Nabih Berry et Saad Hariri lors de leur entretien à Aïn el-Tiné, hier. Photo ANI
Avec le retour à Beyrouth du Premier ministre, Saad Hariri, après des vacances familiales, une nouvelle relance des tractations en vue de la mise sur pied d’un gouvernement est attendue incessamment.
C’est ce que M. Hariri a déclaré hier à l’issue d’un entretien qui s’est poursuivi autour d’un déjeuner avec le président de la Chambre, Nabih Berry, à Aïn el-Tiné. Étaient présents les ministres sortants de la Culture, Ghattas Khoury, et des Finances, Ali Hassan Khalil, respectivement conseillers politiques du Premier ministre et du chef du législatif. « Durant les deux prochains jours, je tiendrai une série de réunions, et je pourrais me rendre à Baabda prochainement », a lancé M. Hariri. M. Hariri, qui a informé le bloc du Futur de la teneur de sa réunion avec M. Berry, s’est montré à la fois optimiste et pragmatique, soulignant que les nœuds entravant la mise sur pied de la future équipe ministérielle sont toujours là. Le chef du gouvernement s’est quand même félicité de la trêve médiatique observée par le Courant patriotique libre et les Forces libanaises, après leur violente querelle qui a anéanti l’accord de Meerab du 18 janvier 2016, au moins dans son volet politique.
Le Premier ministre a, par ailleurs, assuré qu’il ne comptait aucunement renoncer à sa mission, appelant les protagonistes à « faire des sacrifices dans l’intérêt du pays », et insistant sur le fait que « dans ce pays, personne ne peut éliminer qui que se soit ».
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Commentant la récente polémique autour des prérogatives du Premier ministre, M. Hariri a déclaré sur un ton ferme : « Les prérogatives du Premier ministre figurent dans la Constitution. Et je refuse qu’on empiète dessus. Idem pour les prérogatives du chef de l’État et du président de la Chambre. Et je serai le premier à faire face à toute tentative de ce genre. »
De sources bien informées, on apprend que la rencontre Berry-Hariri s’est tout naturellement articulée autour des obstacles empêchant le gouvernement de voir le jour. Il s’agit, bien entendu, de la querelle opposant les FL au CPL au sujet de leurs quotes-parts respectives au sein du prochain cabinet. Il y a aussi le différend opposant le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, à son principal rival sur la scène druze Talal Arslane, chef du Parti démocrate libanais. Fort des résultats des législatives de mai dernier, M. Joumblatt insiste sur ce qu’il perçoit comme (son) « droit » à monopoliser les trois sièges druzes dans un cabinet de trente. En face, M. Arslane – appuyé par le courant aouniste – veut prendre part à la nouvelle équipe ministérielle. À cela s’ajoute la demande formulée par les députés sunnites proches du 8 Mars de faire partie du gouvernement.
Selon les sources précitées, M. Hariri a surtout insisté sur la nécessité de former un cabinet dans les plus brefs délais. En outre, se prévalant du fait que les États-Unis s’apprêtent à infliger de nouvelles sanctions au Hezbollah, le Premier ministre a fait valoir qu’en conséquence, il ne pourrait pas prendre en compte les desiderata de ce parti, notamment pour ce qui est d’une représentation des sunnites proches du parti de Dieu.Dans les mêmes milieux, on fait savoir que MM. Berry et Hariri se sont entendus pour arrondir les angles au sujet du différend Joumblatt-Arslane, même si le Premier ministre estime que c’est le leader de Moukhtara qui devrait obtenir gain de cause. C’est dans ce cadre qu’il convient de placer l’entretien qui a eu lieu hier en soirée entre Ghattas Khoury et Waël Bou Faour, député joumblattiste de Rachaya.
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La trêve CPL-FL
Parallèlement aux efforts de MM. Berry et Hariri, c’est le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, qui s’est invité dans la querelle CPL-FL, pour tenter de la résoudre. À deux jours de sa rencontre – prévue demain à Dimane – avec le ministre sortant de l’Information, Melhem Riachi (FL), et Ibrahim Kanaan, député CPL du Metn, le chef de l’Église maronite s’est rendu au palais de Baabda pour un entretien avec le président de la République, Michel Aoun.
Une source bien informée indique dans ce cadre à L’OLJ que cette rencontre aurait visé à consolider la trêve médiatique observée par les deux formations chrétiennes majoritaires depuis quelques jours, après la publication, par les FL, du volet politique de l’accord de Meerab. Ce texte stipule, entre autres, le partage égalitaire des portefeuilles ministériels accordés aux chrétiens au sein de tous les cabinets du mandat Aoun.
À l’heure où l’on s’attendait à une rencontre entre Gebran Bassil et le leader des FL Samir Geagea, un cadre FL explique à L’OLJ qu’un tel entretien n’aura pas lieu prochainement, mais sera préparé par Melhem Riachi et Ibrahim Kanaan. Ces derniers « établiront une feuille de route pour la prochaine phase », souligne ce cadre, avant d’expliquer : « Ce document devrait organiser le désaccord entre les deux formations et unifier leurs perceptions de leurs représentations gouvernementales respectives. »
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En attendant la rencontre du jeudi, Gebran Bassil semble camper sur sa position axée sur l’importance de se conformer aux poids parlementaires issus des législatives. « Il faut respecter les règles de la représentation démocratique », a-t-il lancé à l’issue d’une rencontre du bloc dit « Le Liban fort » avec le Conseil économique et social, soulignant que « la pierre angulaire de la stabilité économique et sécuritaire est la stabilité politique qui débute par la bonne représentation ». Il aurait ainsi adressé un message politique aux FL, qu’il accuse d’amplifier leur poids parlementaire pour augmenter leur quote-part ministérielle. Pour ce qui est du nœud sunnite, il semble de plus en plus loin d’être défait. Six députés sunnites du 8 Mars (Abdel Rahim Mrad, Fayçal Karamé, Jihad Samad, Adnane Traboulsi, Kassem Hachem et Walid Succarié), réunis hier au siège du Parlement, ont réitéré leur désir de prendre part à « un cabinet d’union nationale ». Ils sont toujours attachés à leur « droit » à être représentés par deux ministres, comme le souligne à L’OLJ un proche de Fayçal Karamé.
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commentaires (3)
PRESSE MAIS RESTE PRAGMATIQUE... CAD PLIE AUX EXIGENCES DE TOUT CHACUN... LE GOUVERNEMENT ? GENDRISSIMEMENT DANS LA CHAMBRE D,ATTENTE AUX SOINS NON URGENTS !!!
LA LIBRE EXPRESSION
15 h 10, le 11 juillet 2018