Pour un message posté il y a deux semaines sur les réseaux sociaux, Imad Bazzi, militant de la société civile, a été convoqué par le bureau de lutte contre la cybercriminalité des Forces de sécurité intérieure pour être entendu vendredi. Dans ce post, Imad Bazzi avait appelé les internautes à s’exprimer sur la page du projet touristique controversé de l’Eden Bay Resort, construit à même la plage de Ramlet el-Baïda (Beyrouth), et à dénoncer la pollution de l’eau à cet endroit due à la présence d’une bouche d’égout, ainsi que les nombreuses irrégularités qui ont entaché ce projet, qu’il qualifie « d’illégal », depuis ses débuts.
Rappelons que ce bâtiment suscite une vive polémique depuis que l’entrepreneur a obtenu un permis de construire en 2016, délivré par le mohafez de Beyrouth Ziad Chbib. Outre l’opposition de nombreux groupes de la société civile et d’une plainte déposée par deux d’entre eux devant le Conseil d’État, le projet a fait l’objet d’un rapport accablant du président de l’ordre des ingénieurs, Jad Tabet, et plus récemment du bureau d’ingénierie de la municipalité de Beyrouth (rapport qui a fuité dans les médias), dénonçant de nombreuses irrégularités dans la construction par rapport au permis initial. Le projet a été inauguré récemment, bien que le permis d’exploitation ne lui ait pas encore été délivré, mais conformément à un document octroyé par le ministère du Tourisme.
Interrogé par L’Orient-Le Jour sur sa convocation par le bureau de lutte contre la cybercriminalité, Imad Bazzi affirme que celle-ci intervient à la suite d’une plainte déposée par les propriétaires de l’Eden Bay contre lui. « J’ai précisé que je ne pourrai être présent vendredi en raison d’une opération chirurgicale que je subis demain (aujourd’hui), et la séance sera donc reportée », dit-il.
(Lire aussi : A Ramlet el-Baïda, l'Eden Bay Resort inauguré sur fond de manifestations)
Quels motifs ont invoqué les plaignants pour porter plainte contre lui ?
Bien que le militant n’en ait pas encore été notifié officiellement, il devine que la société a dû invoquer la « diffamation, et ce n’est pas la première fois qu’elle porte plainte contre ceux qui la critiquent ». Mais ses arguments à lui sont tout trouvés. « Pour ce qui est de la pollution que j’évoque dans mon post, elle est répertoriée en long et en large dans un document publié dans un rapport officiel sur la pollution de toute la côte libanaise, celui de l’Institut de recherches agricoles, dit-il. Et la présence de l’égout ne peut être ignorée. Pour ce qui est de l’illégalité du bâtiment en raison des nombreuses irrégularités qui ont entaché l’obtention du permis et la construction, elles ont aussi fait l’objet de nombreux rapports rendus publics. Que peut-on me reprocher
au juste ? »
Le militant compte contre-attaquer en portant plainte contre la société pour « abus de son droit de porter plainte auprès de la justice ». Dans tous les cas, l’affaire fait déjà grand bruit et de nombreux groupes de la société civile se mobilisent, notamment l’association March dont Imad Bazzi est membre. Affaire à suivre…
Eden Bay à Ramlet el-Baïda : une seule solution, la démolition
C’est le littoral libanais que l’on assassine... La mémoire aussi
Des associations catégoriques : les irrégularités sur l’Eden Bay sont techniquement irréversibles
Mais demandez au Président d’intervenir, lui qui demandait récemment aux citoyens libanais de l’aider à lutter contre la corruption... Quelle mascarade et bouffonnerie notre pays est devenu!
11 h 19, le 19 juillet 2018