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Liban - Drogue

Le cannabis est « cultivé dans la Békaa depuis les Ottomans, pourquoi ne pas le légaliser » ?

Le président du conseil municipal de Yammouné rappelle que le chanvre indien est beaucoup plus facile à cultiver que la pomme de terre.

Un cultivateur de cannabis dans la Békaa, dans l’ouest du Liban. Photo d’archives AFP

« C’est une plante âgée de 5 000 ans, pourquoi ne reconnaît-on pas enfin ses vertus ? » s’écrie le président du conseil municipal de Yammouné, Talal Chreif. « La Békaa a commencé à cultiver le cannabis sous l’empire ottoman, cela s’est poursuivi sous le mandat français. Pourquoi donc ne pas légaliser cette culture une fois pour toutes ? » poursuit-il dans un entretien téléphonique avec L’Orient-Le Jour.
C’est par ses propos que M. Chreif, dont le village est connu pour la culture de cette plante interdite, a commenté la déclaration faite mercredi par le président du Parlement, Nabih Berry, qui avait annoncé que « le Liban pourrait légaliser la culture du cannabis et son utilisation à des fins médicinales ». M. Berry évaluait ainsi l’une des propositions faites par le cabinet de conseil international McKinsey dans son plan de réformer l’économie libanaise présenté au gouvernement.
 « Nous faisons face à une horrible crise économique. Il est temps que l’État soit clément avec nous. Même si le prix du haschich baissait sur le marché une fois la plante devenue légale, l’agriculteur en tirerait toujours profit. Ce sont les dealers qui profitent du prix élevé de la vente illégale. Pas les agriculteurs », dit-il.


(Lire aussi : Que deviendrait le Liban "s'ils légalisent le haschisch" ?)


Le cannabis est une plante robuste et résistante qui aime les climats secs et tempérés et qui n’a pas besoin d’eau ou de pesticides pour grandir. Chaque plan peut atteindre deux mètres. Les semis se font en avril et la récolte à la mi-septembre, juste après la fête de la Sainte-Croix (14 septembre). Il est impossible d’avoir deux récoltes dans l’année dans la Békaa, car le climat de la plaine est trop froid en hiver.


Invité à donner plus d’explications sur le coût de la culture du cannabis, M. Chreif le compare à celui de la pomme de terre. « Un dounoum (environ 1 000 mètres carrés) de pommes de terre coûte à l’agriculteur libanais 1 500 dollars par an alors qu’un dounoum de haschich revient à 10 dollars. Ces 10 dollars par dounoum sont utilisés pour les semis en avril, trois irrigations jusqu’à la récolte de septembre, un peu de désherbage et la moisson ». Aujourd’hui, plus de 20 000 dounoums de la Békaa sont couverts de haschich.
Le président du conseil municipal de Yammouné énumère les nombreux usages bénéfiques du chanvre indien, mis à part l’utilisation médicale de l’huile de cannabis pure, qui a fait ses preuves, selon diverses études, pour soulager les douleurs chroniques ou traiter certaines formes d’épilepsie. « L’huile de cannabis est très pauvre en cholestérol, ses grains sont utilisés pour le fourrage de la volaille. Les tiges et les feuilles donnent de très bonnes fibres, elles peuvent être transformées, comme le lin, en tissus, elles sont également utilisées pour la fabrication de parfums et de cosmétiques. Elles contiennent de la cellulose utilisée pour faire durer la peinture », ajoute M. Chreif.


(Lire aussi : Cannabis à usage médical : quels sont ses bienfaits et les pays qui l'autorisent ?)

Le « libanais rouge »
Le cannabis libanais est considéré par les connaisseurs comme l’un des meilleurs du monde. Il existe deux sortes de résine libanaise : le libanais rouge est parmi les plus chères résines au monde et le libanais jaune, fabriqué avec les premières fleurs de la saison, a un goût moins fort et moins prononcé que le premier. Il n’en demeure pas moins qu’il est assez raffiné.
 « J’ai été contacté aujourd’hui par cinq journalistes libanais et étrangers qui me posent des questions sur l’éventualité d’une proposition de loi. Donnez-nous un peu de temps, la proposition du président de la Chambre date de 48 heures à peine. L’adoption d’une loi est une longue procédure » déclare, amusé, le député Yassine Jaber, interrogé par L’Orient-Le Jour. « Le processus autour de cette proposition de loi obéira aux règles en vigueur. Cela nécessite notamment des réunions d’experts, des comparaisons avec des lois étrangères… Il faut mettre en place tout un processus », précise-t-il.
À la question de savoir si la Régie des tabacs et des tombacs se chargerait de la collecte du cannabis des agriculteurs, comme c’est le cas actuellement avec le tabac, si la loi était adoptée, il note qu’un « organisme indépendant de cette Régie mais dont le travail lui est semblable serait responsable plus tard de ce dossier ».


(Pour mémoire : Au Liban, 50 % de la production de cannabis va à l’exportation)


Durant les années quatre-vingt-dix, le Liban, soutenu par les Nations unies, avait adopté un plan d’éradication de la culture du cannabis basé sur un programme de plantes de substitution pour les agriculteurs de la Békaa. Ce plan n’a jamais abouti.
Durant des années, les FSI procédaient à de vastes opérations de destruction de champs de cannabis dans la Békaa. Depuis la crise syrienne et l’appauvrissement d’une communauté hôte déjà pauvre, l’État libanais ferme les yeux sur la culture de cannabis qui est réapparue en force dans les villages de cette région.


Pour mémoire
« Je ne savais pas qu'on pouvait faire plus d'un an de prison pour un gramme de hasch »

Walid Joumblatt et Nouh Zeaïter : quelques tweets, un peu de diplomatie et pas mal de haschisch

Planter le haschisch pour ne pas vivre dans l'humiliation

Pour ou contre la légalisation du cannabis : ils s'expliquent

Et si le cannabis était légalisé au Liban ?

« C’est une plante âgée de 5 000 ans, pourquoi ne reconnaît-on pas enfin ses vertus ? » s’écrie le président du conseil municipal de Yammouné, Talal Chreif. « La Békaa a commencé à cultiver le cannabis sous l’empire ottoman, cela s’est poursuivi sous le mandat français. Pourquoi donc ne pas légaliser cette culture une fois pour toutes ? »...

commentaires (5)

Il s'agit surtout d'"une horrible crise économique", c.a.d. si les produits indigènes de la région seraient bien payés (à un prix qui permet les agriculteurs de faire un salaire de cela) il n'y aurait pas de problème. C'est un problème surtout de faire que les produits de fruits etc. que la Békaa produit, recoivent un prix juste. La globalisation fait malheureusement que c'est plus bon marché d'importer des fruits de la Turquie par exemple, que de le produire localement. Peut-être le gouvernement libanais pourrait taxer l'importation de ces produits étrangers, mais alors on risque d'être accusé de mésures protectionistes. La loi pourrait exiger de bien indiquer le pays d'origine qu'on sait au moins si le produit vient du Liban ou de l'étranger.

Stes David

14 h 49, le 20 juillet 2018

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Commentaires (5)

  • Il s'agit surtout d'"une horrible crise économique", c.a.d. si les produits indigènes de la région seraient bien payés (à un prix qui permet les agriculteurs de faire un salaire de cela) il n'y aurait pas de problème. C'est un problème surtout de faire que les produits de fruits etc. que la Békaa produit, recoivent un prix juste. La globalisation fait malheureusement que c'est plus bon marché d'importer des fruits de la Turquie par exemple, que de le produire localement. Peut-être le gouvernement libanais pourrait taxer l'importation de ces produits étrangers, mais alors on risque d'être accusé de mésures protectionistes. La loi pourrait exiger de bien indiquer le pays d'origine qu'on sait au moins si le produit vient du Liban ou de l'étranger.

    Stes David

    14 h 49, le 20 juillet 2018

  • On veut bien croire aux très nombreux arguments venant de tous les côtés et surtout ceux de Nabih Berry (lui...on devine facilement pourquoi...!!!) en faveur de la culture légale du cannabis dans la Bekaa ! Mais l'argument principal contre cette culture soi-disant légale et à but "médical" est que: 1) la Bekaa est connue pour être le fief de tous les trafics depuis toujours 2) cette région du Liban a été délaissée par ses responsables anciens et nouveaux, entrainant corruption et insécurité 3) notre Etat Libanais, qui n'est déjà pas capable de faire appliquer les lois les plus simples, comment croire qu'il saura contrôler la culture légale du cannabis, son commerce etc. ? Le problème principal est là !!! Irène Saïd

    Irene Said

    11 h 23, le 20 juillet 2018

  • En trois jours le haschich est devenu le sujet numéro un de l'état, le président du parlement libanais lui même s'en est chargé du volet promotionnel ....?!!! Vous comprenez ? l'intérêt national est en jeu ... À Bekaa !

    Sarkis Serge Tateossian

    09 h 21, le 20 juillet 2018

  • ET BIEN AVANT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 15, le 20 juillet 2018

  • article un peu boiteux: 1- Yammoune est plus connu pour ses empietement foncier ces temps ci, mais passons 2- Un dounoum (environ 1 000 mètres carrés) de pommes ......Aujourd’hui, plus de 20 000 dounoums de la Békaa sont couverts de haschich. ce n'est pas clair. la pomme de terre fait perdre $1500 par an/dounoum? et le hashish fait gagner $10 par an/dounoum? Sur cette base la, les agriculteurs gagnent $200,000 sur l'ensemble de la culture du hashish dans la bekaa. Pourquoi ne pas les leur donner et ils iront a la maison. rien que la lutte contre la production de hashish coute plus que $200,000 par an. 3- Ce sont les dealers qui profitent du prix élevé de la vente illégale. Pas les agriculteurs », dit-il. Les agriculteurs au Liban sont les dealers. Tjrs l'immage du Libanais d'une certaine confessions penaud qui se fait marcher sur les pieds. quand c'est pas eux le cireurs de pompes, arretez de jouer aux survivant de l'holocauste. 4-Le cannabis libanais est considéré par les connaisseurs comme l’un des meilleurs du monde. dixit l'orient le jour??? vous avez fais une degustation? 5- le libanais rouge est parmi les plus chères résines au monde la cherete d'un produit n'est pas toujours en adequation avec la qualite. 6- le cannabis a usage recreationel (haute teneur en THC) est celui qui fait gagner de l'argent. Alors que le medicinal (haute teneur en CBD et THC

    George Khoury

    08 h 06, le 20 juillet 2018

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