique pour faciliter la formation de son équipe à partir de la semaine prochaine. Sauf si Michel Aoun opte pour une grave escalade verbale, qui le mettrait en confrontation directe avec le Premier ministre désigné, nuance-t-on dans ces mêmes milieux.


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commentaires (6)

C'est très bien un gouvernement de techniciens il y a eu en Italie en 2011 ou 12 ca à remis le pays en pied

Eleni Caridopoulou

18 h 54, le 25 août 2018

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Commentaires (6)

  • C'est très bien un gouvernement de techniciens il y a eu en Italie en 2011 ou 12 ca à remis le pays en pied

    Eleni Caridopoulou

    18 h 54, le 25 août 2018

  • Les délais se relayent de fêtes en fêtes... Mmm ça doit être la faute aux fêtes... Les gens au pouvoir devraient éliminer toutes les fêtes... Plus de fêtes butoires et les gouvernements se formeront Illico presto... Sauf, bien sûr, si les raisons des délais n'ont rien à voir avec les fêtes...bizzare de dilemme

    Wlek Sanferlou

    17 h 42, le 25 août 2018

  • TOUT LE MONDE VEUT......TONY FRANGIEH "2" VEUT BLOQUER LE GOUVERNEMENT. IL FAUT LUI DONNER LE TÉLÉCOM.

    Gebran Eid

    16 h 24, le 25 août 2018

  • A présent le Président Hariri devrait présenter une liste claire et nette pour la composition du Gouvernement, faute de quoi, il donnerait l'impression à tort, que le problème trouve sa source dans son camp.

    Shou fi

    13 h 34, le 25 août 2018

  • UN SEUL ELEMENT BOYCOTTEUR -GENDRISSIMO-BEAUPERIEN- DANS LA FORMATION DU GOUVERNEMENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 46, le 25 août 2018

  • La seule solution serait de former un gouvernement de techniciens, apolitique. Mais comme le Hezbollah le refuse...

    Yves Prevost

    07 h 11, le 25 août 2018

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